À Fort Smith, aux T.N.-O., l’économie est au coeur de la campagne électorale

Comme partout au pays, l’inflation touche durement la région de Fort Smith. (Radio-Canada)

Fort Smith, dans la région du Slave Sud, a longtemps été le centre administratif des Territoires du Nord-Ouest et est surnommée la capitale de l’éducation du Nord. En raison d’une économie locale chancelante soutenue essentiellement par le collège Aurora et par la fonction publique territoriale, l’enjeu de la relance économique prend beaucoup de place dans la campagne électorale.

Depuis le retour des habitants après une évacuation de près de cinq semaines causée par les feux de forêt de cet été, la vie a repris son cours.

Au centre-ville de la municipalité d’environ 2300 personnes, les gens entrent et sortent du commerce NSixty Trading Company, l’un des lieux où on peut trouver à la fois du café, de la sauce piquante et un ordinateur. Ce commerce est une sorte de magasin général du 21e siècle, selon l’un de ses propriétaires, Chris Westwell.

Établi à Fort Smith depuis 20 ans, Chris y élève ses enfants avec sa femme et partenaire d’affaires. Au plus fort de la pandémie, ils ont eu l’occasion de démarrer leur entreprise dans cette communauté qu’ils aiment tant.

« Fort Smith est rempli de gens passionnés et provenant de tous horizons. C’est l’une des raisons pour lesquelles j’aime tant cette communauté. Il y a des gens très solidaires, très passionnés et très politisés », dit Chris.

En cette période électorale, l’ancien conseiller municipal ne se fait pas prier pour parler de politique et d’économie, l’un des enjeux de la circonscription de Thebacha.

« Le chaudron d’eau bouillante qui est en train de tuer à petit feu notre économie est la crise du logement, qui s’aggrave depuis au moins 10 ans », ajoute-t-il.

Chris Westwell est co-propriétaire du magasin NSixty Trading Company Ltd à Fort Smith. (Radio-Canada/Julie Plourde)

En tant qu’employeur, Chris s’efforce de payer ses employés convenablement pour qu’ils puissent vivre décemment. Ses 20 employés touchent environ 20 $ l’heure, bien au-delà du salaire minimum des T.N.-O., qui est établi à 16,05 $ l’heure. Selon lui, il faudrait cependant les payer près de 35 $ l’heure pour qu’ils puissent jouir d’une meilleure qualité de vie.

« On peut offrir le meilleur environnement de travail du monde, mais si nos employés ne peuvent vivre et payer leur loyer ou être propriétaires de leur maison […], ils n’ont pas les moyens de travailler pour nous et c’est un problème », dit-il.

Ces employés finissent par laisser leur emploi pour un poste au gouvernement ou quittent simplement la communauté, selon lui. « J’aimerais qu’on arrête de dire qu’on va faire quelque chose, et qu’on aborde ça plutôt comme une urgence. »

Une ville de fonctionnaires

Dans les rues de Fort Smith, quelques pancartes électorales rappellent aux résidents qu’un scrutin se pointe à l’horizon. Sur l’une d’elles, Jay Macdonald se présente comme le champion de l’intégrité. Le maire adjoint de Fort Smith est aussi d’avis que l’économie locale est sur le respirateur artificiel.

« L’économie locale est vraiment au point mort depuis un certain nombre d’années. Les principaux employeurs de la région sont le gouvernement territorial et le collège Aurora […] Il faut créer les conditions dans notre communauté qui vont permettre à l’économie de reprendre vie », dit le candidat, qui veut créer une économie à l’extérieur du gouvernement. 

Dans la dernière année, le secteur public a pris le dessus sur le secteur privé et ce n’est pas un bon équilibre. Quand on a plus de fonctionnaires que d’employés du secteur privé, c’est un signe que notre économie n’est pas florissante », dit M. Macdonald.

Pour y arriver, l’homme aux origines métisses propose de renforcer la collaboration entre tous les ordres de gouvernement, soit la municipalité, le territoire et les trois gouvernements autochtones de la région : les Premières Nations de Salt River et de Smith’s Landing et le Conseil des Métis de Fort Smith.

Il est aussi d’avis que la crise du logement est l’un des principaux freins à l’économie locale. Sans logement, les professionnels, les étudiants et les jeunes familles ne s’établissent pas à Fort Smith. « Au collège Aurora, il y a des gens qui ont quitté la communauté et il y a des postes qui ne sont pas pourvus à cause du logement », indique-t-il.

Coût de la vie élevée

Comme partout au pays, l’inflation touche durement la région de Fort Smith. À la Chambre de commerce de Thebacha, la présidente Denise Yuhas entend le même refrain de la part des entrepreneurs : le coût de la vie et des services d’utilité publique, comme l’électricité, sont trop élevés.

Denise Yuhas n’est pas certaine que le projet d’expansion du barrage hydroélectrique Taltson, situé à environ 56 kilomètres au nord-est de Fort Smith et qui fournit en électricité la municipalité, va faire baisser les coûts.

Denise Yuhas est la présidente de la Chambre de commerce de Thebacha. Elle croit que le manque de logement et le coût de la vie sont un frein au développement économique de la région. «Nous avons vraiment besoin d’un bon leadership pour nous sortir de cette situation», dit-elle. (Radio-Canada/Julie Plourde)

Le gouvernement territorial propose d’accroître la production de la centrale, un projet qui, selon les estimations, coûtera plus de 1 milliard de dollars. De 18 mégawatts, la production de la centrale passerait à 60 mégawatts une fois le projet terminé.

« Quels seront les impacts pour Fort Smith? Est-ce que ça va faire réduire le coût de l’électricité de même un cent? Je le croirai quand je le verrai », dit Denise Yuhas, qui avait tenté sa chance aux élections territoriales de 2019, sans succès.

Celle qui a longtemps fait des affaires comprend les inquiétudes et les défis auxquels font face les petits entrepreneurs et espère que la personne élue dans la circonscription guidera Fort Smith vers des jours meilleurs.

« On a tous traversé tellement d’épreuves […] Quelle est la prochaine étape? J’espère que la prochaine étape sera un peu de changement », ajoute-t-elle.

Redonner vie au campus Thebacha

Une autre candidate dans la circonscription est Connie Benwell. La coordonnatrice du programme de langue et culture de la Première Nation Salt River a étudié en éducation au campus Thebacha du Collège Aurora, un programme qui n’existe plus depuis 2017, tout comme le programme en travail social.

Elle se lance dans la course, car elle trouve que rien n’a vraiment été fait au cours des quatre dernières années pour améliorer la qualité de vie des habitants de Fort Smith.

Connie Bonwell se présente pour la première fois aux élections territoriales. Coordonnatrice du programme de langue et culture de la Première Nation Salt River, elle estime que la circonscription a besoin de changement. « J’ai l’impression qu’il n’y a vraiment rien d’accompli et qu’il y a des choses dont les gens parlent et dont ils veulent qu’on s’occupe, mais il semble que rien ne soit fait », dit-elle. (Radio-Canada/Julie Plourde)

Elle estime que la santé, le logement, l’économie et l’éducation sont des priorités pour la région.

« Toutes les petites communautés sont perdantes, car tout est centralisé à Yellowknife. C’est ce qui s’est passé avec beaucoup de programmes au collège », dit-elle.

Le gouvernement territorial a approuvé, en juillet, le projet de transformer le collège en université polytechnique, mais rien n’indique, pour le moment, quelles seront les retombées pour le campus de Thebacha.

La députée sortante, Frieda Martselos, est de nouveau candidate et promet que Fort Smith gardera sa mainmise sur le secteur de l’éducation postsecondaire. « Fort Smith est le centre de l’éducation du Nord et le restera sous mon leadership », dit-elle.

Frieda Martselos est la candidate sortante de Thebacha. Élue pour la première fois en 2019, elle souhaite être réélue pour terminer certains dossiers. «Je veux m’assurer que les habitants de Fort Smith sont pris en considération du mieux que je peux, car j’aime cette communauté», dit-elle. (Radio-Canada/Julie Plourde)

Elle espère que les électeurs lui donneront un deuxième mandat, afin de lui permettre de poursuivre ce qu’elle a commencé. J’ai beaucoup d’expérience à offrir, dit celle qui voit avec positivisme l’avenir de sa région natale.

« L’économie de Fort Smith est en bien meilleure posture qu’elle l’a été depuis les deux dernières assemblées. »

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