Les chasseurs d’ours polaires du Nord canadien mécontents d’un nouveau système de quotas

Selon les chasseurs, la population d’ours polaire dans la péninsule Boothia est en bonne santé. Ils se plaignent d’un nouveau système de gestion de l’ours polaire de la zone. (Jane George/CBC)
Lors d’une discussion du Conseil de gestion de la faune du Nunavut la semaine dernière, les chasseurs du territoire ont réservé un accueil glacial au nouveau système de gestion des ours polaires mis en place par le ministère de l’Environnement.

Le Harvest Administration and Credit System (HACCS), un système de crédits approuvé récemment, n’offre aucune amélioration par rapport aux quotas déjà en place depuis 2005, croit Ema Qaggutaq, l’agent de liaison du Conseil régional de la faune de Kitikmeot, qui a fait une présentation au nom du groupe lors de la réunion du conseil de gestion.

« Le plan de gestion actuel de l’ours polaire et le HACCS continuent d’encourager la perception et la gestion de ces animaux comme des crédits et des numéros. Cela contraste avec la vision inuit des ours polaires. Ils les voient comme étant animés et sensibles à la façon dont les gens pensent à eux, en parlent et les traitent. »

La discussion concernait la chasse à l’ours polaire dans la péninsule Boothia, qui, avec 1600 spécimens, présente la plus haute densité de ces ursidés au Nunavut.

Selon les chasseurs de la région, le nombre d’ours polaires a augmenté, dans la région, au cours des deux dernières décennies. Ils affirment aussi que leur condition physique est bonne.

« Le comportement change également lorsqu’il y a plus d’ours. Les ours polaires sont plus agressifs lorsque la densité de leur population est plus élevée. »

Perte de crédits

M. Qaggutaq craint que la gestion de l’animal aille désormais dans la mauvaise direction.

Les chasseurs de Gjoa Haven, Sanirajak, Igloolik, Kugaaruk, Naujaat et Taloyoak, dans la péninsule Boothia, n’ont pas atteint leurs quotas annuels de 74 ours polaires depuis des années. Ils ont donc amassé un crédit de 141 individus depuis la saison de chasse 2019-2020.

Avec les changements de quotas à venir, ils risquent cependant de perdre tous ces crédits accumulés au fil des ans, à cause des ours qu’ils n’ont pas chassés.

Le HACCS prévoit, en effet, de remettre tous les crédits à zéro lorsqu’il y a un changement de quotas.

Pour Ema Qaggutaq, remettre à zéro les crédits sans augmenter de façon importante les quotas est « injuste ».

Des porte-parole d’associations de chasseurs et trappeurs des communautés touchées croient que les quotas pour la péninsule Boothia devraient être augmentés à 100.

Une peau d’ours polaire à Iqaluit, au Nunavut (Matisse Harvey/Radio-Canada)

Plusieurs intervenants ont également déploré le manque de communication du gouvernement territorial avec les Inuit.

Le président du Conseil de gestion de la faune du Nunavut (NWMB), Dan Shewchuk, a suggéré qu’il fallait consulter davantage les communautés sur l’utilisation des crédits et le nouveau système de gestion.

Lors de la rencontre, Lauren Schmuck, une représentante pour Environnement et Changement climatique Canada, a aussi rappelé aux participants que la gestion des ours polaires par le Nunavut était observée au niveau international pour sa durabilité.

La Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES) a déjà recommandé de faire passer l’ours polaire de l’annexe II à l’annexe I de la CITES. Cette catégorie est réservée aux espèces menacées d’extinction telles que les tigres, les gorilles, les rhinocéros et les pandas, et interdirait tout commerce international de parties d’ours polaires.

Dans une déclaration au NWMB, Joe Ashevak, de l’Association des chasseurs et trappeurs de Spence Bay, a soutenu que « les ours polaires font partie de notre alimentation et les membres de Taloyoak voudraient chasser pas seulement pour la vente des peaux, mais pour la confection de vêtements ».

Le NWMB doit rendre ses recommandations sur la gestion des ours polaires dans la péninsule Boothia au ministre de l’Environnement du Nunavut, David Akeeagok.

Avec des informations de Jane George

Radio-Canada

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