Le Yukon présente des taux de mercure dans l’atmosphère plus élevés que dans les autres territoires

Les niveaux de mercure dans l’air mesurés dans le Yukon ont augmenté alors que ceux mesurés au Nunavut à Alert Bay ont diminué. (Environnement et Changement climatique Canada)

Dans l’Arctique canadien, les niveaux de mercure dans l’air ne sont pas uniformes. D’un territoire à l’autre, les tendances varient et une collecte continue de données par les scientifiques d’Environnement et Changement climatique Canada a permis d’établir que les niveaux relevés dans l’est de l’Arctique sont moins élevés que ceux de l’Ouest.

Les émissions de mercure provenant des zones les plus proches de l’Arctique, comme l’Amérique du Nord et l’Europe, ont décliné ces dernières années, alors que celles des régions plus éloignées, notamment l’Asie, ont augmenté. De ce fait, les niveaux de mercure dans l’air mesurés dans le Yukon ont augmenté, tandis que ceux mesurés au Nunavut à Alert Bay ont diminué. Dans la région Asie-Pacifique, les émissions de mercure dans l’atmosphère continuent d’augmenter et ce polluant se déplace jusqu’au Yukon par la circulation atmosphérique. Pour ce qui est de l’Amérique du Nord, du Canada et de l’Europe, ces émissions ont baissé à la suite à la mise en place d’une législation forte.

Une augmentation des concentrations de mercure dans le Yukon

Dans le territoire du Yukon, à plus de 80 km au nord de Whitehorse, la station de recherche au lac Little Fox surveille les contaminants en continu dans l’atmosphère depuis 2007. Alexandra Steffen est chercheuse principale sur le mercure à Environnement et Changement climatique Canada. Début octobre 2023, elle était sur le terrain lors d’une opération de maintenance du matériel. De 2008 à 2018, la concentration annuelle mesurée a augmenté de 1 % par an.

« Le changement climatique est l’une des raisons de cette situation. L’augmentation générale des températures, y compris la température de l’océan, modifie le fonctionnement de l’atmosphère. Et le nombre de masses d’air en provenance de la région du Pacifique a augmenté avec le changement climatique », indique Mme Steffen.

Une convention internationale

La Convention de Minamata, dont le but est de protéger la santé humaine et l’environnement des émissions et des rejets anthropiques de mercure et de composés du mercure, a été adoptée par 140 pays le 10 octobre 2013. Le texte final est entré en vigueur le 16 août 2017. La Chine, l’Indonésie, le Japon, le Laos, Singapour, la Thaïlande et le Vietnam l’ont signée, contrairement à la Russie qui est absente de ce traité international.

Parmi ses principales dispositions, la Convention de Minamata prévoit notamment l’interdiction des nouvelles mines de mercure et l’abandon progressif des mines existantes, la suppression et l’élimination progressive de l’utilisation du mercure dans un certain nombre de produits. La mise en place de mesures visant à contrôler les émissions de mercure dans l’atmosphère et ses rejets dans l’eau et le sol, ainsi que le contrôle du secteur informel de l’extraction minière artisanale et à petite échelle de l’or font aussi partie de ces objectifs. Cependant, certains pays d’Asie ont fait appel à de l’aide financière et technique pour suivre cette trajectoire.

Dans une déclaration de 2019, l’Organisation des Nations unies regrettait que la production de nombreux produits contenant du mercure se poursuive dans le monde.

Il est important de noter que les peuples autochtones de l’Arctique ont joué un rôle important dans la mise en place de la Convention de Minamata. Le préambule du traité fait spécifiquement référence aux « vulnérabilités des écosystèmes arctiques et des communautés autochtones ».

La cinquième réunion de la Conférence des parties à la Convention de Minamata sur le mercure (COP-5) se tiendra à Genève, en Suisse, du 30 octobre au 3 novembre 2023.

La sécurité alimentaire

En 2010, compte tenu de la contamination connue, le gouvernement du Yukon a publié une fiche d’information sur le mercure dans le poisson du Yukon. Cette fiche indique que la plupart des poissons du Yukon, dont l’ombre commun, le corégone et le brochet, présentent des concentrations de mercure relativement basses et il n’y a pas lieu d’en limiter la consommation. Cependant, les partenaires autochtones locaux, comme le Conseil Ta’an Kwäch’än à Whitehorse, sont régulièrement informés de l’évolution des données mesurées au Yukon.

Les personnes aînées ayant une santé fragile, les femmes enceintes et les jeunes enfants des communautés de l’Arctique sont soumis à certains des régimes alimentaires les plus exposés au mercure dans le monde. La consommation de viande de mammifères marins, qui se trouvent en haut de la chaîne alimentaire et qui peuvent présenter des taux de mercure plus élevés, pose un risque pour la santé. Cependant, les niveaux de mercure devraient diminuer lentement à long terme avec la mise en œuvre de la Convention de Minamata, selon le gouvernement fédéral.

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Nelly Guidici, L'Aquilon

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