Un « atlas des bonnes idées » pour repenser l’habitation au Nunavik
L’Université Laval a publié un recueil d’idées (en anglais) pour revoir l’aménagement des communautés inuit du Nunavik afin de répondre aux aspirations des résidents et offrir des pistes de solutions face à la crise du logement.
Le projet nommé «Doing things differently», ou «Faire les choses différemment», a été réalisé en collaboration avec les communautés elles-mêmes, au terme d’un processus de consultation entamé en 2015.
«On a souhaité faire les choses autrement, penser à l’extérieur de la boîte», explique la professeure titulaire à l’École d’architecture de l’Université Laval, Geneviève Vachon.
Son équipe et elle apportent une soixantaine de pistes de réflexion sur la manière de planifier, d’habiter et de construire des logements dans les communautés du Nord-du-Québec.
Des ateliers ont été organisés, notamment avec de jeunes de Kangiqsualujjuaq, afin de bien comprendre leur vision du développement de leur village.
Les étudiants en architecture de l’Université Laval se sont aussi impliqués dans le projet afin de mettre sur papier ces idées. Ils ont notamment produit de nombreux schémas et rendus qui proposent une nouvelle façon d’aménager les villages, plus proche de la culture régionale.
«Pendant nos consultations, on se faisait souvent dire : j’aimerais voir autre chose que le voisin d’en face à partir de ma maison. Ça serait bien si on pouvait voir le territoire à partir du village!», note la professeure Geneviève Vachon.
Un des rendus en 3D sur le site suggère, par exemple, de grandes bandes de terrain entre les rangées de maisons, pour faciliter l’accès à la nature.
«Ce ne sont pas nécessairement des idées qui coûteraient plus cher, c’est juste la manière dont on va développer», ajoute-t-elle.
D’autres modèles
En plus de leurs propositions en urbanisme, les architectes ont partagé de nombreuses solutions à la pénurie de logements qui sévit au Nunavik.
Il est notamment question de favoriser la construction de bâtiments préfabriqués, ou d’agrandir les maisons existantes pour en faire des lieux plus intéressants où vivre.
Pour les auteurs, il faudra toutefois se concentrer sur la diversification de l’offre d’habitation dans la région.
Environ 98 % des résidents habitent dans des logements sociaux subventionnés par Québec, qui n’arrive pas à répondre à la demande.
«La réalité est qu’on a un exode des jeunes, qui quittent la région pour avoir du logement. Ils n’arrivent pas à en trouver après leurs études […]. Il faut davantage de choix!», lance la militante et partenaire du projet, Olivia Ikey, de la communauté de Kuujjuaq.
L’atlas propose par exemple d’explorer la possibilité de construire des coopératives d’habitations ou des résidences multigénérationnelles. Des modèles d’habitation, qui pourrait être en phase avec les aspirations sociales et culturelles des Inuit.
«Les architectes qui ont bâti les maisons du Nord viennent du Sud. Ils n’ont pas une compréhension de notre culture et n’ont pas été capables de construire des bâtiments confortables pour nous», explique-t-elle.
«J’aime le fait qu’ils aient vraiment inclus les communautés. Ils sont allés dans les écoles, ils ont parlé aux jeunes pour leur demander ce qu’ils voulaient. Donc, on peut dire que les projets viennent de la communauté», ajoute Olivia Ikey.
Cette dernière espère que les décideurs prendront le temps de consulter cet atlas, afin de mieux orienter les prochaines politiques d’habitation au Nunavik.
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