Un lac des Prairies du Canada serait à l’origine d’un refroidissement planétaire

La chercheuse Sophie Norris a passé trois ans à étudier le sol de la région de Fort McMurray pour ses recherches sur le lac glacial Agassiz. (Photo : Sophie Norris)

Le déversement dans l’océan Arctique d’un lac gigantesque situé dans les Prairies il y a environ 12 000 ans, pourrait être à l’origine d’une période de refroidissement planétaire ayant duré près de 2000 ans, selon une étude menée par une chercheuse de l’Université de l’Alberta.

C’est en se penchant sur les incidences de changements climatiques soudains que la docteure en géologie de l’Université de l’Alberta, Sophie Norris, a eu l’idée de s’intéresser au lac glaciaire Agassiz.

À l’époque, le lac était l’un des plus grands d’Amérique du Nord. Il s’étendait du nord de la Saskatchewan à la région qui abrite aujourd’hui les Grands Lacs en passant par le Manitoba et l’Ontario.

Selon la chercheuse, la fonte d’un énorme barrage glacier dans le nord de l’Alberta et de la Saskatchewan a permis au lac de se déverser dans l’océan Arctique.

« L’eau a éventré le paysage […] C’est ce qui a créé la vallée de la rivière Athabasca […] et nous permet aujourd’hui d’avoir accès aux sables bitumineux », dit-elle.

Pendant trois ans, Sophie Norris et des chercheurs de l’Alberta, du Royaume-Uni, de la République tchèque et de l’Espagne ont étudié les sédiments et les formations géologiques de la région de Fort McMurray, dans le nord de la province.

À l’aide de modèles informatiques, ils ont déterminé que 21 000 kilomètres cubes d’eau, soit près de l’équivalent des Grands Lacs, se sont déversés dans l’océan Arctique en moins de neuf mois.

Cela ne s’était jamais produit auparavant.Sophie Norris, géologue

« Deux millions de mètres cubes d’eau, soit 10 fois le débit d’eau à la seconde de la rivière amazonienne, déferlaient par seconde », précise-t-elle.

Retour à l’ère glaciaire

Selon la chercheuse, cet événement coïncide avec un refroidissement climatique soudain à l’échelle planétaire.

« Cela s’est produit à la fin de la dernière période glaciaire, quand le climat se réchauffait. Puis, soudainement, le climat s’est refroidi de nouveau », dit-elle.

Elle explique que ce refroidissement pourrait avoir été causé par l’énorme volume d’eau fraîche et froide déversé dans l’océan Arctique, puis dans le nord de l’océan Atlantique.

« Cela aurait pu modifier les courants marins et à travers une série de mécanismes, causer un retour à l’ère glaciaire », ajoute-t-elle.

D’après Sophie Norris, la prochaine étape de l’étude aura pour objectif de déterminer si l’événement a eu lieu avant le début du refroidissement ou après, afin de mieux comprendre son impact sur le phénomène climatique.

« Cela est très important pour notre compréhension des systèmes climatiques et des changements que nous observons aujourd’hui », conclut-elle.

Andréane Williams, Radio-Canada

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