Dans le Grand Nord canadien, une Franco-Ténoise transforme du fil de cuivre en dons pour des organismes de charité

Diane Haché, une Ténoise d’adoption, a passé de nombreux mois à récupérer des fils de cuivre issus du travail à la mine de diamant Diavik pour les vendre au plus offrant. Elle offre ses recettes à des organismes de charité du territoire.
C’est une idée un peu folle qu’a eue Diane Haché en 2019. Une idée qu’elle raconte notamment dans son livre Oser, paru cette année.
Il y a deux ans, cette Acadienne de Caraquet, au Nouveau-Brunswick, et jeune retraitée de la mine de diamant Diavik de Rio Tinto, a eu vent d’une occasion par un ancien collègue.
Ses anciens employeurs cherchent alors une personne capable de se lancer dans un travail fastidieux : trier des fils de cuivre issus de la mine pour ne garder que le précieux métal, le classer en fonction de sa qualité et le revendre pour la bonne cause.
« Je n’avais aucune idée ce dans quoi je m’embarquais », reconnaît l’ancienne opératrice de machineries lourdes.
Un travail colossal
Pour recycler les fils de cuivre, elle doit d’abord retirer la gaine de plastique. Pour ce faire, il lui a fallu trouver un endroit où travailler à Yellowknife. Cet endroit, c’est un abri d’auto non chauffé prêté par l’entreprise Arctic West. L’entreprise lui fournit également l’électricité.
Mme Haché s’y est installée avec quelques outils et machines prêtées par la mine pour lui faciliter la tâche. Elle reçoit des sacs de fils usagers (39 tonnes, en 2019) et elle peut commencer son travail. De temps en temps, d’autres bénévoles viennent l’aider.
Elle a des sacs adaptés, offerts par l’entreprise locale KBL Environmental, qu’elle remplit de cuivre. Certains peuvent peser jusqu’à deux tonnes.
Puis, elle les revend à une entreprise de Vancouver qu’elle a elle-même dénichée. Elle avoue aussi avoir négocié des accords avec une compagnie de transport pour envoyer le métal vers le sud à moindre coût.

Même si elle qualifie son travail de gratifiant, elle ne cache pas qu’il peut aussi s’avérer épuisant. Par moments, elle travaille sept jours par semaine, à raison de huit heures par jour.
La première année, alors qu’elle n’avait pas encore d’expérience, elle explique avoir eu des tendinites. « C’était un apprentissage en cours, puis j’ai fait des choses que je n’aurai pas dû faire. »
Près d’un demi-million de dollars à distribuer
Au total, ses ventes de cuivre devraient atteindre près de 500 000 $.
En 2020, sa première vente lui a permis de récolter 94 000 $ grâce au travail effectué en 2019. À la deuxième vente, c’était 178 000 $. Pour sa vente de 2022, qui représente le travail effectué en 2021, elle s’attend à ramasser 200 000 $, grâce aux cours élevés du cuivre.
En 2020, tout l’argent a été versé au refuge pour femmes autochtones de la Yellowknife Women’s Society, un organisme dont le travail lui tient particulièrement à cœur. « Ce sont elles [les femmes autochtones] qui canalisent l’énergie des enfants, elles sont la colonne vertébrale de la famille. »
L’année suivante, 125 000 $ ont été offerts au nouveau refuge de Hay River. Le reste a été distribué à plusieurs organismes, dont la Banque alimentaire de Ulukhaktok et l’organisme de santé autochtone Arctic Indigenous Wellness.

Transformer le cuivre en or
Pour chaque don, Rio Tinto fait également une contribution. Amanda Annand, qui s’occupe du mécénat pour la compagnie, ne cache pas son admiration pour Mme Haché.
En effet, si le cuivre avait été vendu tel quel, comme cela a été fait par le passé, sa valeur n’aurait pas été la même, explique-t-elle.
Mme Haché affirme avoir encore deux semaines de travail cette année, « dans le froid et dans la neige ».
Si Rio Tinto veut continuer à fournir la bénévole le plus longtemps possible, Mme Annand note tout de même que la mine doit cesser ses opérations en 2025. « On aura de moins en moins de matériaux au fur et à mesure que l’on se rapproche de la date de fermeture. »
Diane Haché, elle, est prête à rester aussi longtemps qu’il le faut, peu importe la température et la fatigue, bien consciente qu’elle ne peut pas changer le monde, mais qu’elle peut néanmoins « l’améliorer. »