Un député des T.N.-O. réprimandé par le commissaire à l’intégrité pour harcèlement

Le député de Tu Nedhé-Wiilideh, Richard Edjericon, a enfreint une disposition du code de conduite des membres de l’Assemblée législative des Territoires du Nord-Ouest en harcelant une membre du personnel infirmier du Centre de santé de Fort Resolution, selon un rapport du commissaire à l’intégrité.
Dans un communiqué publié jeudi, le commissaire à l’intégrité de l’Assemblée législative, David Phillip Jones, indique avoir reçu une plainte écrite de Jennifer Patterson, alors infirmière en chef du Centre de santé de Fort Resolution, alléguant que « Richard Edjericon, député de Tu Nedhé-Wiilideh […] a orchestré une campagne continue de harcèlement du personnel infirmier du Centre de santé de Fort Resolution ».
En particulier, poursuit le communiqué, le député aurait mené une campagne fondée sur des « insinuations, des ouï-dire et des rumeurs pour faire en sorte que Mme Patterson soit démise de ses fonctions ».
Le commissaire a déterminé, au terme de son enquête, que le député Edjericon avait enfreint une disposition du Code de conduite et recommande à l’Assemblée législative de lui imposer une réprimande et une amende de 2500 $.
Déroulement des faits
Dans son rapport, le commissaire à l’intégrité ne mâche pas ses mots. Les actions de M. Edjericon ne résistent pas à un examen public approfondi et ne respectent pas l’intégrité et l’honneur de sa fonction et de l’Assemblée législative, écrit David Phillip Jones.
Selon le commissaire, le comportement du député a commencé dès son élection au printemps 2022.
En avril 2022, un article est paru dans un journal local donnant la parole à des résidents du hameau se plaignant des services reçus au centre de santé. Le 25 novembre 2022, le député a fait suivre une lettre à la cheffe de l’exploitation du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS).
Dans cette lettre, écrite sur du papier à en-tête officiel de l’Assemblée législative, Richard Edjericon demande le renvoi de l’infirmière en chef, et appuie deux autres missives adressées au MSSS et signées par le maire du hameau et le président du Conseil des Métis de Fort Resolution.
Ces lettres indiquent que l’infirmière en chef est impolie, irrespectueuse envers les membres de la communauté, et raciste envers les gens. On demande son renvoi immédiat et la nomination d’un infirmier pour la remplacer.
Dans la lettre signée par le maire Patrick Simon, plusieurs allégations de mauvais traitement envers des membres de la communauté sont évoquées.
Plusieurs de ces allégations contre Mme Peterson (sic) sont déchirantes et dégoûtantes, écrit Richard Edjericon, souscrivant aux allégations.
Le 2 décembre 2022, l’Administration des services de santé et des services sociaux a suspendu Jennifer Patterson avec salaire le temps d’enquêter sur les allégations.
Peu de temps après, un message texte a été reçu par plusieurs membres de la communauté confirmant qu’une enquête sur Jennifer Patterson est en cours, et qu’elle avait été relevée de ses fonctions.
Le « principal instigateur »
En février 2023, l’enquête de l’Administration des services de santé et des services sociaux a blanchi de tout soupçon l’infirmière en chef. La plaignante a fait suivre sa plainte par écrit au commissaire à l’intégrité en juillet 2023.
Dans son rapport, David Phillip Jones indique que la campagne de salissage à l’endroit de l’infirmière en chef a été orchestrée par le député.
Je suis convaincu, écrit-il, qu’il y a eu une campagne pour que Mme Patterson soit démise de ses fonctions et retirée de la communauté, et que M. Edjericon en a été le principal instigateur.
Selon la preuve recueillie, Richard Edjericon aurait rédigé et fait signer par le maire l’une des deux lettres demandant son renvoi. C’est également lui qui aurait rédigé et partagé le message texte divulguant des informations personnelles sur le statut d’emploi de l’infirmière.
Le commissaire ajoute que le député a commis une faute en ne vérifiant pas les allégations formulées envers la plaignante.
Ses allégations ont été faites sans vérification ou sans égard à la vérité, et avaient pour but de clairement faire renvoyer Mme Patterson, écrit M. Jones.
La leçon à tirer de cette situation malheureuse est qu’il y a des limites à ce qu’un député peut faire et à la manière dont il peut s’y prendre, conclut le commissaire.
Le rapport du commissaire sera déposé à l’Assemblée au cours de la prochaine session, qui doit débuter le 17 octobre. L’Assemblée législative devra ensuite examiner le rapport dans les 15 jours de session suivant son dépôt, et imposer ou rejeter la sanction recommandée par le commissaire.
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