La conférence Ungammuatuq sur la consommation de substances est lancée à Kuujjuaq

La conférence s’est ouverte lundi avec un panel de discussion sur les dépendances. (Photo : Samuel Lagacé)

Des acteurs du milieu communautaire se rassemblent cette semaine à Kuujjuaq pour la première grande conférence Ungammuatuq, qui vise à briser la stigmatisation entourant la consommation de substances au Nunavik.

Une quarantaine de participants sont venus des quatre coins du Nunavik et ont été accueillis lundi au centre de guérison Isuarsivik, qui est partie prenante dans l’organisation de cet événement, en collaboration avec la Régie régionale de santé et de services sociaux du Nunavik (RRSSSN).

Les organisateurs souhaitent établir un espace de dialogue ouvert sur la consommation, guidé par le principe de réduction des méfaits. « On est vraiment dans la philosophie d’ouvrir la conversation, de briser la stigmatisation et de donner accès à la population générale à des contenus éducatifs et informatifs sur ce sujet-là, qui est sensible et important. Malheureusement, on n’a pas souvent ces espaces-là pour le faire », explique Élisabeth Murray, agente de planification pour les services en dépendance à la RRSSSN.

La quarantaine de participants ont été accueillis lundi au centre Isuarsivik, où ils seront logés durant la semaine de conférence. (Radio-Canada/Félix Lebel)

Briser la stigmatisation

Le concept de réduction des méfaits n’est pas nouveau et s’implante progressivement dans les politiques de santé publique au pays. Il vise à informer les consommateurs de substances et à les accompagner vers des ressources appropriées.

Il s’agit également de leur fournir des conditions de consommation plus sécuritaires pour éviter les morts par surdose. C’est notamment pour discuter de ce concept que différents organismes spécialisés ont été invités.

Des intervenants des organismes de prévention des surdoses sont présents pour répondre aux questions des participants. (Radio-Canada/Félix Lebel)

L’organisme pancanadien Moms Stop the Harm, qui milite pour freiner la stigmatisation des personnes en situation de dépendance, est présent.

« Je dis toujours que ma fille est décédée d’une surdose d’une drogue contaminée, mais elle est surtout morte de stigmatisation parce qu’elle s’est isolée pour consommer. Si elle ne s’était pas sentie jugée et stigmatisée, elle n’aurait pas consommé seule », dit la représentante régionale de l’organisme, Isabelle Fortier.

La conférencière raconte ainsi son expérience personnelle pour briser les tabous et montrer que personne n’est à l’abri d’une telle situation.

Isabelle Fortier souhaite partager son expérience pour changer le visage de la consommation. (Radio-Canada/Félix Lebel)

Ungammuatuq est aussi une occasion pour les organismes, tels que PROFAN 2.0 et le GRIP, d’enfin discuter avec les résidents des communautés du Nord, ce qui n’est pas facile en raison de la distance. « D’habitude, dans les conférences en général, c’est surtout pour les universitaires ou pour les organisations. Ici, je pense que c’est vraiment innovant parce que ça vise les résidents des communautés qui peuvent être affectées par les surdoses », indique Kathryn Balind, agente de recherche et développement pour l’organisme GRIP.

Installés dans la cafétéria du centre Isuarsivik, les différents organismes en profitent pour distribuer des trousses de naloxone, qui peut renverser les effets d’une surdose d’opioïdes. Des ateliers informatifs sur la nature des substances en circulation sont aussi prévus.

Les organismes distribuent des trousses de naloxone, qui est un remède efficace contre les surdoses d’opioïdes. (Radio-Canada/Félix Lebel)

En phase avec Isuarsivik

Ce n’est pas un hasard si la conférence Ungammuatuq se déroule dans les murs du centre de guérison Isuarsivik. Selon son directeur général Etua Snowball, le principe de réduction des méfaits est au cœur des valeurs de cette institution à Kuujjuaq.

« Nous ne savons pas ce qui entre au Nord. Nous devons être conscients de ce qui touche notre population et de notre situation […] Les citoyens doivent connaître l’aide à leur disposition. La prévention est quelque chose qu’on doit mettre de l’avant. »

Etua Snowball estime que la prévention de la dépendance commence par un dialogue ouvert sur la question. (Photo : Samuel Lagacé)

Même son de cloche du côté de la vice-présidente du conseil d’administration d’Isuarsivik et militante de longue date pour le bien-être des Nunavimmiut, Mary Aitchison. « Si nous voulons guérir, nous devons mettre notre bien-être collectif en priorité. Nous ne pouvons pas le faire sans ouvrir le dialogue sur la dépendance, sur l’utilisation des substances, sur les causes et sur la stigmatisation, etc. Cette semaine est donc très importante pour tout le monde. »

Il s’agit de la première conférence du genre dans la région, mais certainement pas de la dernière. Les organisateurs souhaitent offrir de plus petits événements dans les autres communautés du Nunavik et ainsi poursuivre le travail dans la réduction des méfaits liés à la consommation de drogues et d’alcool.

La vice-présidente du conseil d’administration d’Isuarsivik, Mary Aitchison et le président, Dave Forest, ont été grandement impliqués dans la mise sur pied du nouveau centre Isuarsivik. (Photo : Samuel Lagacé)
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Félix Lebel, Radio-Canada

Journaliste à Sept-Îles

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