Les infirmières du Nunavik aussi en grève
Les infirmières du Nunavik et professionnels en soins emboîtent le pas des autres travailleurs du secteur public et se mobilisent pour une grève de deux jours, dans le cadre des négociations de nouvelles conventions collectives avec le gouvernement.
Les employés de soins représentés par la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) sont nombreux à manifester leur mécontentement face à la lenteur des négociations avec Québec.
De grandes marches ont été organisées jeudi, en compagnie des autres employés du secteur public à divers endroits dans la région. D’autres rassemblements sont prévus toute la journée vendredi dans les 14 communautés du Nunavik.
Parmi les revendications des infirmières, il est notamment question de réduire le nombre de patients par travailleur, d’améliorer la conciliation travail et vie personnelle ainsi qu’une augmentation salariale.
«C’est notre charge de travail! On veut diminuer ça parce que dans certaines unités, c’est aberrant le nombre de patients par infirmière. Ça devient dangereux,» explique la présidente du Syndicat des infirmières et infirmiers de la baie d’Ungava, Vicky Castonguay.
Réduction de services
Un cadre entourant la grève a été établi avec l’employeur afin d’assurer le maintien des services d’urgence dans les dispensaires.
Il faudra toutefois s’attendre à ce que certains départements fonctionnent au ralenti. Plusieurs rendez-vous de suivi ont notamment été annulés.
Les infirmières vont pouvoir manifester quelques heures par jour et devront retourner au travail pour maintenir une partie des services.
«Il n’y aura aucun délai dans le traitement des urgences[…] Même si elles font une grève en bloc, elles auront le téléphone de garde et vont répondre aux appels», assure le président du Syndicat nordique des infirmières et infirmiers de la baie d’Hudson, Cyril Gabreau.
En raison du petit nombre d’infirmières en poste, le centre de santé de la communauté d’Ivujivik ne pourra pas participer aux activités de grève.
Une réalité particulière
Bien que la négociation des conventions collectives soit à l’échelle de la province, les professionnels en soins du Nunavik estiment que le gouvernement doit s’attarder aux particularités régionales.
Le secteur de la santé fait face à un grand taux de roulement au Nunavik et le réseau public peine à maintenir les infirmières en poste pour une période prolongée. La durée moyenne d’emplois y est de 18 mois pour les infirmières.
Il est commun de voir des travailleurs quitter leur milieu de travail et revenir plus tard au moyen d’agences de placement privées, avec des taux horaires bien supérieurs à ce que peut offrir le réseau public au Nunavik.
«On est content d’avoir cette aide des gens qu’on connaît et qui connaissent déjà le terrain […] C’est sûr que, quand ce sont de nouvelles agences qui ne connaissent pas les villages, pas les gens, pas le fonctionnement d’ici, c’est beaucoup plus pénible», ajoute Vicky Castonguay, qui souhaiterait que le réseau public soit plus compétitif pour répondre aux besoins en main-d’œuvre.
Le syndicat du côté de la baie d’Hudson souhaite lui aussi améliorer la rétention de personnel. De nombreux dispensaires de l’ouest du Nunavik ont dû fermer cet été en raison du manque de travailleurs.
De nouvelles primes et des avantages sociaux ont été octroyés en juin dernier aux infirmières de l’ouest de la région. Selon le syndicat, il faudra toutefois en faire plus pour véritablement régler le problème du manque de personnel dans les dispensaires des villages de la région.
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