Élections canadiennes : l’environnement et les enjeux autochtones dans la mire des partis lors du débat en anglais

Six chefs ont pris part au premier débat officiel en anglais de la campagne électorale canadienne : Elizabeth May (Parti vert du Canada), Justin Trudeau (Parti libéral du Canada), Andrew Scheer (Parti conservateur du Canada), Maxime Bernier (Parti populaire du Canada), Yves-François Blanchet (Bloc québécois) et Jagmeet Singh (Nouveau Parti démocratique du Canada). (Justin Tang/La Presse canadienne)
À l’approche des élections canadiennes du 21 octobre, les chefs des six principaux partis politiques canadiens ont pris part au premier débat officiel en anglais; l’occasion de talonner leurs adversaires sur leurs engagements électoraux à l’égard des populations autochtones et en matière d’environnement.

Lundi, les chefs des six principaux partis fédéraux étaient réunis au Musée canadien de l’histoire, à Gatineau, au Québec, lors du premier débat officiel en anglais de la campagne électorale fédérale de 2019.

Le face-à-face électoral a réuni Justin Trudeau (Parti libéral du Canada), Andrew Scheer (Parti conservateur du Canada), Jagmeet Singh (Nouveau Parti démocratique du Canada), Yves-François Blanchet (Bloc québécois), Elizabeth May (Parti vert du Canada) et Maxime Bernier (Parti populaire du Canada).

Droits des peuples autochtones

Le segment du débat sur les enjeux autochtones a principalement tourné autour du projet de corridor énergétique proposé par le conservateur Andrew Scheer, un sujet sur lequel les autres chefs fédéraux ont vu l’occasion de remettre en doute sa capacité de respecter les droits des populations autochtones.

Le chef du parti de centre droit propose l’aménagement d’un corridor traversant toutes les provinces pour acheminer du pétrole d’ouest en est au pays, mais aussi pour exporter l’hydroélectricité du Québec dans l’ensemble du Canada.

Jagmeet Singh, Elizabeth May, Justin Trudeau et Yves-François Blanchet ont pour leur part réitéré leur engagement à mettre en œuvre la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, de même que les 94 recommandations du rapport de la Commission de vérité et réconciliation du Canada sur les pensionnats autochtones.

Outre l’application de ces recommandations, la chef du Parti vert du Canada, Elizabeth May, a aussi rappelé son intention de donner suite aux « appels à la justice » du rapport de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées (ENFFADA), rendu public au mois de juin, et d’enchâsser la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones dans la législation canadienne.

L’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées (ENFFADA) avait été lancée en septembre 2016 afin de déterminer les causes systémiques de la violence envers les femmes autochtones.

« Nous devons donner suite aux recommandations de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées (ENFFADA) et aux “appels à l’action” de la Commission de vérité et réconciliation », a affirmé la chef du parti de centre gauche, Elizabeth May, en ajoutant que le Canada avait « le devoir » de rendre justice aux populations autochtones.

Le rapport de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées, rendu public le 3 juin, regroupe 231 recommandations, dont 46 touchent spécifiquement les Inuit. (Jean-François Villeneuve/Radio-Canada)

« Une nation ne place pas sa culture, sa langue [et] son patrimoine entre les mains d’une autre nation, a pour sa part mentionné Yves-François Blanchet, le chef du Bloc québécois, l’un des partis de centre gauche. Nous ne sommes pas mieux placés qu’eux pour les représenter. »

En matière de réconciliation, Justin Trudeau s’est empressé de souligner le travail « qu’aucun autre gouvernement n’avait été capable de faire » depuis le début de son mandat. « Mais je suis aussi le premier à dire qu’il y a encore beaucoup à faire », a-t-il ajouté, en citant notamment comme exemples ses engagements d’indemniser les enfants autochtones confiés au système de protection de l’enfance et d’éliminer les avis sur la qualité de l’eau potable d’ici 2021 dans les communautés autochtones du pays.

Bon nombre de communautés autochtones sont encore régulièrement touchées par des avis temporaires d’ébullition de l’eau un peu partout au Canada.

« Nous allons nous assurer que l’eau soit potable partout [parce que] je n’accepte aucune excuse allant à l’encontre de cela en 2019 », a de son côté affirmé Jagmeet Singh, le chef du Nouveau Parti démocratique du Canada, un parti de centre gauche.

L’environnement dans la ligne de mire

Les six chefs ne se sont pas spécifiquement prononcés sur la manière dont ils comptaient faire face aux changements climatiques dans l’Arctique canadien, qui se réchauffe à un rythme trois fois plus rapide que le reste du globe, mais ils ont consacré de longues minutes aux engagements de leurs partis en matière d’environnement.

Lorsqu’il a voulu mettre de l’avant ses objectifs climatiques, le chef du Parti libéral du Canada, Justin Trudeau, a reçu plusieurs tirs groupés de ses adversaires concernant l’expansion du pipeline Trans Mountain.

« [Justin Trudeau] affirme être un leader climatique, mais que fait-il? Il achète un pipeline, a déclaré Jagmeet Singh. Il y a un grand écart entre ce que M. Trudeau dit et ce qu’il fait. »

« Nous reconnaissons que nous devons en faire plus pour lutter contre les changements climatiques […] et nous allons continuer à en faire davantage, s’est défendu le chef du parti centriste. C’est pourquoi nous allons atteindre [notre objectif] de zéro émission nette d’ici 2050. »

Plusieurs chefs se sont toutefois montrés dubitatifs lorsque le chef libéral a évoqué son engagement à faire du Canada un pays carboneutre d’ici 2050.

« Il parle de ses objectifs pour 2050, alors qu’il n’est même pas capable de respecter ses engagements d’ici 2030 », a affirmé le chef conservateur Andrew Scheer. Justin Trudeau s’est engagé à réduire les émissions de gaz à effet de serre du Canada de 30 % d’ici 2030, par rapport aux niveaux de 2005, un objectif qui avait initialement été fixé en 2015 par les conservateurs de Stephen Harper.

« Son plan est voué à l’échec », a lancé Andrew Scheer.

« Ça me brise le cœur de vous regarder aujourd’hui en sachant que vous auriez pu en faire tellement plus au cours des quatre dernières années », a déploré Elizabeth May en s’adressant à Justin Trudeau.

« Si nous ne respectons pas notre objectif de maintenir le réchauffement planétaire à une hausse de 1,5 degré Celsius, nous ne parviendrons pas à laisser à nos enfants un monde où ils peuvent vivre », a-t-elle ajouté, en insistant sur l’importance de prendre en compte les conclusions du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC).

Le 25 septembre, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a rendu public son rapport sur l’océan et la cryosphère, dans lequel il met en lumière les conséquences dévastatrices des changements climatiques sur l’Arctique et sur les populations qui y vivent. (Mark Ralston/AFP/Getty Images)

De son côté, le chef du Parti populaire du Canada, Maxime Bernier, n’y est pas allé avec le dos de la cuillère lorsqu’il s’est prononcé sur les engagements environnementaux de ses adversaires. « Tous les autres chefs affirment qu’ils peuvent changer le monde et sauver le climat [mais] ils ne peuvent pas », a-t-il martelé. « Ils affirment aussi qu’ils seront en mesure de respecter les engagements relatifs à l’Accord de Paris sur le climat [mais] ils ne peuvent pas, a ajouté le chef du parti populiste fédéral. Ils sont hypocrites. »

Premier débat officiel

Organisé par le Partenariat canadien pour la production des débats, le rendez-vous électoral s’est focalisé sur cinq sujets, à savoir le leadership au Canada et sur la scène internationale, la polarisation politique, les droits de la personne et l’immigration, les enjeux autochtones, la capacité financière et l’insécurité économique ainsi que l’environnement et l’énergie.

Pour la première fois, le débat des chefs a été traduit simultanément en plusieurs langues autochtones, soit le cri des plaines, l’ojibwé et l’inuktitut (langue inuit), une première occasion pour leurs locuteurs de suivre les échanges entre les chefs des principaux partis fédéraux.

Les six chefs se retrouveront à nouveau jeudi à l’occasion du débat officiel en français de la campagne électorale, qui s’articulera cette fois autour de cinq autres thèmes.

Les électeurs se rendront aux urnes le 21 octobre pour élire le 23e premier ministre canadien.

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