Les ulus d’un artisan inuk de Yellowknife repérés par le détaillant Simons
Kenneth Ingniqjuk Piugattuk Mackay est un artisan inuk originaire de Yellowknife, dans le Nord canadien, qui travaille le bois et le métal. Entre mise en valeur d’un savoir-faire traditionnel et écoresponsabilité de sa démarche, ses créations se retrouvent désormais en vente chez le célèbre détaillant Simons.
« J’ai toujours voulu être coutelier, mais pas spécifiquement d’ulu », lance l’artisan. L’ulu est un couteau traditionnel inuit dont la traduction signifie « couteau de femme ».
« C’est un outil multiusage traditionnellement conçu pour les femmes, détaille l’artisan. À l’époque, c’était un objet très important à avoir et il est encore largement utilisé par les Inuit pour de nombreuses choses. »
Traditionnellement, l’ulu sert pour la découpe des aliments, la couture, mais aussi pour l’écharnage des peaux. « J’utilise le mien pour tout, de la récolte dans le jardin à la découpe des pizzas. D’ailleurs, c’est un excellent couteau à pizza! »
Une collaboration avec Simons
Son premier ulu, l’artisan le confectionnera par nécessité en 2018. « Nous avions déménagé dans le Sud, et ma femme n’avait pas d’ulu pour couper son maktaaq [mets traditionnel composé de peau et de lard de mammifères marins]. J’ai montré une photo de cet ulu à ma mère, et elle était plutôt satisfaite. Elle me racontait que ma grand-mère en fabriquait de la même manière avec de vieilles lames de scie », se remémore-t-il.
Ce premier couteau signera le début d’une belle histoire entrepreneuriale. « Les gens ont commencé à me demander si je voulais en faire un pour eux aussi. Et après un flot de demandes, j’ai décidé de lancer Urban Inuk. »
Urban Inuk représente les valeurs de son créateur. L’entreprise qui se spécialise dans la conception d’ulu le fait à partir de matériaux recyclés dans une démarche écoresponsable de réutilisation des ressources, fidèle à la culture inuit et le qaujimajatuqangit inuit, le savoir traditionnel inuit.
Sa démarche et ses créations attireront l’œil des spécialistes de la célèbre marque québécoise de vêtements et de décoration Simons. « J’ai été contacté par l’enseigne l’année dernière pour voir s’il y avait un intérêt pour une future collaboration et les choses se sont vraiment mises en place cette année. »
Plusieurs ulus issus de ses collections Tarraq et Arvik sont commercialisés par le détaillant. Les objets peuvent être utilisés pour leur usage initial ou exposés comme une œuvre d’art. « C’est bien de voir une grande entreprise comme celle-ci travailler avec des artistes autochtones de manière collaborative et équitable. J’espère que d’autres entreprises suivront », dit le coutelier au sujet de son partenariat.
Toujours à la recherche de perfectionnement, l’artisan a récemment suivi un cours de forge à l’Institut de technologie du nord de l’Alberta à Edmonton. « Ce cours était génial, s’exclame M. Mackay. Je suis ravi de faire évoluer ma propre pratique et surtout d’avoir la possibilité d’utiliser davantage de métal recyclé et donc de générer moins de déchets, c’est une notion très importante pour moi. »
Les réalisations de Kenneth Ingniqjuk Piugattuk Mackay sont disponibles sur son site Urban Inuk et dans les magasins Simons.