La diplomatie est-elle de retour en Arctique?

Capture d’écran lors de la conférence de presse avec Morten Hoglund qui assure la présidence de la Norvège au Conseil de l’Arctique jusqu’en 2025. (Photo : L’Aquilon)

Le 11 mai 2023, la Norvège a officiellement pris les rênes de la présidence du Conseil de l’Arctique jusqu’en 2025. À la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février 2022, l’organisation avait décidé de mettre en pause les discussions et les travaux collaboratifs en cours. La transition entre la Russie, qui assurait la présidence depuis 2021, et la Norvège s’est faite lors d’une réunion virtuelle à Salekhard, dans l’Oural.

Les huit états arctiques étaient réunis pour la première fois depuis février 2022. Morten Høglund, à la tête de la présidence norvégienne et haut fonctionnaire pour l’Arctique, s’est dit optimiste pour les prochaines semaines. Même s’il reconnaît que la situation du Conseil de l’Arctique est délicate, il a relevé des éléments positifs de cette 13e réunion, y compris la publication d’une déclaration commune des huit États membres.

« Ce n’est un secret pour personne : c’est sensible, c’est difficile, mais c’est possible. Nous sommes vraiment optimistes afin de trouver un moyen de poursuivre le travail important au Conseil, » a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse le 11 mai 2023, à Tromsø, en Norvège.

Pour l’heure, les enjeux politiques sont complètement exclus des discussions et la mission historique et unique du Conseil ainsi que le rôle et l’implication des organisations autochtones en tant que participants permanents ont été réaffirmés.

Dans une volonté commune de conserver l’Arctique comme un espace de paix et de coopération, le Conseil a déclaré : « Reconnaître les droits des peuples autochtones de l’Arctique et le rôle unique des participants permanents au Conseil de l’Arctique, leur relation particulière avec l’Arctique et l’importance de la coopération transfrontalière et interpersonnelle dans la région. »

Le rôle des organisations autochtones

Les six organismes participants permanents au Conseil sont l’Association internationale Aleut, le Conseil arctique Athabaskan, le Conseil international Gwich’in, le Conseil circumpolaire inuit, le Conseil Saami et l’Association russe des peuples autochtones du Nord. Devlin Fernandes, directrice générale du Conseil international Gwich’in, estime que le Conseil de l’Arctique, véritable lieu de coopération et de discussion, permet une construction de la gouvernance en Arctique où la voix des organismes autochtones est au premier plan.

« Le Conseil de l’Arctique est le principal forum intergouvernemental pour les affaires de l’Arctique, et l’inclusion des peuples autochtones est au cœur de celle-ci », pense-t-elle.

Pour Gunn-Britt Retter, qui est à la tête de l’unité Arctique et environnement au Conseil Saami, le Conseil est tout à fait unique, car il permet aux peuples autochtones de l’Arctique de participer aux discussions et aux prises de décision aux côtés des États membres.

« Nous accordons une grande importance au Conseil de l’Arctique parce qu’il s’agit d’un forum important pour nous. Les peuples autochtones occupent une position si forte dans le conseil. Nous pouvons contribuer à des questions importantes pour nous en matière de protection de l’environnement, de changement climatique et de développement durable », déclare-t-elle.

Jusqu’en février 2022, le Conseil de l’Arctique était régulièrement décrit comme un lieu unique où la coopération servait d’exemple incomparable. Le passage du flambeau entre la Russie et la Norvège est une bonne nouvelle et le signe d’un retour des États et des participants permanents à la même table de discussion. Il est cependant trop tôt pour parler d’un retour de la diplomatie. Mme Retter ne s’attend pas à ce que le travail reprenne comme dans le passé, et il faudra probablement du temps avant que les membres du Conseil s’entendent sur une façon de travailler.

« Nous devons tous encore trouver comment gérer la situation géopolitique d’une part et les crises climatiques circumpolaires d’autre part. »

M. Høglund estime que l’inclusion est et sera une valeur fondamentale pendant la présidence norvégienne, en accord avec les sept autres États arctiques. « Personne ne devrait exclure un État. Le Conseil veut inclure tout le monde et les travaux futurs devraient et doivent inclure tout le monde. Nous devons trouver une façon de progresser où tout le monde est à l’aise avec cette manière de procéder », indique-t-il.

Les priorités jusqu’en 2025

Dans sa feuille de route pour les deux prochaines années, la Norvège a fait part de ses priorités. Les changements climatiques, l’océan, le développement économique durable et les peuples du Nord sont les dossiers les plus importants sur lesquels la Norvège se concentrera.

Alors que l’Arctique continue de subir de plein fouet les effets des changements climatiques et se réchauffe maintenant de trois à quatre fois plus vite que le reste du monde, il y a urgence d’agir. Élargir les connaissances et les données sur les émissions de méthane et comprendre comment les particules de noir de carbone accélèrent les effets du réchauffement climatique sont quelques-uns des objectifs de la Norvège qui souhaite mettre en place des actions fortes tout en « étant un État fervent défenseur de l’Arctique en mettant l’accent sur les changements climatiques ».

Par le renforcement de la coopération et un travail de sensibilisation, la Norvège estime qu’il est essentiel que le Conseil ait des priorités de travail pour le bien être des générations futures dans la région.

« C’est une phase difficile et éprouvante pour la coopération internationale. La coopération au sein du Conseil de l’Arctique est également touchée, il est crucial de continuer de nous concentrer sur les tendances de développement à long terme dans l’Arctique », peut-on lire en introduction du document de travail de 20 pages.

Comme le rappelle Mme Fernandes, la nation Gwich’in a toujours été et continuera d’être impliquée dans l’édification de la gouvernance de l’Arctique.

« C’est notre Nord, notre terre et notre peuple, et nous sommes déterminés à assurer la paix, la sécurité et la sûreté dans nos terres et dans tout l’Arctique », conclut-elle.

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Nelly Guidici, L'Aquilon

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