Ça roule au Nunavik!
Un parc de planche à roulettes a été inauguré samedi dernier à Inukjuak, communauté nordique de presque 2000 habitants. Pour l’occasion, le planchiste professionnel cri Joe Buffalo était sur place.
« C’était vraiment incroyable, mais je n’étais pas préparé… J’ai vécu un choc culturel. Je ne parle pas inuktitut, il y avait beaucoup de barrières, mais l’ambiance était incroyable. Et j’ai pu partager ce que je fais », a expliqué ce sportif originaire de la communauté crie de Samson, au sud d’Edmonton.
Ce projet, soufflé par la communauté inuit d’Inukjuak et porté par Caroline Gleason, a été possible grâce à la participation de l’organisme européen Make life skate life. Il a été financé entre autres par l’Innulitsivik Health Centre, la Société Makivik et la municipalité d’Inukjuak.
« La communauté cherchait à occuper positivement les jeunes pour réduire le taux de suicide, de crime et de consommation. Cette idée de parc pour planche à roulettes vient d’elle », explique Caroline Gleason, qui est enseignante au primaire dans la communauté depuis deux ans.
Elle avait eu vent du projet de Flore Deshayes, une travailleuse sociale qui a réussi à rejoindre les jeunes Inuit à Salluit avec un projet de cours de planche à roulettes justement.
« En plus, je savais que l’entreprise CRT Construction installerait un barrage dans le secteur, alors c’était l’occasion, car le parc serait fait en béton et tous les matériaux seraient déjà sur place », raconte-t-elle en évoquant les difficultés d’approvisionnement du Nord.
« Je suis allée les voir et leur demander s’ils voulaient participer au projet. S’ils n’avaient pas embarqué, ça nous aurait coûté 1 million de dollars », ajoute-t-elle.
C’est ainsi que la construction, réalisée par l’organisme Make life skate life, a commencé en août 2022.
Si un tel projet est salvateur pour les jeunes Autochtones du coin, c’est parce qu’il leur permet de trouver une occupation.
« Il y a peu d’infrastructures ici pour les tenir occupés en été. Ceux qui ne partent pas à la chasse ou en camping restent ici, dans des logements surpeuplés, alors ils sont souvent dehors », indique Mme Gleason.
« Il y a l’aréna pour le hockey, mais tout le monde ne peut pas se permettre un tel équipement. Alors que pour glisser, il n’y a pas besoin de grand-chose. Pas besoin de coach, pas de règles, tout le monde développe son style », ajoute Joe Buffalo.
D’ailleurs, si certains jeunes ont leur propre planche à roulettes, les autres pourront emprunter casque, éléments de protection et planche.