Divisions autour du plan d’aménagement du Nunavut

La Commission d’aménagement du Nunavut a rendu public mardi son vaste plan d’aménagement, qui sert à orienter l’utilisation et l’exploitation des ressources sur le territoire. (Radio-Canada/Matisse Harvey)

Au Nunavut, la proposition d’accorder aux organisations inuit le droit d’autoriser des projets dans les zones les plus protégées divise ceux qui préconisent le développement économique et ceux qui militent pour une meilleure protection de l’environnement.

La proposition fait partie du plan d’aménagement rendu public par la Commission d’aménagement du Nunavut (CAN). Le plan, qui couvre environ un cinquième de la masse terrestre du Canada, doit servir à orienter l’exploitation des ressources sur le territoire.

Le dernier mot aux organisations inuit

Dans les zones à usage limité, dans lesquelles les restrictions d’utilisation des terres sont les plus serrées, le plan de la CAN accorde aux organisations inuit le droit de tout de même autoriser un projet, à condition qu’il se trouve sur des terres inuit.

C’est cet aspect précis qui inquiète le spécialiste pour la région de l’Arctique au Fonds mondial pour la nature Canada, Paul Okalik.

« Pour avoir été l’un des négociateurs de l’Accord sur les revendications territoriales du [Nunavut], j’ai été amené à sélectionner les terres inuit », explique celui qui a aussi été le premier politicien à occuper les fonctions de premier ministre du Nunavut.

Paul Okalik s’oppose au fait que les organisations inuit ont, dans le plan proposé, le dernier mot sur la gestion des terres inuit, même si elles se trouvent dans des zones à usage limité. (CBC/Dustin Patar)

« Les communautés ont choisi des terres qui leur étaient chères, particulièrement des secteurs où se trouvent des caribous. Mais le plan présenté donne le droit aux organisations inuit de négocier [ces paramètres]. Ça va à l’encontre de l’objectif que nous nous sommes fixé en sélectionnant ces terres qui étaient importantes à nos yeux. »

Il craint que des compagnies minières exercent une pression sur des organisations inuit en justifiant l’accroissement de leur production par la construction de nouvelles routes, ce qui, dit-il, aura ultimement un impact négatif sur les migrations de caribous, qui connaissent déjà un déclin dans certaines régions du Nunavut. « Nous devons essayer de les protéger », ajoute-t-il.

Intérêts économiques possibles

Le sénateur du Nunavut Dennis Patterson a une opinion bien différente sur le plan d’aménagement. Il s’était opposé à des ébauches antérieures, arguant qu’elles limitaient les possibilités de développement économique.

« J’espère qu’un meilleur équilibre a été atteint avec cette version », déclare-t-il. Il croit que cet équilibre entre développement économique et protection de l’environnement est nécessaire pour répondre aux besoins en matière d’emploi pour la population grandissante du Nunavut.

Le sénateur croit aussi que le plan ouvre la porte à des possibilités futures d’exploration des ressources minérales. « Je trouve encourageant qu’il reflète une compréhension claire de l’importance qu’occupent les ressources minérales au sein de l’économie du Nunavut », affirme-t-il.

Dennis Patterson est le sénateur du Nunavut depuis 2009. (CBC/Vincent Robinet)

Pour que le plan devienne juridiquement contraignant, il doit encore être examiné et approuvé par Ottawa, le gouvernement du Nunavut et l’organisme territorial qui représente les Inuit, Nunavut Tunngavik (NTI).

« Il incombe aux différentes parties de décider si l’équilibre a été atteint », conclut le sénateur Dennis Patterson.

Avec des informations d’Emma Tranter

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Matisse Harvey, Radio-Canada

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