Les Inuit du Nunavik réclament des excuses à Ottawa pour l’abattage des chiens de traîneau

Les chiens de traîneau sont utilisés par les communautés inuit depuis des siècles pour se déplacer sur leur territoire. (Photo d’archives/Radio-Canada/Olivier Plante)

Plus de 10 ans après s’être entendu avec le gouvernement du Québec, la corporation Makivvik souhaite obtenir des excuses officielles et une compensation du gouvernement fédéral pour l’abattage massif des chiens de traîneau au Nunavik au tournant des années 1950.

Makivvik a par ailleurs lancé un appel de propositions en vue de nommer le projet d’entente qu’ils souhaitent entériner sous peu avec Ottawa.

Des discussions avec le ministre des Relations Couronne-Autochtones, Marc Miller, seraient prévues dans les prochaines semaines.

« Je suis content de voir qu’il y a une reconnaissance des torts causés. Les discussions sont positives avec le ministre Marc Miller […] Maintenant, j’aimerais avoir des excuses pour ceux dont les chiens se sont fait abattre par le gouvernement fédéral », dit le président de la corporation Makivvik, Pita Aatami.

Pita Aatami est le président de Makivvik, une institution politique vouée à la défense des intérêts des Inuit. (Photo : Makivvik)

Le gouvernement fédéral s’est déjà excusé en 2019 auprès des communautés inuit du Nunavut, où l’abattage de chiens s’est aussi produit.

Ottawa a aussi offert une compensation de 20 millions de dollars pour financer des programmes culturels.

Pita Aatami souhaiterait arriver à une entente similaire avec Ottawa. Selon lui, son peuple porte encore les marques de cet événement qui a empêché les Inuit de perpétuer leur mode de vie traditionnel.

Sans équipages de chiens, il était difficile pour de nombreuses familles de chasser et de subvenir à leurs besoins. (Photo d’archives/Radio-Canada/Félix Lebel)

« Ça fait partie des événements qui ont marqué la vie de générations d’Inuit, comme les pensionnats et les déportations. Ils ont perdu leur mobilité, leur mode de vie, la possibilité d’aller chasser sur leurs terres, d’aller chercher du bois », souligne Pita Aatami.

Un souvenir indélébile

L’abattage des chiens de traîneau est encore frais dans la mémoire de nombreux aînés de la région, comme Johnny Gordon de Kuujjuaq.

Les chiens de traîneau étaient, pour lui et sa famille, un moyen de transport idéal pour aller à la chasse et parcourir le territoire ancestral.

« Ils étaient très utiles, obéissants et fiables. On pouvait les nourrir de ce qu’on avait sous la main, comme du poisson et de la viande de caribou […] C’était une tragédie de perdre nos animaux », indique Johnny Gordon.

Johnny Gordon, accompagné de son épouse, garde un souvenir tangible de cet événement, dont il a été personnellement témoin. (Radio-Canada/Félix Lebel)

Ce dernier fait partie des Nunavimmiut qui ont été indemnisés par le gouvernement du Québec en 2011.

Le premier ministre de l’époque, Jean Charest, s’était présenté en personne au Nunavik pour signer une entente de 3 millions de dollars et offrir des excuses officielles aux Inuit pour cet événement tragique.

Pour Johnny Gordon et de nombreux aînés de la région, le gouvernement fédéral devrait emboîter le pas à Québec et présenter des excuses face à la gravité des torts causés par l’abattage des chiens de traîneau dans la région.

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Félix Lebel, Radio-Canada

Journaliste à Sept-Îles

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