Une association inuit nationale dénonce les prétentions d’un groupe du Labrador

Le président de l’organisation Inuit Tapiriit Kanatami, Natan Obed, est à l’origine de la lettre dénonçant les prétentions du Conseil communautaire NunatuKavut. (CBC/Kate Kyle)

Natan Obed, le président de l’Inuit Tapiriit Kanatami (ITK), organisation nationale représentant les Inuit du Canada, a dénoncé dans une lettre ouverte ce qu’il qualifie de « revendications illégitimes du Conseil communautaire NunatuKavut (CCN), s’auto-identifiant comme Inuit au Labrador ».

Dans sa lettre, M. Obed accuse le CCN d’être une organisation non autochtone qui change de forme et s’approprie l’identité, la culture et les expériences des Autochtones afin d’obtenir du financement et des droits.

Créé en 1986, le Conseil communautaire NunatuKavut portait jusqu’en 2010 le nom d’Association Métis du Labrador. Jusqu’à ce moment, l’organisation et ses membres s’identifiaient publiquement en tant que Métis, alors qu’ils prétendent maintenant être Inuit. En 2019, l’organisation a signé un protocole d’entente avec le gouvernement fédéral en vue d’une reconnaissance de leurs droits inuit.

«Les revendications frauduleuses ont souvent tendance à changer au fil du temps. Et ils utilisent des mesures agressives pour faire taire ceux qui les questionnent», a exprimé le président d’ITK. Il a également soulevé que le CCN n’est pas une organisation reconnue ou affiliée aux quatre organisations inuit reconnues par les traités.

Le président du Conseil communautaire NunatuKavut Todd Russell. (Radio-Canada/Jacob Barker)

«Ceux qui tentent de s’affilier aux Autochtones reconnus afin de s’approprier des ressources, des droits ou des statuts pratiquent une forme perverse de racisme colonial qui affecte les Inuit en s’accaparant les ressources dont notre peuple a besoin. Dans certaines circonstances, il peut même s’agir de fraude criminelle», affirme M. Obed dans sa lettre.

Le gouvernement fédéral doit arrêter de permettre ces approches moralement répréhensibles et potentiellement criminelles.

– Natan Obed, président de l’Inuit Tapiriit Kanatami

Le chef du CCN piqué au vif

Face aux accusations, Todd Russel, président du Conseil communautaire NunatuKavut, s’est dit dégoûté et consterné par les efforts de l’Inuit Tapiriit Kanatami d’effacer leur histoire et de les empêcher d’avoir accès à un soutien du fédéral.

«La lettre de Natan Obed est diffamatoire et, encore une fois, remplie de prétentions outrageuses et de mensonges évidents», peut-on lire dans une publication de M. Russel sur le site Internet de son organisation.

Il mentionne également avoir tenté à plusieurs reprises d’ouvrir le dialogue avec ITK, sans réponse.

L’Inuit Tapiriit Kanatami n’est pas la seule organisation autochtone à s’opposer aux prétentions du CCN. Récemment, la Nation innue a demandé qu’une révision judiciaire soit faite à propos du protocole d’entente signé entre le CCN et Ottawa en 2019.

L’ancienne ministre des Relations Couronne-Autochtones, Carolyn Bennett, aurait signé un protocole d’entente avec le CCN en sachant que les origines de ses membres étaient mises en doute. (PC/Adrian Wyld)

Selon une note secrète datée du mois d’août 2019 obtenu par CBC, des membres du gouvernement fédéral auraient demandé à la ministre des Relations Couronnes-Autochtones de l’époque, Carolyn Bennett, de ne pas signer d’entente avec le CCN pour éviter de créer un précédent de reconnaissance de groupes dont l’origine autochtone est douteuse. L’entente a malgré tout été signée un mois plus tard.

Ottawa doit appliquer ses propres politiques

Dans sa lettre, M. Obed avance que la reconnaissance du Conseil communautaire NunatuKavut par le fédéral va à l’encontre des engagements pris par ce dernier avec la politique Inuit Nunangat.

Selon lui, la politique, développée en partenariat entre Ottawa et les leaders inuit, stipule que seules les organisations inuit reconnues par les traités sont admissibles aux programmes fédéraux ainsi qu’aux programmes à l’intention des Inuit.

Lors d’une entrevue la semaine dernière, le nouveau ministre des Relations Couronne-autochtones Gary Anandasangaree n’a pas répondu directement aux craintes des leaders inuit dans ce dossier.

Il a cependant concédé que la question de l’identité autochtone est source d’inquiétudes pour plusieurs, tout en affirmant que la décision de reconnaître des droits autochtones est motivée par les décisions juridiques et par l’Histoire, plutôt que par la politique.

À lire aussi : 

Espaces autochtones, Radio-Canada

Pour d’autres nouvelles sur les Autochtones au Canada, visitez le site d’Espaces autochtones.

Vous avez remarqué une erreur ou une faute ? Cliquez ici !

Laisser un commentaire

Note: En nous soumettant vos commentaires, vous reconnaissez que Radio Canada International a le droit de les reproduire et de les diffuser, en tout ou en partie et de quelque manière que ce soit. Veuillez noter que Radio-Canada ne cautionne pas les opinions exprimées. Vos commentaires seront modérés, et publiés s’ils respectent la nétiquette.
Nétiquette »

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *