Des universitaires à la clinique vétérinaire de Kuujjuaq
L’équipe du projet de clinique vétérinaire de Kuujjuaq s’est associée avec l’Université de Montréal (UdeM) pour offrir des soins aux animaux de compagnie du Nunavik, l’absence de service ayant causé bien des maux de tête à leurs propriétaires ces dernières années.
La fin de semaine dernière était bien achalandée à la clinique vétérinaire de Kuujjuaq. De passage dans la région, le vétérinaire Florian Guéganou a multiplié les opérations chirurgicales et les examens de routine.
La salle d’opération rudimentaire ne dispose ni d’électrocardiogramme ni de machine d’échographie, contrairement aux cliniques modernes du Sud. Un petit appareil «doppler» permet de surveiller le pouls de l’animal, à l’ancienne.
«C’est super stimulant intellectuellement. On m’enlève tout le matériel qui me donne beaucoup d’information et on me demande de réfléchir à partir de la race, de ce que les gens me disent et de mon examen clinique», explique le Dr Florian Guéganou.
Malgré ces moyens limités, l’équipe de la clinique réussit à offrir une gamme de soins variée, passant des opérations de base comme la stérilisation, aux examens et à la vaccination.
Le vétérinaire fait partie des étudiants de deuxième cycle, qui se sont portés volontaires pour venir passer deux semaines à Kuujjuaq dans le cadre d’un stage.
L’UdeM envoie ainsi chaque mois un vétérinaire «interne», depuis novembre dernier. Il est prévu qu’un vétérinaire soit envoyé jusqu’en juin, puis à nouveau à partir de septembre prochain.
«Tous ceux qui sont allés ont vraiment aimé venir travailler à Kuujjuaq. Les gens sont très reconnaissants de ce qu’on peut faire là-bas», explique le professeur de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal, Édouard Martin.
Les enseignants de l’Université sont par ailleurs toujours disponibles pour répondre aux questions des stagiaires, même s’ils sont tout à fait aptes à prodiguer les soins de manière professionnelle, assure M. Martin.
«À Kuujjuaq, c’est vraiment une médecine de première ligne. Ils arrivent à retrouver un sens clinique. Ils réfléchissent à une alternative de traitement. C’est très complémentaire à la formation qu’ils ont à ici à la faculté», ajoute le professeur.
Des besoins criants
La clinique de Kuujjuaq est ouverte de façon intermittente depuis 2021.
Durant plusieurs mois, deux vétérinaires ont été en mesure d’offrir le service. Ils ont toutefois dû quitter la région, ce qui a laissé les propriétaires d’animaux de compagnie pratiquement sans ressources, et la clinique est demeurée vacante.
L’arrivée récente des vétérinaires de l’UdeM a été bien accueillie dans la communauté. Depuis novembre, 225 animaux ont été vus, dont une trentaine pour une stérilisation.
C’est le cas notamment du chien de Timothy Saunders, qui était très heureux de pouvoir enfin faire castrer son jeune animal.
«Cela devenait difficile dans la maison et il voulait toujours se sauver. On espère que cela va se calmer avec la stérilisation […]. C’est bien au moins d’avoir le service dans la ville et ne pas devoir aller à Montréal», explique-t-il.
La mairesse de Kuujjuaq, Mary Johannes, estime que le service d’une clinique vétérinaire était devenu incontournable pour la communauté. Elle espère que, avec le temps, la clinique va aider à lutter contre la surpopulation de chiens errants, grâce à une augmentation de la stérilisation.
«On a eu peur à quelques reprises, avec des enfants qui jouent dehors et qui font face à des chiens errants parfois agressifs ou malades […]. C’est très encourageant aussi pour les habitants, parce qu’ils peuvent enfin prendre bien soin de leurs animaux de compagnie», explique la mairesse.
Un service universel?
La clinique vétérinaire de Kuujjuaq est une initiative de la Municipalité et de nombreux bénévoles, qui portent encore aujourd’hui le projet à bout de bras.
C’est le cas de Liam Callaghan, qui est impliqué depuis le tout début dans la recherche de financement.
Plusieurs acteurs régionaux ont contribué à la mise sur pied de la clinique, comme la Société du Plan Nord, qui a offert 500 000 $.
Ce financement a permis de lancer officiellement les activités de la clinique et d’offrir des services à faible coût à la population du Nord.
Il est toutefois impossible, pour le moment, de réaliser des consultations gratuites pour les personnes à plus faibles revenus.
«Nous ne voulons pas faire de profits avec la clinique. Nous voulons qu’elle se soutienne par elle-même, c’est notre but […]. Peut-être que, à l’avenir, nous pourrions faire un fonds qui permettra d’offrir certains services vétérinaires aux personnes dans le besoin. Tout est encore à faire avec le projet», explique Liam Callaghan.
Ce dernier espère par ailleurs trouver des sources de financement supplémentaires pour élargir le service, et peut-être même inclure les autres communautés de la région dans le projet.
En attendant, il est important de noter que la Faculté de médecine vétérinaire de l’UdeM offre un service de télémédecine pour les animaux de compagnie du Nord. On peut y avoir accès en appelant le 450 778-8111.
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