Nord canadien : l’assainissement de la mine Giant durera plus longtemps et coûtera plus cher

La mine Giant, l’un des sites miniers les plus contaminés au Canada, est située en périphérie de Yellowknife. (Radio-Canada)
Le calendrier et le coût de l’assainissement de la mine Giant, à Yellowknife, l’une des plus contaminées au pays, ont été révisés. La durée du projet a été rallongée de 7 ans et devrait se terminer en 2038. Une hausse importante des coûts est à prévoir.

Le dernier budget, datant de 2014, s’élevait à 934 millions de dollars, une facture que les contribuables ont dû régler depuis la faillite en 2004 de l’entreprise propriétaire de l’ancienne mine d’or. La hausse anticipée ne sera rendue publique que lorsqu’elle sera soumise et approuvée par le Conseil du Trésor le 27 octobre prochain.

La directrice adjointe du projet d’assainissement de la mine Giant, Natalie Plato, explique que la portée du projet a changé, entre autres, à la suite de l’ajout d’une évaluation environnementale. Cette étude a été demandée par l’Office des terres et des eaux de la vallée du Mackenzie.

Nous avons dû créer le comité de surveillance de la mine Giant, le programme de suivi des effets sur la santé de Yellowknife. Nous avons mené beaucoup de consultations avec les différentes parties intéressées.Natalie Plato, directrice adjointe, projet d’assainissement de la mine Giant, Relations Couronnes-Autochtones et Affaires du Nord Canada

Natalie Plato a présenté une mise à jour technique du projet le 21 septembre 2022. (Radio-Canada)

Le projet d’assainissement, mené par la Société Parsons, utilisera la technologie de la congélation du sol pour contenir les 237 000 tonnes de trioxyde de diarsenic enfouis dans les chambres minières.

La mine Giant, qui a été en activité de 1948 jusqu’à sa fermeture, en 2005, a laissé derrière elle un désastre environnemental et humain, polluant cours d’eau et sols autour de la mine située à vol quelques battements d’ailes de la capitale ténoise.

La majorité des infrastructures de la mine Giant ont été démolies. Les déchets non toxiques devaient être entreposés dans la décharge de déchets non dangereux, qui servirait à entreposer des débris de démolition et les déchets d’amiante mis dans des sacs doublés. (Radio-Canada)
Des progrès accomplis jusqu’à présent

Depuis le début du projet d’assainissement l’an dernier, des travaux ont été entrepris pour stabiliser le sous-sol en remplissant les cavités et les fissures d’un mélange de béton.

La construction d’une décharge de déchets non dangereux, qui pourra accueillir jusqu’à 96 000 mètres cubes de matériel, a aussi été commencée, ainsi que la préparation des plateformes de congélation où seront installés les thermosiphons. Ces travaux se poursuivront au cours de la prochaine année.

Le complexe du four de grillage, un bâtiment dans lequel le minerai était chauffé pour en extraire l’or, était le bâtiment le plus contaminé au Canada quand la mine était en activité de 1948 à 2005. Le processus de chauffage a aussi libéré des tonnes de résidus de trioxyde de diarsenic. Entre 2012 et 2014, le complexe a été décontaminé, démantelé et entreposé dans 365 conteneurs. Le contenu a fini par être entreposé dans la fosse B1 et congelé avec le système de thermosiphons. (Radio-Canada)

Lorsque l’assainissement de la mine sera terminé, un nombre total de 858 thermosiphons seront installés sur quatre emplacements pour congeler les chambres minières et les fosses en permanence.

Le thermosiphon est un long tube dans lequel circule du dioxyde de carbone. En hiver, dans les chambres minières, les températures sont plus élevées qu’à la surface. Le dioxyde de carbone est alors sous forme de gaz et peut remonter à la surface. Lorsque le gaz atteint la surface, il devient liquide et redescend le long du tube pour capter la chaleur du sous-sol. Ce cycle permettra de faire baisser la température du sous-sol jusqu’à la congélation.

On peut aussi appeler cela un procédé d’échange thermique. On prend la chaleur en profondeur, on l’amène à la surface, puis elle est rejetée à l’extérieur. C’est un procédé extrêmement efficace.Brad Thompson, directeur de projet, Services publics et approvisionnement Canada

Lorsque l’assainissement de la mine Giant de Yellowknife sera terminé, en 2038, 858 thermosiphons auront été installés dans quatre emplacements pour congeler le sous-sol en permanence. (Radio-Canada)

L’an prochain, un centre de traitement des eaux sera construit pour permettre le traitement des eaux de surface et souterraines, qui devront atteindre le niveau de qualité de l’eau potable avant de pouvoir être rejetées dans la baie de Yellowknife, dans le Grand Lac des Esclaves.

L’eau de surface et souterraine de la mine Giant est pompée et entreposée dans des citernes pour être traitée en été. Un volume d’environ 600 000 mètres cubes d’eau est traité en trois mois et rejeté sur ce terrain. Le centre de traitement des eaux, qui sera construit en 2023, permettra de traiter l’eau toute l’année. (Radio-Canada)

La trentaine de bâtiments de la communauté de la mine Giant, ainsi que quelques autres bâtiments administratifs, seront aussi démolis au printemps 2023. Ces bâtiments sont hautement contaminés par l’amiante, et des travaux de décontamination ont débuté en 2022. L’amiante sera emballé et entreposé séparément dans la décharge de déchets non dangereux.

Ces maisons ont hébergé les familles des travailleurs de la mine Giant pendant plus de cinq décennies. Comme elles sont situées près d’un quai de mise à l’eau pour les bateaux, elles représentent un risque pour la santé de la population. Leur démolition est l’une des priorités du projet d’assainissement de la mine Giant. (Radio-Canada)
Des retombées pour la communauté

Jusqu’à présent, des contrats totalisant 648 millions de dollars ont été octroyés par la Société Parsons. Et près de la moitié des contrats, d’une valeur de 313 millions, a été octroyée à des sous-traitants autochtones. Environ 2,5 millions dollars ont aussi été alloués à différents partenaires, dont la Première Nation des Dénés Yellowknives (YKDFN) et l’Alliance des Métis de North Slave, pour la formation de main-d’œuvre.

Le choix d’attribuer le contrat de conception du projet d’assainissement, considéré comme lucratif, à l’américaine Parsons avait suscité certaines critiques des résidents, qui craignaient de ne pas pouvoir tirer de bénéfices des retombées économiques et de la création d’emplois.

Selon la mise à jour présentée le 21 septembre, lorsque le projet d’assainissement sera à son apogée, en 2031, pas moins de 260 emplois à temps plein auront été créés.

La Première Nation des Dénés Yellowknives a exigé, en 2021, des excuses du gouvernement fédéral, une compensation et un rôle officiel dans la restauration de ses terres traditionnelles, qui ont été exploitées et polluées par la mine Giant. Selon Natalie Plato, cette dernière a reçu 2 millions de dollars d’Ottawa pour préparer son dossier de demande de compensation cette année.

Julie Plourde, Radio-Canada

Vidéojournalise à Yellowknife

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