Feux de forêt : l’évacuation des collectivités sous la loupe de chercheurs
Alors que le Canada a affronté cette année sa pire saison de feux de forêt, la question se pose plus que jamais : comment faciliter le processus d’évacuation des résidents, si leur ville est menacée? Des chercheurs de l’Université de l’Alberta s’interrogent.
Embouteillages à la sortie des villes, précipitation aux stations d’essence, recherche d’une collectivité d’accueil : devoir quitter en catastrophe une ville menacée par des feux de forêt peut susciter bien du chaos et de la confusion.
En étudiant cinq collectivités de l’Ouest canadien, soit trois en Colombie-Britannique (Quesnel, Salmon Arm et Nelson) et deux en Alberta (Whitecourt et Canmore), un trio de chercheurs de l’Université de l’Alberta tente de comprendre les dynamiques d’évacuation afin de les fluidifier.
Trois aspects sont pris en compte dans leurs modèles de simulation : le comportement humain, l’exposition aux feux de chacune des collectivités et le trafic routier.
«Vais-je évacuer ou vais-je rester?»
Stephen Wong, professeur adjoint en génie civil et environnemental à l’Université de l’Alberta, se concentre sur le premier aspect. Il étudie pour cela les décisions prises par les évacués grâce à des questionnaires distribués dans les cinq collectivités.
«Par exemple, vais-je évacuer ou vais-je rester? Mais après, ça mène à toute une série de décisions clés qui prennent en compte le système de transport», explique le chercheur.
«Cela inclut le mode de transport utilisé, l’heure de départ, le lieu d’évacuation, les communautés d’accueil qui pourraient être impliquées», indique-t-il.
Les informations collectées lui permettent de définir les besoins des populations, en fait de ressources, de moyens de communication et de transport, pour l’évacuation.
«Goulot d’étranglement» dans la précipitation
Les données collectées aideront également les chercheurs à construire des modèles d’évacuation pour que les résidents sachent comment ils peuvent évacuer, par quelles voies et infrastructures.
Charlie Kesslar se souvient parfaitement de son évacuation de la ville de Drayton Valley, au sud-ouest d’Edmonton, le 4 mai dernier. Sa femme et lui font partie des dizaines de milliers de Canadiens ayant été forcés d’évacuer leur domicile dans de telles conditions cette année.
«Ne pas savoir ce qu’il va arriver, c’était épeurant», confirme-t-il, en expliquant que le trajet pour sortir de la ville et se réfugier dans un hameau des environs lui a pris près de 4 heures au lieu des quelque 25 minutes, comme à l’accoutumée.
«Vous pouvez imaginer un scénario où vous avez un feu qui avance vers une ville, qui bloque l’une des routes de sortie, et ça crée un goulot d’étranglement», explique Jen Beverly, professeure agrégée de l’Université de l’Alberta qui étudie les feux de végétation et participante au projet.
Le plus gros changement qu’on espère apporter, c’est ces plans d’évacuation. Beaucoup de communautés, à cause de leur taille ou de leur manque de temps, n’ont pas de plans d’évacuation spécifiquement pour les feux.
– Jen Beverly, professeure agrégée de l’Université de l’Alberta, spécialiste des feux de végétation
Tout le Canada touché
Selon elle, il est crucial de se préparer à ces éventualités dans toutes les collectivités, même celles qui n’ont pas, historiquement, été menacées par des feux de forêt. N’importe quelle région du pays peut être sujette aux sécheresses prolongées. Et lorsque cela arrive, toute forme de combustible peut brûler, souligne la chercheuse.
Ce qu’on a appris de la saison passée, c’est que les feux peuvent arriver n’importe où.
– Jen Beverly, professeure agrégée de l’Université de l’Alberta, spécialiste des feux de végétation
Les chercheurs s’attendent à achever leurs recherches d’ici le début de 2025.
À lire aussi :