Non à un parc de stockage de carburant, clament des résidents du Grand Nord canadien
Un groupe communautaire formé à Arviat, au Nunavut, s’oppose à l’emplacement choisi pour construire le nouveau parc de stockage de réservoirs de carburant, jugé trop proche de la côte et des résidences.
Le groupe, créé par Nooks Lindell et quelques voisins, a aussi lancé une pétition contre le lieu choisi.
Selon Nooks Lindell, le groupe n’est pas contre la construction d’un nouveau parc, car le parc actuel, installé dans les années 1980 et 1990, ne peut pas contenir assez d’essence pour répondre aux besoins de la communauté en expansion.
Nooks Lindell vit à proximité de l'emplacement sélectionné. Il dit que, de sa fenêtre, il a vu des arpenteurs en 2021 étudier le terrain pour évaluer la faisabilité d’y installer le nouveau parc de stockage : « J’étais choqué. J'étais très fâché. »
Selon le ministère des Services communautaires et gouvernementaux, deux emplacements ont été proposés au conseil de hameau : le premier, près de la côte, et le deuxième, plus loin de la côte.
Le conseil du hameau a choisi le premier emplacement.
Le groupe a écrit au ministre des Services communautaires et gouvernementaux, David Joanasie, et a exprimé ses préoccupations auprès du conseil de hameau, mais sans succès.
« C’est difficile d’obtenir une réponse claire », dit Nooks Lindell.
Le ministre David Joanasie a confirmé avoir reçu une lettre, mais ne veut pas accorder d'entrevue tant que le conseil de hameau n'aura pas étudié la question.
Le groupe communautaire s’inquiète du risque de contamination et des conséquences qu’un parc de stockage pourrait avoir sur la faune dans le secteur. « C’est un espace très important pour les Arviammiut. Ils chassent la baleine et tendent des filets de pêche à cet endroit l’été », déclare M. Lindell.
Un nouveau parc attendu depuis longtemps
Le maire d’Arviat, Joe Savikataaq, souligne que la communauté a vraiment besoin d’un nouveau parc de stockage. « Notre nouveau parc de stockage est attendu depuis longtemps », dit-il.
Il mentionne aussi que le conseil de hameau donnera la possibilité à toute la communauté de s’exprimer sur les prochaines étapes. « Tout sera pris en considération », ajoute le maire.
Le lieu choisi déplaît aussi à l’ancienne députée territoriale Nancy Karetak-Lindell, mère de Nooks Lindell. « Je suis très contrariée contre le hameau qui n’a pas procédé à des consultations en bonne et due forme afin de nous informer sur ce dossier », dit-elle.
Elle vit à Ottawa, mais revient régulièrement à Arviat. « Le processus utilisé par [le hameau] dans notre communauté ne passerait pas à [Ottawa]. » Elle veut que le conseil reconsidère le choix du lieu.
Travis Kalluak est un autre résident contrarié.
Sa maison est en face du lieu proposé pour le nouveau parc de stockage. « Ce qui m'inquiète, c'est pourquoi le hameau envisage-t-il d'installer ce parc de stockage tout près de résidences? Ces [propriétaires] ont travaillé fort pour construire leur maison, pour subvenir à leurs familles. Partout ailleurs, cela ne serait pas permis », affime-t-il.
Pas une décision arbitraire
Le directeur de l’infrastructure au ministère des Services communautaires et gouvernementaux, Daniel Pisani, affirme travailler avec le hameau et la Division des produits pétroliers pour consulter tout le monde.
« Ce n’est pas une décision arbitraire. On écoute, on comprend. Il y a des exigences fonctionnelles et environnementales qui pèsent lourd dans la balance quand vient le temps de prendre une décision », indique Daniel Pisani.
Il précise que le projet devrait coûter 63 millions de dollars. La construction doit débuter en 2024 et se terminer en 2026 ou en 2027. Le maire d’Arviat doit accorder l’approbation finale, une fois que les plans seront approuvés par le conseil de hameau. Un appel d’offres sera ensuite lancé pour la construction.
« C’est un besoin essentiel pour la communauté. C’est une question de survie. Le parc de stockage est la ressource vitale de la communauté », conclut Daniel Pisani.
Le conseil de hameau se réunira mardi soir pour discuter à nouveau du dossier.
Avec les informations d'Emma Tranter
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