Au Yukon, un chercheur étudie les microplastiques présents dans l’air
Un chercheur de l’Université du Yukon et ses deux assistants se sont intéressés aux microplastiques présents dans l’air, à Whitehorse, sur les deux dernières années.
Si jusqu’ici les microplastiques ont habituellement été associés aux océans, une étude vient montrer que ces minuscules particules peuvent aussi se trouver dans les airs de la capitale yukonnaise.
Pour le démontrer, l’équipe du chercheur John Postma de l’université territoriale a construit des conteneurs en métal, similaires à des pièges à insectes, contenant de l’eau ultrafiltrée. En tombant de l’atmosphère, les particules atterrissaient dans le conteneur et se retrouvaient prises au piège dans l’eau.
Ces outils de récupération ont été placés à quatre endroits de Whitehorse et le contenu était vidé chaque mois pour obtenir des données continues. L’équipe a ensuite filtré l’eau avec un filtre en fibre de verre micrométrique. Après avoir compté les microplastiques en les observant au microscope, elle a été capable d’estimer la quantité déposée dans ces zones de la ville.
Cette étude fait de Whitehorse l’une des seules villes du monde où le dépôt de microplastiques est mesuré. Le travail subit un processus de révision par les pairs.
Des microplastiques présents partout
John Postma, l’auteur principal de la recherche et un instructeur de maths, de physique et de statistiques à l’Université du Yukon, explique avoir décidé de travailler sur le sujet, car peu de recherches ont été faites sur la pollution atmosphérique aux microplastiques.
« Il y a une grande couverture médiatique et de nombreuses publications scientifiques sur la pollution aux microplastiques dans les océans et les réserves d’eau. »
Les microplastiques présents dans l’air prennent plusieurs formes et viennent de différentes sources, indique M. Postma, mais ils sont généralement issus de déchets plastiques. Comme le plastique se biodégrade très lentement, il se fragmente en petits morceaux qui peuvent être transportés par les courants aériens.
John Postma suspecte que la moitié des microplastiques capturés par son équipe ont été produits par la Ville de Whitehorse.
Janice Brahney, une chercheuse en microplastiques canadienne qui n’a pas participé à l’étude, mentionne que les villes produisent bon nombre de ces particules, mais qu’elles n’atteignent pas forcément l’atmosphère puisque les immeubles peuvent bloquer les courants de vent.
Selon elle, la méthode utilisée par M. Postma et par son équipe ne devrait pas être vue comme une façon de mesurer la quantité de microplastiques présents dans l’air, mais plutôt comme une manière de mesurer le dépôt de ces particules qui étaient dans l’air.
Elle pense tout de même que les données sur le dépôt de microparticules peuvent être utiles pour étudier le mouvement des composants atmosphériques dans l’environnement terrestre.
Des données importantes
Dans une précédente étude, la professeure à l’Université d’État de l’Utah a enquêté sur les sources des plastiques présents dans l’air et sur la façon dont ils ont pénétré l’atmosphère.
Elle a dégagé trois façons principales : par le frottement des pneus des véhicules sur les routes, par le mouvement des vagues sur les océans et par les pratiques d’agriculture.
Janice Brahney est « très contente » de la réalisation de l’étude de l’Université du Yukon.
« En tant que communauté de chercheurs, nous avons besoin de tellement plus d’informations. »
À ce jour, affirment Mme Brahney et M. Postma, les effets à long terme de la respiration de microplastiques sur la santé ne sont pas connus.
John Postma souhaiterait maintenant étendre ses recherches à d’autres communautés du territoire.
« Il s’agit d’un système de collecte de microplastiques à faible coût et à faible maintenance, qui peut être utilisé dans des zones reculées. »
Avec les informations de Maya Lach-Aidelbaum