L’artiste autochtone Leela Gilday crée un orchestre panarctique canadien le temps d’un gala
La première expérience de directrice musicale de l’auteure et compositrice dénée Leela Gilday, qui a orchestré la cérémonie des Prix Inspiration arctique, a été un succès à son sens et, s’il faut en juger par les applaudissements, à celui des nombreux spectateurs qui assistaient à l’évènement.
Après les allocutions d’usage, l’artiste et animateur de radio des Territoires du Nord-Ouest Lawrence Nayally a parti le bal en chantant un air lent et solennel, accompagné de son tambour, d’une violoncelliste et de quelques-uns des musiciens qui allaient lui succéder, les Deantha Edmunds, Sylvia Cloutier, Josh Q and Trade-Offs, Boyd Benjamin et Kevin Barr.
Ce sont les dirigeants de la Fondation Rideau Hall, cogestionnaire de l’évènement, qui ont demandé à Leela Gilday d’être la directrice artistique de l’édition de 2020.
« J’ai pensé que c’était un défi artistique vraiment intéressant, dit celle qui siégeait également au jury octroyant les bourses. Je l’ai accepté et j’ai fait une liste d’artistes que je trouve excellents et qui représentent les cinq régions arctiques. Mon idée était de les faire jouer les uns avec les autres sur leurs propres pièces et ensuite qu’ils créent une chanson originale pour honorer les personnes en lice pour les prix. »
Une première
Selon la chanteuse de Yellowknife, c’était la première fois dans les cérémonies Inspiration arctique que les cinq régions du Nord partageaient la scène, et créaient de surcroît une chanson ensemble.
« Pour certains, c’est en dehors de ce qu’ils font habituellement », précise Mme Gilday, qui a remporté le 6 février le premier Prix Elles décerné par la Socan, ex aequo avec Haviah Mighty.
« Deantha Edmunds, par exemple, est une soprano inuk ; elle écrit de la musique classique, mais elle ne s’était jamais assise avec un groupe pour composer une chanson. […] Je pense qu’ils ont fait un travail vraiment exceptionnel et j’étais vraiment fière qu’ils la partagent et brillent sur scène. J’ai été émue. »
« J’ai collaboré avec ces musiciens étonnants, témoigne Deantha Edmunds, concédant que c’était hors de son créneau habituel. Mais c’était bien, nous nous sommes très bien entendus. […] J’étais contente de faire partie de ça. »
Mme Edmunds, qui retourne au Labrador pour travailler avec le Inuit Youth Choir, a aussi eu l’occasion d’interpréter sur scène une de ses propres compositions, accompagnée d’un quatuor à cordes.
« Je suis l’évènement au fil des ans, révèle-t-elle, et je suis toujours émerveillée par les artistes qui sont choisis. J’étais absolument ravie quand j’ai eu l’invitation pour me produire sur scène. »
Northern Lights
La biennale Northern Lights, peut-être la plus grande vitrine panarctique canadienne, était cette année jumelée avec Inspiration arctique.
Hormis une présentation consacrée à la collection d’art inuit de la Winnipeg Art Gallery, l’art était très peu présent dans les conférences, pour l’essentiel consacrées aux affaires, aux sciences, à l’environnement et à l’exploitation des ressources.
L’évènement présentait par contre un salon d’artisanat au troisième étage du Centre des congrès, au milieu duquel se sont déroulés contes, danses, défilé de mode et musique.
« Ça a été une année record de ventes pour les artisans », assure la responsable du volet artistique et artisanal de Northern Lights, Rowena House.
Beautiful products at the #NL2020 arts pavilion! pic.twitter.com/rCnMREjYyM
— Northern Lights (@NL2020Ottawa) February 6, 2020
Pour sa sélection des artistes, la directrice générale du Conseil des métiers d’art de Terre-Neuve-et-Labrador tente d’assurer une représentation équitable de toutes les régions arctiques et de bien doser le mélange d’artistes présents lors des éditions précédentes avec des artistes émergents.
L’équilibre entre les genres est aussi un objectif, mais, note-t-elle, il est difficile à atteindre.
Si elle était trop occupée pendant Northern Lights pour observer les performances des artistes, elle dit avoir entendu plusieurs commentaires élogieux à propos du trio folk rock Silver Wolf Band (Labrador) et de la troupe de danse de l’école Nunavut Sivuniksavut, basée à Ottawa, qui offrait aussi tambours et récits basés sur l’histoire inuite.