T.N.-O. : les infirmières locales moins payées que leurs collègues intérimaires

Les T.N.-O. ont dépensé 5,2 millions de dollars en 2023 pour rémunérer des infirmières intérimaires. (Photo d’archives/ENTAVO)

Le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest (T.N.-O.) a dépensé 5,2 millions de dollars en 2023 pour rémunérer des infirmières intérimaires, qui sont mieux payées que les infirmières locales. Cet écart de salaire frustre ces dernières, qui pressent le gouvernement de réduire sa dépendance envers cette catégorie d’employés.

Les infirmières intérimaires ont généralement des contrats à court terme par l’intermédiaire d’une agence de recrutement et viennent souvent d’ailleurs au Canada.

D’après une employée de l’Administration des services de santé et des services sociaux (ASTNO) ayant requis l’anonymat, le recours à des infirmières intérimaires mine le moral des infirmières locales qui travaillent directement pour l’autorité sanitaire.

Elle ajoute que les infirmières ténoises sont souvent obligées de former leurs collègues visiteuses, en particulier sur la façon d’offrir des soins de santé adaptés à la culture du territoire, alors que celles-ci peuvent gagner deux fois leur salaire.

Les infirmières des T.N.-O. attendent toujours une nouvelle convention collective.

Des écarts de salaire importants

Selon David Maguire, porte-parole de l’ASTNO, le coût moyen d’une infirmière intérimaire est de 125 $ de l’heure, mais les coûts varient entre 105 $ et 164 $.

Il précise cependant que la part de ce coût qui revient aux infirmières et celle qui revient aux agences intermédiaires ne sont pas connues, le territoire se contentant de payer le tarif.

Une offre d’emploi publiée le mois dernier par l’une des agences sous contrat avec le gouvernement territorial indique que les infirmières travaillant dans les T.N.-O. gagneraient plus de 100 $ de l’heure.

L’annonce, provenant d’une agence appelée Solutions Staffing, fait également état d’une prime de 500 $ pour les infirmières qui travaillent dans les T.N.-O. pendant plus de deux semaines. Cette prime s’ajoute aux indemnités journalières et aux frais de logement qui sont couverts.

À titre de comparaison, une infirmière travaillant à temps plein pour l’autorité sanitaire des T.N.-O. peut s’attendre à un salaire de base compris entre 48 $ et 59 $ de l’heure. Avec des avantages supplémentaires, elle peut gagner entre 71 $ et 85 $ de l’heure, d’après M. Maguire.

Un mal nécessaire, selon le gouvernement

Lesa Semmler, la ministre de la Santé et des Services sociaux, affirme que les infirmières intérimaires ne sont utilisées qu’en dernier recours pour aider les services critiques qui pourraient autrement fermer.

Elle précise qu’il n’y a actuellement que sept infirmières intérimaires dans le territoire : six à l’Hôpital territorial Stanton de Yellowknife et une à Inuvik.

Dans un monde parfait, je ne ferais jamais appel à une infirmière intérimaire et je pourvoirais tous les postes avec des infirmières locales permanentes.

– Lesa Semmler, ministre de la Santé et des Services sociaux des T.N.-O.

Lesa Semmler, ministre de la Santé des Territoires du Nord-Ouest. (Radio-Canada/Julie Plourde)

Selon Mme Semmler, le territoire a passé 15 ans sans faire appel à des agences de soins infirmiers, et il a recommencé à le faire seulement en raison de la fermeture, pendant plusieurs mois, de l’unité d’obstétrique de Yellowknife en 2022.

Des employées syndiquées

En outre, aux T.N.-O., les infirmières intérimaires sont considérées comme syndiquées, à savoir que l’autorité sanitaire paye leurs cotisations syndicales.

Dans un courriel, le Syndicat des travailleurs du Nord (UNW) explique pourquoi les infirmières d’agence gagnent plus que leurs homologues du territoire, bien qu’elles soient régies par la même convention collective.

En vertu de la convention collective, le syndicat dispose d’une échelle salariale dans laquelle les employés reçoivent le même montant en fonction de leur spécialisation et de leur expérience.

Gayla Thunstrom, la présidente du syndicat, fait savoir qu’en raison du paiement des cotisations syndicales, les infirmières intérimaires sont considérées comme des employées occasionnelles.

«Toutefois, cela devrait signifier que ces travailleurs sont liés par les dispositions de notre convention collective en ce qui concerne la classification des emplois et les échelles salariales», écrit-elle.

Pour une action nationale

La ministre de la Santé, qui a elle-même été infirmière, appelle Ottawa, les provinces et les territoires à travailler ensemble pour trouver une solution au problème de dotation qui, dit-elle, se pose à l’échelle du Canada.

La semaine dernière, les parlementaires territoriaux ont demandé à la ministre Semmler d’envisager d’interdire le recours aux infirmières intérimaires.

Pour arriver à l’abandon de cette pratique, le gouvernement territorial devait attirer et retenir davantage de personnel, estime la ministre. Elle affirme que le territoire s’est déjà mis à l’œuvre pour ce faire.

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