La pandémie crée des «montagnes russes financières» pour les entreprises du Grand Nord canadien

Ken Lindholm, qui possède le magasin, l’auberge et le restaurant End of the Road, à Tuktoyaktuk, a dû se séparer de quatre employés. (Mario De Ciccio/Radio-Canada)
Alors que la planète est sur le point d’entrer dans sa troisième année de pandémie, les entreprises des Territoires du Nord-Ouest font tout en leur possible pour continuer à survivre.

Depuis l’Arctique, à Tuktoyaktuk, jusqu’à la capitale territoriale, Yellowknife, les entreprises ont été mises à rude épreuve par de nombreuses éclosions de COVID-19, par la perte des touristes et par l’incapacité de l’aide gouvernementale à couvrir la totalité des pertes subies au cours des deux dernières années.

« Ce sont des montagnes russes financières », résume Ken Lindholm, le directeur du magasin End of the Road.

Durant la haute saison touristique, End of the Road, qui comprend un magasin, une auberge et un restaurant à Tuktoyaktuk, emploie sept personnes. Aujourd’hui, elles ne sont plus que trois.

Le magasin est ouvert 7 heures par jour, alors que le restaurant et l’auberge sont fermés.

« On ne peut pas avoir cinq employés parce qu’ils n’auraient quasiment pas d’heures. »

Le président de la Chambre de commerce de Yellowknife, Robert Warburton, explique que l’organisme a récemment sondé, par courriel, les entreprises locales sur leur état actuel.

Le président de la Chambre de commerce de Yellowknife, Robert Warburton, affirme connaître trois entreprises qui devront mettre la clé sous la porte dans les deux prochains mois. (Robert Warburton)
Certains propriétaires nous ont appelés. Ils étaient trop émus devant le risque de perdre leur affaire pour pouvoir le mettre par écrit. Il y a une grosse souffrance financière en ce moment.Robert Warburton, président de la Chambre de commerce de Yellowknife

M. Warburton implore le gouvernement de rouvrir le territoire au tourisme avant que des entreprises ne ferment pour de bon. Certains propriétaires doivent piger dans leurs économies personnelles, ajoute-t-il.

D’autres sont devenus insolvables, particulièrement dans l’industrie touristique, au point où certains ont dû vendre leurs biens. Certaines entreprises ont déclaré à la Chambre de commerce que leurs revenus annuels ont chuté d’environ 70 %.

Des aides financières insuffisantes

Eric Binion, le propriétaire du café Barren Ground de Yellowknife, ressent la pression de la dernière vague. Il affirme avoir perdu 60 % de ses revenus.

« C’est notre pire mois, pire que lors du premier confinement. Ce serait bien de recevoir une aide rétroactive. »

Il explique que les programmes de subventions salariales ont permis à Barren Ground de conserver son personnel, même lorsque les revenus ont chuté, et il espère qu’un rebond de la trésorerie suivra une baisse du nombre de cas.

Robert Warburton note que, lorsque le variant Omicron s’est répandu au territoire, il n’y a pas eu de confinement formel décrété par le gouvernement, ce qui a empêché certaines entreprises de bénéficier de l’aide gouvernementale.

De nombreuses entreprises ont atteint le maximum de ce qu’elles pouvaient obtenir des programmes de financement territoriaux lancés à l’automne, comme le Programme d’appui aux entrepreneurs et au développement économique, qui offre jusqu’à 5000 $ par entreprise touchée par les restrictions sur les rassemblements.

« C’est loin d’être suffisant pour compenser les pertes de revenus dues à l’absence de personnes au centre-ville. »

La Chambre de commerce prévoit de rencontrer le gouvernement territorial en février.

Joshua Earls, à droite, qui possède l’épicerie Ramparts, et ses trois frères ont créé un service de livraison pendant la pandémie. (Joshua Earls)
Un peu d’optimisme pour l’été

Joshua Earls, qui possède l’épicerie et la quincaillerie Rampart Rentals, à Norman Wells, est le président de la Chambre de commerce locale.

Selon lui, la baisse du tourisme a entraîné un déclin économique général dans la région et il a dû s’adapter, notamment en créant un service de livraison pour les personnes isolées.

Les affaires, dit-il, « marchaient bien » avant la pandémie, mais les voyagistes « n’ont pas été autorisés à venir ici l’été dernier. Ils apportent beaucoup de trafic piétonnier et cela crée un peu d’animation dans la ville ».

Il est tout de même optimiste puisque certains organisateurs de voyages d’été ont déjà passé des commandes de fournitures qui seront livrées par la route d’hiver.

« Toute activité commerciale supplémentaire a un impact assez significatif sur nous. Nous espérons que le [tourisme] reviendra cet été. »

Avec les informations d’Avery Zingel

Radio-Canada

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