Rapport du GIEC : Inuit et environnementalistes demandent l’interdiction du mazout lourd dans l’Arctique

La branche canadienne du Conseil circumpolaire inuit (CCI) et la Clean Arctic Alliance, qui regroupe 18 organisations non gouvernementales, demandent l’interdiction du transport et de l’utilisation de mazout lourd dans les eaux de l’Arctique. Cette image montre le brise-glace Amundsen de la Garde côtière canadienne, en septembre 2015. (Clément Sabourin/AFP/Getty Images)
À la lumière des conclusions du dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), une association inuit et un consortium d’organisations environnementales demandent d’interdire l’utilisation et le transport de mazout lourd dans l’Arctique.

« Les émissions de carbone noir dans l’Arctique, résultant de la combustion de carburants tels que le mazout lourd, accélèrent encore une fois la fonte de la glace de mer dans l’Arctique causée par les changements climatiques », a déclaré mercredi le conseiller principal de Clean Arctic Alliance, Sian Prior, dans un communiqué de presse.

La branche canadienne du Conseil circumpolaire inuit (CCI) et la Clean Arctic Alliance, qui regroupe 18 organisations non gouvernementales, affirment que l’élaboration d’une politique sur le sujet sera le seul moyen de réduire les risques de déversement pétrolier et d’émissions de carbone noir dans la région.

Portrait alarmant

Mercredi, le GIEC a rendu public son Rapport spécial sur l’océan et la cryosphère dans le contexte du changement climatique, un document d’environ 900 pages qui met en garde les dirigeants internationaux sur les coûts et les risques encourus à rester inactifs face aux changements climatiques.

Dans leur analyse, ils estiment de 30 à 60 cm la hausse du niveau des océans d’ici à 2100 et ce, même si les émissions de gaz à effet de serre sont fortement réduites et si le réchauffement de la planète est largement inférieur à 2 degrés, par rapport aux niveaux préindustriels.

Selon leurs projections, il est possible que cette hausse atteigne même de 60 à 110 cm si les émissions de gaz à effet de serre continuent d’augmenter considérablement.

Le réchauffement et l’acidification des océans, de même que la fonte précoce des glaces, menacent à la fois les espèces marines et les populations côtières qui en dépendent. (Sean Kilpatrick/La Presse canadienne)

« Le rapport prouve ce que les Inuit tentent de faire entendre depuis des décennies », a pour sa part déclaré la directrice de la branche canadienne du CCI, Monica Ell-Kanayuk, par voie de communiqué.

Dans un échange de courriels, le ministère fédéral de l’Environnement et des Changements climatiques a fait savoir que les conclusions du GIEC étaient, dans l’ensemble, conformes à celles dressées dans son rapport du mois d’avril.

Vulnérabilité croissante des populations et des écosystèmes nordiques

« Ce rapport montre clairement que notre inaction face à la crise climatique constitue une menace existentielle pour la santé des océans ce qui, par conséquent, nous menace tous et toutes », a affirmé jeudi la vice-présidente de la branche canadienne de l’organisme Word Wildlife Fund (WWF-Canada), Sigrid Kuehnemund, qui est spécialisée sur les océans.

La fonte précoce des glaces et la réduction de la couverture de glace ont contribué à accélérer le transport maritime ces vingt dernières années. L’organisation Clean Arctic Alliance cite notamment l’exemple du premier navire de croisière de luxe, le Crystal Serenity, à avoir traversé le passage du Nord-Ouest, en 2016.

L’année suivante, le méthanier russe Christophe de Margerie est devenu le premier navire de ce type à naviguer à travers la route maritime du Nord, le long de la côte de la Russie.

Sans oublier l’engouement grandissant de la Chine pour cette région, à travers laquelle elle entrevoit d’importants potentiels économiques. Au mois de mai, l’entreprise maritime chinoise COSCO a d’ailleurs annoncé qu’elle comptait accroître ses déplacements sur la voie maritime de l’Arctique.

Le premier brise-glace de l’histoire conçu et fabriqué en Chine, le Xuelong 2, est mis à l’eau à Shanghai. (STR/AFP/Getty Images)

Ces activités croissantes s’accompagnent toutefois de risques de déversements de carburant et d’autres contaminants liés au transport, ce qui augmente la vulnérabilité des populations locales et des écosystèmes marins. Certains experts croient d’ailleurs que le Canada est encore mal outillé pour réagir à de tels scénarios.

« L’interdiction du mazout lourd ne suffira pas, à elle seule, à inverser la crise climatique, mais ce serait un pas important dans la bonne direction et elle pourrait être mise en œuvre rapidement et facilement si nous passons simplement à l’utilisation de carburants plus légers et plus propres », estime le conseiller principal de l’organisation environnementale Clean Arctic Alliance, Sian Prior.

Dans le dernier rapport du GIEC, les quelque 100 auteurs insistent sur l’urgence de mieux encadrer le transport maritime, une démarche qui ne se concrétisera que s’il y a une coopération entre les États.

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