Les changements climatiques modifient les forêts du Nord canadien, selon une étude

Le parc national de Kluane, au Yukon. Selon une nouvelle étude, le fait que les trembles font concurrence aux forêts d’épinettes blanches dans cette région pourrait être lié aux changements climatiques. (Sean Kilpatrick/La Presse canadienne)
Selon une étude, les changements climatiques ont des conséquences sur la composition de plusieurs zones forestières du Yukon.

Au Yukon, le visage des forêts semble changer avec la pousse de plus en plus de plantes décidues, des arbres qui perdent leurs feuilles à l’automne et les retrouvent au printemps.

Kristen Reid, l’autrice principale de l’étude publiée dans la revue Environmental Reviews, affirme que les sécheresses, les feux de forêt et le dégel du pergélisol contribuent au changement du paysage forestier. Elle explique que les conifères, qui dominent les forêts du territoire, semblent mener une lutte perdue d’avance face aux plantes décidues, comme les trembles.

C’est le cas notamment dans la région de Kluane, où les trembles, et même la prairie, empiètent sur les forêts d’épinettes blanches. La recherche soutient que les conditions idéales de pousse sont amenées à devenir « de plus en plus rares ».

« Jusqu’en 2090, les projections en ce qui concerne le Yukon incluent un basculement de la forêt boréale à la prairie, de la toundra arctique à la fruticée (où dominent les arbustes) et la forêt et de la toundra alpine à la forêt, avec l’incursion de prairies de type nord-américain », notent les chercheurs dans l’étude.

L’île Herschel, située dans le nord du Yukon, dans l’océan Arctique, est connue pour sa vaste toundra. Les arbustes et arbrisseaux que l’on retrouve plus au sud commencent pourtant à pousser dans la région, ajoute Kristen Reid, une doctorante à l’Université Mémorial, à Terre-Neuve-et-Labrador.

« C’est très clair que des changements sont en train d’avoir lieu », note-t-elle.

Des changements importants

Les chercheurs se sont penchés sur des études similaires remontant jusqu’aux années 1980 et ont identifié des modèles qui pointent dans la direction de gros changements dans la composition des forêts.

Kristen Reid affirme aussi que les preuves montrent que les feux de forêt peuvent altérer de façon importante des types d’arbres dominants dans une zone délimitée. Elle ajoute que le problème s’intensifie et les feux deviennent plus fréquents et plus intenses.

« Mais cela change aussi les plantes que nous voyons sur le sol. Des choses similaires se produisent après un dégel conséquent du pergélisol. »

La scientifique précise qu’il est important de réaliser que nous pouvons faire des choses pour aider.

L’étude souligne aussi un manque de données sur les problèmes dans certaines régions, comme les zones subalpines arctiques et subarctiques. C’est pourquoi ses auteurs suggèrent que des efforts régionaux soient faits, notamment en matière d’imagerie par satellite et l’échantillonnage des parcelles.

Don Reid, coauteur de l’étude et zoologue avec la Société de conservation de la faune, pense que davantage de choses peuvent être faites pour aider certaines espèces de plantes. Par exemple, planter plus de pins tordus et d’épicéas noirs, qui sont tous deux soumis à des pressions.

« L’avantage net, dans l’ensemble, est d’essayer de maintenir une plus grande diversité dans le paysage et de lutter contre ce qui semble être une tendance à l’homogénéisation. »

Lorsque les forêts deviennent moins diversifiées, ajoute-t-il, d’autres problèmes apparaissent. Dans ce cas-ci, lorsque les plantes décidues prennent le pas sur les conifères, cela peut avoir un impact sur les sources de nourriture clé de certains animaux, comme les caribous, qui dépendent en grande partie du lichen.

« Nous pouvons tenter d’intervenir, nous pouvons tenter de diriger certains de ces processus qui se produisent dans la nature de telle sorte à modérer certains des effets négatifs potentiels. » 

Avec les informations de Julien Gignac

Radio-Canada

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