Un jeune magicien du Grand Nord canadien à la conquête des spectateurs du pays
Il a 19 ans et a déjà l’aisance d’un professionnel lorsqu’il se déplace sur scène pour y pratiquer ce qu’il préfère : la magie. Benjamin Déziel, ou Magic Ben de son nom d’artiste, a séduit la foule et les juges lors de son passage à l’émission de variétés Canada’s Got Talent, mais il a surtout suscité beaucoup de fierté dans la communauté franco-yukonnaise.
« Je l’avais dit depuis toujours, la première journée que je l’ai vu j’ai dit qu’il a du potentiel dans le sens qu’il a beaucoup à offrir comme humain », déclare Daniel Blais, son ancien directeur à l’École CSSC Mercier de Whitehorse où Benjamin a été l’un des trois premiers diplômés.
« Oh, mon dieu, un petit garçon du Yukon qui est sur la plus grande scène au Canada, c’est extraordinaire! Là avec les demi-finales qui s’en viennent, je suis tout excité, il y a toutes sortes d’émotions », lance le principal intéressé, le sourire jusqu’aux oreilles.
Benjamin Déziel a grandi à Kangiqsujuaq, une petite communauté isolée du Nunavik, avant de déménager au Yukon avec sa famille. À l’époque, il se levait aux aurores pour pratiquer ses tours de magie avant de se rendre à l’école.
« Il nous a expliqué dès le début qu’il travaillait la magie, donc on l’intégrait dans les cours parfois. Il allait dans certaines classes montrer un peu de magie », explique Daniel Blais, qui décrit son ancien élève comme quelqu’un de particulièrement curieux et motivé à apprendre.
Magic Ben avait même mis sur pied un club de magie à l’école pour apprendre à ses camarades de classe quelques tours. Le jeune homme pratique le mentalisme et l’illusion, mais sa magie préférée brille avec des jeux de cartes.
Son passage à l’émission Canada’s Got Talent est d’ailleurs suivi par la communauté et a été visionné à l’école sur l’heure du dîner.
La magie : une longue histoire d’amour
La première fois que Benjamin Déziel a vu un spectacle de magie, il avait 9 ans. Essayant de comprendre comment des anneaux à l’apparence intacts pouvaient s’emboîter sans difficulté, son père lui a suggéré de devenir magicien pour le découvrir.
« Le lendemain matin, j’apprenais mon premier tour de cartes. Et cette journée-là, j’ai été accroché par la magie et j’adore ça comme quand j’avais 9 ans », raconte-t-il.
Il n’a jamais arrêté depuis. Il pratique des tours dès que l’occasion se présente, lors de rassemblements ou de vacances en famille. À 14 ans, il est même allé aux États-Unis pour poursuivre son apprentissage de la magie, dans une école qui aurait rendu jaloux les plus grands admirateurs d’Harry Potter.
« Ça a toujours été une fierté. Je me souviens quand on vivait au Nunavik, on avait des rassemblements avec des amis et Benjamin était toujours là avec son jeu de cartes », confie sa mère, Julie Gagnon.
Aujourd’hui, il est entouré d’une équipe pour le soutenir qui arbore le chandail à l’effigie de Magic Ben. Pour son prochain numéro, lors des demi-finales, pas moins de 14 magiciens lui ont prêté main-forte pour éblouir une foule de 5000 personnes.
« Je me demande si on réalise vraiment sur le moment ce qui est en train de se produire, même pour lui ça va vite. Ça fait des années que Benjamin est convaincu d’une chose et l’on voit bien que tranquillement ça commence à se réaliser qu’un jour il va être un grand magicien », souligne sa mère, les mêmes étoiles que son fils dans les yeux.
Un reportage de Sarah Xenos
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