L’Arctique pourrait être privé de glace de mer en été dès les années 2030

Ces images d’icebergs dans la baie de Baffin près de Pituffik, au Groenland, le 20 juillet 2022, ont été captées par la NASA lors d’une mission aérienne destinée à mesurer la fonte de la glace de mer en Arctique. (Kerem Yucel/Getty Images)

L’Arctique pourrait être privé de glace de mer en été dès les années 2030, soit bien plus tôt qu’estimé jusqu’à présent, et même dans un scénario de faibles émissions de gaz à effet de serre, affirment des chercheurs dans un article publié mardi.

Des scientifiques basés en Corée, au Canada et en Allemagne ont utilisé des données d’observation des années 1979-2019 pour effectuer des nouvelles simulations. « Les résultats indiquent que le premier mois de septembre sans glace de mer interviendra dès les années 2030-2050, quels que soient les scénarios d’émissions », concluent-ils dans la revue Nature Communications.

Lorsque les experts parlent d’absence de glace, cela veut dire une surface inférieure à 1 million de kilomètres carrés, car il pourra toujours rester de la glace résiduelle le long des côtes. L’océan Arctique représente une superficie d’environ 14 millions de kilomètres carrés et est recouvert de glace une majeure partie de l’année.

Septembre est le mois durant lequel la glace atteint habituellement son minimum annuel.

« C’est environ une décennie plus tôt que les récentes projections du GIEC », le groupe d’experts du climat mandaté par l’ONU, souligne Min Seung-ki, des universités sud-coréennes de Pohang et de Yonsei, coauteur de l’article.

Les chercheurs estiment aussi que le déclin de cette glace peut être attribué essentiellement aux émissions de gaz à effet de serre, les autres facteurs (aérosols, activité solaire et volcanique…) étant bien moins importants.

La glace de mer, qui forme la banquise, est faite d’eau salée à la surface d’un océan, qui a gelé sous l’effet du froid. Sa fonte ne cause pas directement d’élévation du niveau des océans, contrairement à celle de la calotte glaciaire et des glaciers, mais a malgré tout des conséquences néfastes.

En effet, cette glace joue un rôle très important en été, en renvoyant les rayons du soleil, ce qui permet de rafraîchir l’Arctique. Ce miroir est aujourd’hui de plus en plus petit, et l’Arctique se réchauffe donc beaucoup plus vite que d’autres régions.

La disparition de la glace  « accélérera le réchauffement arctique, ce qui peut augmenter les événements météorologiques extrêmes aux latitudes moyennes, comme les canicules et les feux de forêt », remarque Min Seung-ki.

« Cela peut aussi accélérer le réchauffement mondial, en faisant fondre le pergélisol, ainsi qu’augmenter le niveau des océans en faisant fondre la calotte glaciaire du Groenland », ajoute le chercheur.

« Ce sera le premier composant majeur de notre système climatique que nous perdons à cause de nos émissions de gaz à effet de serre », dit Dirk Notz, de l’Université de Hambourg, un autre coauteur de l’étude.

« Les scientifiques ont alerté sur cette disparition pendant des décennies. C’est triste de voir que ces mises en garde n’ont pour l’essentiel pas été écoutées », lance-t-il à regret.

M. Notz espère maintenant que les décideurs politiques prêteront attention aux conclusions des chercheurs « pour qu’on puisse au moins protéger les autres composants de notre système climatique, en limitant le réchauffement futur autant que possible ».

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