Étudier les différents « nord », du nord de l’Ontario à Yellowknife
L’appartenance au nord et la notion de nordicité sont définies selon l’endroit où l’on vit. C’est ce qu’ont découvert 11 étudiants de l’Université de Hearst, de passage à Yellowknife dans le cadre d’un cours sur la nordicité, un tout nouveau cours développé en partenariat avec le Collège nordique francophone.
Annabelle Roy-Guilmette, originaire du nord de l’Ontario, admet qu’elle avait des idées préconçues avant de mettre les pieds à Yellowknife. « J’ai été surprise de voir comment c’était assez développé […] Je me sens bien ici, je ne me sens pas nécessairement isolée. »
La jeune étudiante au programme de baccalauréat en psychologie fait partie du groupe qui était de passage dans la capitale ténoise du 23 au 29 juin, une expérience sur le terrain qui a conclu le cours intensif de trois semaines sur la nordicité.
À la suite de deux semaines de théorie en ligne, les étudiants ont abordé différentes disciplines nordiques relatives aux Territoires du Nord-Ouest, comme la politique, la géographie et l’environnement. « On ne voulait pas juste privilégier un regard porté sur […] le nord, mais plutôt traverser divers registres disciplinaires, divers domaines de savoir », raconte Stéphane Girard, professeur titulaire du cours.
Une visite de l’Assemblée législative, du Centre du patrimoine septentrional Prince-de-Galles, une excursion en canot et la participation à un exercice des couvertures ont fait partie des activités offertes.
Le 29 juin, au terme de leur semaine, les étudiants ont présenté le fruit de leur recherche devant un jury composé de membres de la communauté francophone de Yellowknife. Trois équipes ont exploré, sous un regard nordique, les notions de la gestion des déchets et le recyclage, la prévention du suicide et l’autosuffisance alimentaire.
L’équipe qui a réussi à convaincre le jury est celle d’Annabelle Roy-Guilmette et de Myriam Gauthier-Girard, dont la présentation portait sur la prévention du suicide au Nunavik, une recherche qui leur a ouvert les yeux sur une réalité méconnue. « On ignorait l’existence de cette région du Québec, ce que je trouve extrêmement triste », dit Annabelle Roy-Guilmette.
Un premier partenariat avec l’Université de Hearst
C’est le Collège nordique francophone qui a instauré ce projet, dans le cadre d’une entente avec l’Université de Hearst. Le collège de Yellowknife est en processus de transition pour devenir un établissement postsecondaire accrédité et veut développer ses capacités à créer des cours, à élever le niveau de tout ce qu’il fait pour atteindre de nouvelles exigences, selon son directeur Patrick Arsenault.
Selon cette entente, un total de trois cours seront développés dans la prochaine année avec l’Université de Hearst, « une université qui fonctionne déjà bien, qui a déjà des manières de faire qui sont innovantes, dit Patrick Arsenault. « L’Université de Hearst se dit l’université du Nord, donc on trouvait que c’était un beau clin d’œil, même si pour nous, c’est dans le sud. On a quand même des intérêts similaires. »
Ce sentiment d’appartenance au nord, qu’on soit dans le nord d’une province ou dans le Grand Nord canadien, est une notion au cœur du cours sur la nordicité.
La notion même de nordicité, elle est extrêmement variable, malléable. Et elle est toujours relative. Il y a toujours un nord plus au nord qu’un autre nord.
Stéphane Girard, professeur, Études des enjeux humains et sociaux à l’Université de Hearst
Pour le plaisir d’apprendre et de voyager
« L’Université de Hearst a revu son modèle pédagogique il y a une dizaine d’années pour offrir un enseignement transdisciplinaire et expérientiel. Sur le plan pédagogique, on est un peu à l’avant-garde dans la mesure où on se donne beaucoup de latitude. On se permet de tester de nouvelles méthodes pédagogiques », explique le professeur Girard.
L’apprentissage sur le terrain est le point qui a séduit beaucoup d’étudiants inscrits au cours sur la nordicité, comme Myriam Gauthier-Girard. « J’ai choisi ce cours-là parce que j’adore voyager […] et j’étais déjà intéressée par les enjeux du Nord. »
Patrick Arsenault se dit ouvert à offrir cette approche au Collège nordique francophone, lorsqu’il aura obtenu son accréditation. « On aimerait vraiment ça être, nous aussi, à l’avant-garde et offrir des modèles de cours qui s’adaptent aux besoins de notre marché », dit-il, ajoutant que de venir sur le terrain comme ça, ça apporte vraiment une autre perspective.