Le réchauffement climatique modifie l’habitat du caribou forestier des T.N.-O.
L’étude a déterminé que les changements climatiques aux T.N.-O. vont pousser le caribou forestier à se déplacer vers le nord du territoire, car son habitat naturel au sud sera en transformation et plus menacé par les feux de forêt.
Le réchauffement du climat provoquera des changements radicaux dans l’habitat du caribou forestier des Territoires du Nord-Ouest au cours du 21e siècle, selon des chercheurs.
D’après leur étude, publiée dans la revue Ecological Applications (an anglais), les changements climatiques vont forcer la migration du caribou forestier.
« On s’est rendu compte qu’il y aurait des changements assez radicaux dans la qualité d’habitat aux Territoires du Nord-Ouest », explique le scientifique pour Environnement et Changement climatique Canada Mathieu Leblond.
De 2020 à 2022, une équipe multidisciplinaire d’une quinzaine de chercheurs provenant entre autres d’Environnement et Changement climatique Canada, du Service canadien de la faune et du Service canadien des forêts a cherché à comprendre les effets des changements climatiques sur l’habitat du caribou forestier.
D’après Mathieu Leblond, l’équipe a étudié la qualité de l’habitat et la dynamique des populations, soit le taux de survie et la reproduction, « ce qui nous donne de l’information sur combien de caribous on s’attend à retrouver dans les 100 prochaines années ».
Il y a environ 7000 caribous forestiers aux Territoires du Nord-Ouest. Comme son nom l’indique, l’animal vit dans la forêt boréale, en petits groupes, sur un vaste territoire de 440 000 kilomètres carrés qui s’étend du sud-ouest au nord-ouest du territoire.
Feux de forêt et nouvelle végétation
Dans le sud des T.N.-O., près des frontières avec l’Alberta et la Colombie-Britannique, les changements climatiques vont provoquer une perte d’habitat, estime Mathieu Leblond. Et plus au nord-ouest, dans la région d’Inuvik, « on constate des gains, davantage d’habitats de bonne qualité pour le caribou », dit-il.
Les causes principales de cette modification de l’habitat sont, en premier, l’augmentation de la fréquence des feux de forêt et leur intensité, qui vont gruger une partie de la forêt boréale, là où vit le caribou forestier.
Puis, on s’attend à des changements dans la composition de la végétation.
« Qui dit des températures plus chaudes dit aussi toute une gamme de végétaux différents », ajoute Mathieu Leblond.
En d’autres mots, la végétation du nord de la Colombie-Britannique et de l’Alberta, une forêt tempérée moins propice pour le caribou, va monter jusque dans le sud des Territoires du Nord-Ouest.
Les T.N.-O., milieu idéal pour étudier le caribou
Ce qui a motivé les chercheurs à étudier le caribou forestier dans le territoire est le fait que son habitat naturel est très peu perturbé par l’homme, contrairement aux autres régions du pays où l’on retrouve cette espèce de caribou. Et il y a moins de données sur cette espèce aux T.N.-O.
Mais évidemment, selon Mathieu Leblond, s’il y a plus d’ouverture de chemins, plus de coupe forestière, plus d’exploitation minière ou pétrolière à l’avenir, ce sont des impacts qui seront négatifs pour le caribou.
Et le déplacement des groupes de caribou forestier dans d’autres régions des T.N.-O. aura aussi des conséquences pour les populations locales qui en dépendent pour la chasse, selon le chercheur. « Si le caribou, dans quelques années, quitte complètement un secteur, les communautés qui en dépendent vont évidemment en pâtir parce qu’elles n’auront plus accès à la ressource », conclut-il.
Bonne nouvelle toutefois, les chercheurs n’envisagent pas davantage de déclins de l’espèce, malgré la modification de son habitat.