Le droit des Inuit à un logement adéquat est bafoué, selon la défenseure du logement

La défenseure fédérale du logement, Marie-Josée Houle. (PC/Justin Tang)

Au Nunavut et au Nunatsiavut, dans le nord du Labrador, la crise du logement est telle que les droits de la personne des Inuit sont transgressés, ce qui nuit à leur santé mentale et physique, notamment en ce qui a trait à la propagation de la tuberculose.

C’est ce que conclut un rapport (Nouvelle fenêtre) de la défenseure fédérale du logement, Marie-Josée Houle, qui déplore surtout une inaction de tous les ordres de gouvernements.

«C’est choquant et inacceptable», a-t-elle affirmé d’emblée, en conférence de presse à Ottawa lundi. Elle estime que les gouvernements fédéral, territoriaux et provinciaux ont failli à leur responsabilité de garantir aux Inuit le droit d’avoir accès à un logement adéquat.

«Cette réalité désastreuse est un résultat direct du colonialisme et de l’incapacité […] des différents gouvernements pendant de nombreuses décennies à investir et à respecter les droits de la personne des Inuit», a-t-elle déclaré.

En 2021, environ 40 % des Inuit vivaient dans un logement surpeuplé dans l’Inuit Nunangat, qui regroupe les quatre régions inuit au pays, selon Statistique Canada.

Au Nunavut, plus d’un Inuk sur deux résidait dans un logement surpeuplé.

Malgré les promesses répétées de différents gouvernements, les familles continuent de vivre dans des conditions déplorables.

– Marie-Josée Houle, défenseure fédérale du logement

Son rapport propose une série de recommandations, dont le transfert aux gouvernements inuit de la compétence en matière de programmes et de services liés au logement ainsi que la création de postes de défenseurs ou d’ombudsmans inuit indépendants pour le logement.

«Conditions désastreuses»

En février 2022, le gouvernement Trudeau a demandé à Marie-Josée House de se pencher sur la situation du logement au Canada. Six mois plus tard, la défenseure s’est rendue dans deux régions inuit pour faire le point sur la situation du logement dans le Grand Nord.

Durant sa tournée de deux semaines, elle s’est rendue à Pangnirtung, à Rankin Inlet et à Iqaluit, au Nunavut, ainsi qu’à Nain, à Hopedale et à Happy Valley-Goose Bay, au Nunatsiavut.

Marie-Josée Houle a qualifié les conditions de logement qu’elle a vues de «désastreuses».

Elle donne l’exemple de familles pouvant atteindre 18 personnes vivant dans un logement de trois chambres à coucher. Dans la communauté de Pangnirtung, son rapport note qu’aucune nouvelle construction n’a vu le jour en 10 ans et que plus de 28 % de la population attend un logement social.

À Rankin Inlet, les infrastructures d’eau et d’égouts ont atteint leur capacité maximale, ce qui place la construction de nouveaux logements dans l’impasse, selon le rapport.

La communauté de Pangnirtung compte environ 1500 habitants, selon le recensement de 2021 de Statistique Canada. (Radio-Canada/Matisse Harvey)

«Rien n’est nouveau pour les Inuit»

Aluki Kotierk, la présidente de l’organisme Nunavut Tunngavik (NTI), qui représente les Inuit du Nunavut, a dit que les constatations du rapport reflétaient un problème déjà bien connu.

«Nous le vivons et nous l’observons. Rien n’est nouveau pour les Inuit», a-t-elle soutenu.

Aluki Kotierk souhaite voir des solutions «systémiques» et «transformatrices» qui favorisent «une véritable réconciliation» avec les populations inuit.

Le président du Nunatsiavut, Johannes Lampe, estime qu’une première étape serait le transfert par Ottawa de programmes et de services qui touchent les Inuit du Labrador au gouvernement du Nunatsiavut.

«Les gouvernements fédéral et provinciaux devraient délaisser les financements basés sur les programmes. Ils devraient plutôt s’assurer que le gouvernement du Nunatsiavut dispose des ressources nécessaires pour concevoir des plans et des programmes de logement dirigés par les Inuit qui tiennent compte des réalités de notre région», affirme-t-il.

Le président du Nunavutsiavut, Johannes Lampe, et la défenseure fédérale du logement, Marie-Josée Houle, lors d’une conférence de presse à Ottawa, lundi. (PC/Justin Tang)

Financements pour le Nord

Réagissant aux constatations de la défenseure, la députée fédérale du Nunavut, Lori Idlout, a décrié l’absence dans le dernier budget fédéral d’investissements destinés précisément aux territoires du Nord en matière de logement.

Le logement est un droit de la personne, et le gouvernement libéral ne fournit ni le financement ni les moyens nécessaires pour construire ou réparer des maisons. Et les communautés autochtones partout au Canada en payent le prix.

– Lori Idlout, députée fédérale du Nunavut

Marie-Josée Houle a bon espoir que son rapport mène à des changements. «Ce n’est pas parce que le rapport est sorti que le travail est terminé», dit-elle. «Nous allons surveiller s’il mène à des résultats et à des mesures.»

Il incombera au ministre fédéral du Logement, Sean Fraser, d’accepter ou non ses recommandations.

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