Un projet de loi du Sénat américain vise à renforcer la présence des États-Unis dans l’Arctique
La sénatrice républicaine de l’Alaska Lisa Murkowski a déposé cette semaine au Congrès un projet de loi qui vise à accroître la présence américaine dans l’Arctique en matière de sécurité nationale, de navigation, de recherche scientifique et d’échanges commerciaux.
L’objectif explicite est de contrer la Russie qui exerce un contrôle de plus en plus grand sur les routes maritimes du Nord, selon Washington.
Le projet de loi, nommé « Améliorer la position des États-Unis en tant que nation arctique en facilitant une plus grande accessibilité maritime, des partenariats commerciaux solides et des infrastructures fiables », est coparrainé par le sénateur indépendant du Maine Angus King.
Le projet de loi ferait des ports alaskains de Nome, d’Unalaska et de Port Clarence, notamment, des lieux stratégiques où la marine et la garde côtière seraient établies en permanence. Le port de Nome est en train d’être agrandi pour devenir un port en eaux profondes pouvant accueillir une plus grande gamme de navires.
S’il est adopté, ce texte ferait aussi en sorte d’obliger le département des Transports à faire rapport au Congrès sur l’influence qu’exerce la Russie sur les routes maritimes commerciales dans l’Arctique. Le texte mentionne un plan pour « éliminer le monopole russe sur la navigation dans la région arctique » afin de permettre une présence accrue des États-Unis dans ce domaine.
Ces dernières années, la Russie a développé une flotte de brise-glace pour naviguer efficacement dans le Grand Nord et tirer profit des possibilités qu’offre le passage du Nord-Est avec la réduction graduelle de la banquise en raison du réchauffement climatique.
Cette route, qui n’est navigable qu’une partie de l’année, permet de raccourcir le trajet des cargos entre l’Europe et l’Asie. Elle facilite également l’exportation des ressources énergétiques de la Russie qui proviennent en bonne partie de l’Arctique.
La Russie considère les régions de l’Arctique au nord de ses côtes comme faisant partie de ses eaux intérieures sur lesquelles elle a l’exclusivité en matière de navigation, alors que les États-Unis les perçoivent comme des eaux internationales.
Investir dans les « pays arctiques », exclusion faite de la Russie
Le projet de loi du Sénat américain vise une plus grande collaboration entre les États-Unis et les autres États circumpolaires et une hausse des investissements dans ces pays, en excluant la Russie. Il y est question de travailler plus étroitement avec les organisations autochtones dans ces pays, notamment.
Le texte vise aussi la négociation d’un traité de libre-échange avec l’Islande et la création de visas de négociants/investisseurs pour les Islandais.
Finalement, le projet de loi propose le renforcement du statut du comité sur les questions arctiques au sein de l’exécutif américain.
La sénatrice Murkowski, qui s’est exprimée dans les médias lors du dépôt du projet de loi, juge primordiale cette approche dans l’Arctique dans le contexte géopolitique actuel.
« Vous n’avez qu’à regarder ce que fait notre proche voisin de l’autre côté [du détroit de Béring] et reconnaître qu’il n’est pas resté inactif. La Russie a établi une présence militaire dans la partie orientale du pays. Nous fermons les yeux devant cela à nos risques et périls », a-t-elle affirmé en entrevue au journal Anchorage Daily News.
« La façon dont nous abordons l’Arctique façonnera l’ordre mondial », plaide-t-elle par ailleurs dans un texte d’opinion dans le journal The Hill, en réclamant la création d’un poste d’ambassadeur américain pour l’Arctique à l’international.
Les États-Unis sont une nation arctique, et il est grand temps que nous réfléchissions et agissions de manière stratégique pour saisir les nouvelles opportunités du Grand Nord, ainsi que pour relever les défis de la région », a quant à lui déclaré le sénateur Angus King, dans un communiqué.
« Nous ne pouvons pas être des spectateurs dans la région au moment où nous sommes à un véritable point d’inflexion dans l’Arctique », ajoute-t-il.
Le projet de loi devra être étudié par les élus du Congrès pour pouvoir être adopté.