Europe du Nord : des vagues de froid extrême plus rares, mais potentiellement dangereuses

Sur une planète 1,2°C plus chaude qu’à l’ère préindustrielle, de tels épisodes se raréfient en Europe du Nord. (Photo d’Olivier Morin/AFP via Getty Images)

Le changement climatique dû aux activités humaines devrait se traduire en Europe du Nord par des vagues de froid extrême plus rares, mais paradoxalement plus dangereuses, selon une étude publiée mercredi.

La Finlande, la Suède et la Norvège ont connu en janvier une vague de grand froid qui a fait tomber des records : -44,6 °C enregistrés dans la localité de Vittangi (nord de la Suède), soit le plus bas relevé dans ces trois pays depuis le début du siècle, et un mercure pour la première fois en dessous des -30 °C (-31,1 °C) à Oslo.

Liés à des flux d’air arctique, ces épisodes ont fortement perturbé les transports, endommagé les canalisations d’eau, entraîné la fermeture d’écoles et fait bondir les prix de l’électricité, source de chauffage répandue dans la région.

Sans le réchauffement d’origine anthropique, les températures enregistrées auraient été environ 4 °C plus froides, selon la nouvelle étude des scientifiques du World Weather Attribution (WWA).

Sur une planète 1,2 °C plus chaude qu’à l’ère préindustrielle, de tels épisodes se raréfient en Europe du Nord. Aujourd’hui, une vague de froid de 5 jours et une journée de froid extrême y sont respectivement 5 fois et 12 fois moins probables, selon cette équipe de 19 chercheurs internationaux.

« Les vagues de froid deviennent moins intenses et moins fréquentes, mais ce n’est pas une raison pour se réjouir », dit Izidine Pinto, de l’Institut météorologique néerlandais.

Parmi les risques relevés par ces scientifiques, celui que les pays nordiques, aujourd’hui rompus au grand froid, ne baissent la garde.

« Les vagues de froid restent un risque important pour la région », souligne Dorothy Heinrich, conseillère en risques climatiques au Centre climatique de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

« Même si elles surviennent moins fréquemment en moyenne, celles à venir pourraient avoir un impact plus important si la perception du risque et [le niveau de] préparation diminuent », dit-elle.

Comme les autres épisodes météorologiques extrêmes, elles pourraient en particulier avoir des conséquences fatales pour les populations les plus fragiles qu’il est crucial de protéger.

« Les personnes âgées, les enfants, celles qui vivent dans des logements précaires, et celles qui font face à la précarité énergétique ou sont sans domicile sont particulièrement vulnérables à ces températures froides », note Dorothy Heinrich.

Les fluctuations en dessous et au-dessus de 0 °C sont aussi porteuses de problèmes.

« Le gel et le dégel constants de l’eau posent des défis pour l’infrastructure et la sécurité routière », indique Erik Kjellström, climatologue à l’Institut météorologique et hydrologique suédois.

« Cela peut également créer un manteau neigeux plus stratifié qui augmente le risque d’avalanches et réduit l’accès à la nourriture pour les rennes et d’autres animaux », dit-il.

Au nord de ces pays nordiques, la montée globale des températures entraîne une diminution des glaces marines qui, à son tour, contribue à accélérer le réchauffement dans la région.

Selon une étude publiée en 2022 par des chercheurs finlandais et norvégiens, l’Arctique s’est réchauffé près de quatre fois plus vite que le reste du monde depuis 1979, un phénomène connu sous le nom d’« amplification arctique ».

« Tant que nous n’abandonnerons pas les combustibles fossiles et ne réduirons pas les émissions à zéro net, le changement climatique continuera de faire de la Terre un endroit plus difficilement habitable », conclut Sjoukje Philip, de l’Institut météorologique néerlandais.

À la COP28 de Dubaï en décembre, la communauté internationale s’est entendue pour sortir graduellement des énergies fossiles.

Toutefois, les pays producteurs d’hydrocarbures, y compris la Norvège, continuent à attribuer des permis d’exploration pétrogazière qui promettent encore de beaux jours à l’industrie.

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