Le Nunavut veut sensibiliser les députés du Sud à la crise du logement dans le Grand Nord canadien

Des représentants du Nunavut ont expliqué aux députés de la Chambre des communes que le territoire ne peut pas régler sa crise du logement seul. (Matisse Harvey/Radio-Canada)
Mardi, lors d’une réunion du comité permanent des affaires autochtones et du Nord, des représentants du Nunavut ont fait part de la réalité de la crise du logement aux députés à la Chambre des communes, tirant la sonnette d’alarme sur un problème qui existe depuis trop longtemps.

« Dans un territoire qui compte près de 39 000 personnes, il y a plus de 3000 personnes sur la liste d’attente pour avoir accès à un logement public », affirme Eiryn Devereaux, le président et directeur de la Société d’habitation du Nunavut. Depuis que le Nunavut a été fondé, il y a 20 ans, la crise du logement n’a fait qu’empirer.

Mardi, Eiryn Devereaux a présenté la situation du logement par visioconférence devant la Chambre des communes. D’autres personnalités se sont jointes à lui pour parler des effets de la pénurie de logements sur les peuples autochtones du Canada.

La population nunavummiut est composée d’environ 85 % d’Inuit, et ce sont donc eux les plus touchés par la crise.

Dans la communauté d’Igloulik, dans le centre du Nunavut, 183 personnes, sur une population de 2014, sont sur la liste d’attente pour un logement, comme l’explique Raigili Amaaq, qui siège au conseil d’administration de l’Association du logement d’Igloulik.

« D’autres ne prennent même pas la même de s’inscrire parce qu’ils savent que c’est presque impossible d’obtenir un toit. »

Surpopulation

Raigili Amaaq affirme que certaines familles vivent dans des constructions datant des années 1960 et 1970, dont peu ont été rénovées. De plus, la surpopulation règne dans certains logements, qui accueillent jusqu’à 20 personnes d’une même famille, explique-t-elle.

su_quote cite= »Raigili Amaaq, membre du conseil d’administration de l’Association du logement d’Igloulik« ]Cela se passe seulement au Nunavut. Pourquoi devrions-nous continuer à vivre comme cela en 2022?[/su_quote]

Raigili Amaaq, une membre du conseil d’administration de l’Association d’habitation d’Igloulik, déplore que 183 personnes de la communauté se trouvent sur liste d’attente pour obtenir un logement public. (Parlement du Canada)

Selon Eiryn Devereaux, au Nunavut, 56 % des logements inuit sont surpeuplés. Ce problème en amène d’autres, notamment de santé mentale, d’abus de drogues et de transmission des maladies.

« Nous savons que les logements inadaptés sont des facteurs de risque pour la tuberculose, une autre crise contre laquelle nous nous battons au territoire, et, bien sûr, pour la COVID-19. »

Aujourd’hui, la Société d’habitation du Nunavut est en mesure de construire entre 75 et 100 logements par an, quand le territoire aurait besoin d’en avoir entre 250 et 300 chaque année, note-t-il.

Parmi les obstacles à cet objectif, il y a l’augmentation exponentielle des prix de la construction, aggravée par les coûts de transport. En effet, les matériaux doivent être acheminés dans 25 communautés non reliées par des routes. Il faut également prendre en compte la saison très réduite de la construction.

« Les matériaux arrivent par bateau, et les entrepreneurs sont généralement saisonniers : ils partent pendant des mois et reviennent finir le travail une fois que le temps est meilleur », explique Raigili Amaaq.

Pour faire face à ces problèmes, une des solutions serait s’équiper d’une usine de construction modulaire qui permettrait de bâtir les logements directement sur place et à l’intérieur, puis de les déplacer par la suite.

« Cela stimulerait l’emploi au Nunavut, mais amortirait aussi les coûts d’importation des matériaux qui sont complètement fous », croit Eiryn Devereaux.

Plus d’investissements du fédéral réclamés

Le maire d’Iqaluit, Kenny Bell, pense que la crise du logement pourrait « vite se régler » avec plus d’argent. Et selon lui, le financement pluriannuel a plus de chances d’aboutir à des progrès que les financements annuels, devant être dépensés avant la fin de l’année fiscale.

Kenny Bell, le maire d’Iqaluit, a fait part de ses suggestions pour tenter d’enrayer la crise du logement au Nunavut. Il estime que le gouvernement fédéral doit investir plus et mieux.

Il fait plusieurs suggestions pour s’attaquer à la crise comme la conversion des bâtiments fédéraux vides du territoire en logements abordables, la réduction de la paperasse liée aux demandes de subventions ou encore la collaboration avec les organismes inuit pour alléger le fardeau du gouvernement.

« Le gouvernement du Nunavut ne peut pas soutenir seul la construction de tous les nouveaux logements (…) En raison de sa politique d’approvisionnement, le coût des activités liées à la construction a gonflé à un point tel qu’il construit à un coût par mètre carré beaucoup plus élevé que dans le secteur privé. »

Kenny Bell précise que l’argent n’est pas suffisant pour résoudre tous les maux.

« Il faudra plus de temps, d’argent et de collaboration entre diverses professions pour que soient résolus tous les problèmes sociaux qui découlent de la crise du logement », conclut-il.

Laureen Laboret, Radio-Canada

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