Pêcheries: dépôt du rapport sur la gouvernance de la commercialisation du poisson au Canada

Des saumons pêchés au large de l’Alaska. (Lucas Jackson/Reuters)
Le comité ministériel suggère de transformer radicalement l’Office de commercialisation du poisson d’eau douce.

Après plusieurs mois d’attente, le Comité consultatif ministériel formé par Pêches, Océans et la Garde côtière canadienne a présenté un rapport de 54 pages sur la transformation de l’Office de commercialisation du poisson d’eau douce (OCPED). Sa recommandation principale est de faire de l’OCPED une fédération commerciale d’entreprises de transformation ou de groupes de pêcheurs.

L’OCPED a été créé en 1969 pour défendre les intérêts des pêcheurs du nord de l’Ontario, de l’Alberta, de la Saskatchewan, du Manitoba et des Territoires du Nord-Ouest et leur permettre d’avoir de meilleurs prix pour leurs pêches.

À son usine de transformation à Winnipeg, l’OCPED reçoit le poisson de ses membres, les transforme et les revend principalement aux États-Unis.

Mais au fil des ans, le marché a changé, les pêcheurs se sont encore plaints de prix trop bas et de la gouvernance. Toutes les provinces se sont retirées de l’OCPED, à l’exception des Territoires du Nord-Ouest (TNO).

Certains pêcheurs des provinces démissionnaires font encore affaire avec l’OCPED pour la transformation et la mise en marché, mais ils n’en ont plus l’obligation, contrairement aux pêcheurs des TNO. Au sein de l’OCPED, ces derniers sont de surcroit désavantagés par les couts générés par la distance.

Plus grand rôle décisionnel des pêcheurs

Présidé par Peter Vician, un ancien haut fonctionnaire du gouvernement des Territoires du Nord-Ouest, le Comité n’envisage pas la dissolution de l’OCPED, mais ne le considère plus comme valide.

Il suggère de transformer la gouvernance de l’OCPED sur trois ans en augmentant radicalement le rôle décisionnel des pêcheurs.

« Le Comité, est-il écrit, a conclu que les intérêts collectifs des pêcheurs commerciaux et des intervenants seraient mieux défendus si une nouvelle organisation de pêcheurs était créée. Cette entité reprendrait une partie ou la totalité des activités de l’OCPED et serait structurée comme une fédération commerciale d’entreprises de transformation ou de groupes de pêcheurs régionaux. »

La nouvelle gouvernance devrait tenir compte de la diversité géographique des pêcheurs et de la forte présence autochtone dans l’industrie.

Le présent conseil d’administration est formé d’un avocat, d’un consultant en développement économique, d’un homme d’affaires et d’un ancien sous-ministre.

Les propriétaires de la nouvelle organisation fédérée de pêcheurs pourraient être des organisations coopératives régionales existant déjà ou appelées à se constituer.

Une alternative envisagée serait qu’une société de développement économique autochtone assume en partie ou en totalité le rôle de l’OCPED.

Quelle que soit la nature de l’organisation qui prendra le relai, les auteurs du rapport soulignent qu’elle aura le défi de « coordonner la relation complexe entre la pêche, la transformation et la commercialisation du poisson, compte tenu de l’augmentation de la capacité de transformation régionale dans l’Ouest et le Nord canadiens qui se produit en ce moment. Si des mesures efficaces visant à coordonner ces activités ne sont pas prises, la surcapacité de transformation entrainera des inefficacités de production, des couts plus élevés et des prix plus bas pour les pêcheurs ».

Un meilleur échange de l’information

Pêches, Océans et la Garde côtière canadienne a indiqué à L’Aquilon que le gouvernement évaluait toujours les recommandations du Comité consultatif.

Au cours des prochains mois, indique le responsable des relations médias du ministère, Pêches et Océans Canada nommera un interlocuteur qui assurera la liaison entre les pêcheurs, les groupes autochtones et d’autres partenaires, et conseillera le gouvernement sur la volonté et la capacité de l’industrie de soutenir les pêcheurs et de coopérer dans le cadre d’un modèle dirigé par les pêcheurs.

L’interlocuteur travaillera avec les autres parties pour établir un comité de représentants de l’industrie de la pêche, dans le but d’améliorer les communications, l’échange d’information et la prise de décisions entre les pêcheurs et l’OCPED.

Des recommandations bien reçues

Tracy St-Denis est sous-ministre à Industrie, Tourisme et Investissement et responsable du dossier des pêcheries.

« Nous sommes encore en train d’évaluer le rapport, dit-elle. Mais après une lecture rapide, nous sommes optimistes quant à ses recommandations. »

« Le Comité consultatif ministériel propose la création d’une association formelle de producteurs de poissons, et ils souhaitent améliorer les communications [entre l’Office et les pêcheurs]. Je crois que c’est pertinent pour aller de l’avant. Dans la perspective du gouvernement et de nos pêcheurs, ça sera bon de faire partie de ce processus. »

Si le rapport ne propose pas à court terme de stratégie pour améliorer le prix des prises, Mme St-Denis estime qu’avec une participation accrue des pêcheurs aux décisions, le prix s’améliorera ultérieurement.

Selon le rapport, entre 2014 et 2016, les pêcheurs des TNO recevaient 3,32 $ pour un kilo de doré jaune, 1,59 $ pour un kilo de corégone et 0,59 $ pour un kilo de brochet.

Durant la même période et pour les mêmes espèces, les pêcheurs de la Saskatchewan recevaient 3,63 $, 1,32 $ et 0,65$.

Mme St-Denis ne voit pas de raison pour quitter l’entente avec l’OCPED.

« La Fédération des pêcheurs des Territoires du Nord-Ouest et la coopérative Tu Cho ont une relation de longue haleine avec l’OCPED. Avec son expertise dans le marketing et ses contacts, c’est une bonne relation et nous allons continuer avec eux. Le fait que le comité propose une grande participation des pêcheurs, c’est positif pour nous. »

Contactée par L’Aquilon, la Fédération des pêcheurs des TNO a réservé ses commentaires.

Denis Lord, L'Aquilon

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