Le Nord canadien est épargné par la pénurie de militaires à l’échelle nationale

Plus de 300 militaires canadiens ont participé à l’opération Nanook-Nunalivut, à Resolute Bay, dans le nord du Nunavut, en 2019. (Mario De Ciccio/Radio-Canada)
Les trois territoires du Nord canadien sont pour le moment épargnés par la pénurie nationale de personnel dans les Forces armées canadiennes, selon la Force opérationnelle interarmées Nord (FOIN).

Depuis plusieurs mois, l’Armée canadienne doit conjuguer avec une baisse du recrutement et de la formation de nouveaux militaires. Elle peine à pourvoir quelque 10 000 postes affichés, soit environ 10 % des effectifs totaux.

Ce mois-ci, le chef d’état-major a ordonné à ses troupes de faire du recrutement une priorité, au détriment d’autres activités jugées non essentielles.

La majore Bonnie Wilken, des affaires publiques de la FOIN, affirme que le nord du pays ne subit pourtant pas les contrecoups de cette pénurie. « En ce moment, c’est comme si de rien n’était dans le Nord. Nos opérations se déroulent comme prévu », dit-elle.

Elle ajoute que les exercices militaires prévus au cours de la prochaine année sont aussi maintenus. Le prochain, l’opération Nanook-Nunalivut, aura lieu du 1er au 20 mars, près de Rankin Inlet, et rassemblera environ 350 militaires, principalement en provenance du Sud.

Bonnie Wilken croit que cette situation s’explique notamment par le fait que les membres permanents sont moins nombreux que dans certaines grandes villes du sud du pays et que le travail dans le Grand Nord requiert une expérience supplémentaire.

La plupart d’entre nous avons de l’expérience. Le Nord est une affectation assez convoitée.Bonnie Wilken, affaires publiques, FOIN

La FOIN compte environ 300 militaires permanents dans les territoires. La quasi-totalité d’entre eux se trouve à Yellowknife, où est situé son quartier général. Environ 20 % des postes sont encore à pourvoir, mais cette proportion n’est pas inhabituelle, selon Bonnie Wilken. « Bien sûr, avec plus de membres, nous pourrions faire plus de choses », affirme-t-elle.

Des membres des Forces armées canadiennes déployés près de Resolute Bay, dans le nord du Nunavut, lors de l’opération Nanook-Nunalivut, en mars 2018. (Marco De Ciccio/Radio-Canada)
« Le nord du Canada est extrêmement mal préparé »

Mardi, le chef d’état-major de la Défense, Wayne Eyre, a affirmé devant le comité permanent de la Défense nationale qu’il était envisageable que la souveraineté du Canada puisse un jour être contestée en Arctique.

Devant l’intérêt grandissant de la Russie et de la Chine pour l’Arctique, le sénateur du Nunavut, Dennis Patterson, souhaiterait que le gouvernement fédéral en fasse plus pour assurer la défense de cette région. « Même si nous sommes au maximum de sa capacité régulière, le nord du Canada est extrêmement mal préparé face à d’éventuelles incursions en Amérique du Nord en provenance du Nord », soutient-il.

Dennis Patterson est le sénateur du Nunavut depuis 2009. En février, il a quitté le caucus conservateur pour se joindre au Groupe des sénateurs canadiens. (Vincent Robinet/CBC)

Il dénonce, entre autres, les multiples retards dans la construction de la station de ravitaillement maritime Nanisivik, dans le nord de l’île de Baffin, et l’« absence de plans concrets » pour lutter contre le manque d’infrastructures dans le Nord dans le Cadre stratégique sur l’Arctique et le Nord.

Au mois de juin, Ottawa a annoncé un financement de 4,9 milliards de dollars sur six ans pour moderniser et pour augmenter les capacités de défense continentale du Commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord (NORAD). Bien qu’il salue ce financement, Dennis Patterson croit que le gouvernement fédéral omet de travailler avec les populations locales et inuit du Nord.

« La modernisation ne doit pas seulement s’arrêter aux infrastructures miliaires, mais aussi s’appuyer sur la force de la cinquantaine de communautés du Nord qui disposent de rangers [canadiens], de connaissances du territoire et de l’expérience sur le terrain », dit-il.

« Les prochaines étapes doivent se faire pour, depuis et par le Nord », conclut le sénateur.

Avec les informations de La Presse canadienne 

Matisse Harvey, Radio-Canada

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