Le monde sur un chemin « catastrophique » vers un réchauffement de 2,7 °C

Au 30 juillet, seuls 113 pays représentant 49 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre avaient déposé leurs engagements révisés afin de lutter contre le réchauffement. (Sean Kilpatrick/La Presse canadienne)
Les engagements déposés par les États signataires de l’Accord de Paris mènent le monde vers un réchauffement dramatique très loin de l’objectif de 1,5 °C espéré pour limiter les retombées destructrices du réchauffement, s’est alarmée l’ONU à six semaines de la COP26.

Le rapport évaluant les engagements nationaux de 191 pays, publié vendredi, « montre que le monde est sur un chemin catastrophique vers 2,7 °C de réchauffement », a déclaré le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres.

L’Accord de Paris vise à limiter ce réchauffement bien en deçà de 2 °C par rapport à l’ère préindustrielle, mais « l’échec à respecter cet objectif se mesurera à l’aune du nombre de morts et de moyens de subsistance détruits », a-t-il insisté, appelant tous les gouvernements à proposer des engagements plus ambitieux.

En vertu de l’Accord de Paris, chaque pays devait réviser d’ici fin 2020 sa contribution déterminée au niveau national (NDC). Mais au 30 juillet, seuls 113 pays représentant 49 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre avaient effectivement déposé leurs engagements révisés.

Avec ces nouvelles promesses, les émissions de ce groupe, dont les États-Unis et l’UE, seraient réduites de 12 % en 2030 par rapport à 2010. Une « lueur d’espoir » qui n’éclipse toutefois pas le côté « sombre » de ce tableau, a relevé la responsable du climat à l’ONU Patricia Espinosa.

« Dans l’ensemble, les chiffres des émissions de gaz à effet de serre vont dans la mauvaise direction. »Patricia Espinosa, responsable du climat à l'ONU

En prenant en compte l’ensemble des NDC – révisées ou non – des 191 pays signataires, les émissions devraient augmenter de 16 % en 2030 par rapport à 2010, alors qu’il faudrait les réduire de 40 % d’ici 2030 pour rester sous 1,5 °C, ou de 25 % pour 2 °C.

Une augmentation « considérable » qui « pourrait entraîner une hausse de la température d’environ 2,7 °C d’ici la fin du siècle » alors que chaque fraction de degré supplémentaire multiplie les conséquences dramatiques.

Le dernier rapport des scientifiques du GIEC publié en août mettait déjà en garde contre un risque d’atteindre le seuil de 1,5 °C autour de 2030, 10 ans plus tôt qu’estimé, menaçant l’humanité de nouveaux désastres sans précédent.

Un ours polaire photographié dans la baie d’Hudson au Canada. Les chercheurs craignent que le réchauffement climatique ne mette en danger les zones arctiques. (Paul J. Richards/AFP)

Dans ce contexte, « la COP26 doit être un succès », a martelé Patricia Espinosa, appelant les États à négocier en étant « poussés pas uniquement par le désir légitime de protection de leur intérêt national, mais aussi par l’objectif de contribuer au bien-être de l’humanité ».

Alors qu’une dernière évaluation sera réalisée d’ici fin octobre, elle espère également de nouveaux engagements.

« Sans l’action de tous les pays, et notamment des plus grandes économies, les efforts risquent d’être vains », a dit de son côté le président de la COP26 Alok Sharma.

« Sortir de cette galère »

L’attention est notamment tournée vers la Chine, responsable de plus d’un quart des émissions mondiales de CO2. Le président Xi Jinping a annoncé il y a un an viser la neutralité carbone d’ici 2060 et un pic d’émissions « autour de 2030 », mais sans réviser sa NDC.

Au-delà de la Chine, tout le G20 est dans le collimateur des défenseurs du climat.

« Il est plus que temps qu’ils soient à la hauteur et qu’ils traitent cette crise comme une crise », a lancé le président du groupe des Pays les moins avancés, Sonam P. Wangdi.

« Ces pays ont provoqué cette crise et malgré tout échouent à faire preuve du leadership nécessaire pour nous sortir de cette galère », a ajouté Mohamed Adow, du groupe de réflexion Power Shift Africa.

La question de la responsabilité des grandes économies fait partie des tensions récurrentes sur la scène diplomatique climatique, tout comme la question de l’aide financière.

Les pays du Nord se sont engagés en 2009 à porter à 100 milliards de dollars par an d’ici 2020 l’assistance aux pays du Sud. Selon les chiffres de l’OCDE publiés vendredi, cette aide se montait en 2019 à 79,6 milliards.

La situation inquiète Antonio Guterres. « La lutte contre le changement climatique ne sera un succès que si tout le monde s’unit pour plus d’ambition, de coopération, de crédibilité, a-t-il déclaré. Il est temps pour les dirigeants de prendre position et tenir leurs promesses, ou les populations dans tous les pays en paieront le prix. »

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