Ottawa dépose son Cadre stratégique pour l’Arctique et le Nord à la dernière heure

La communauté de Resolute, située dans la région de Qikiqtaaluk au Nunavut. (Mario De Ciccio/Radio-Canada)
À la veille du déclenchement des élections fédérales canadiennes, mardi, le gouvernement libéral a publié le Cadre stratégique pour l’Arctique et le Nord, promis depuis le début de son mandat.

Le document élaboré conjointement avec des représentants des territoires, de certaines provinces et des organisations autochtones vise à établir une vision commune de développement pour la grande région nordique d’ici 2030.

Le Canada se positionne dans l’Arctique comme l’ont, entre autres, déjà fait la Chine et la Russie. Le gouvernement fédéral a par ailleurs procédé, ces dernières semaines, à plusieurs annonces d’investissements dans les territoires ayant prévu une enveloppe totale de 700 millions de dollars dans son plus récent budget.

La ministre des Relations Couronne-Autochtones, Carolyn Bennett, a affirmé dans un communiqué que le document est le résultat de consultations exhaustives auprès des habitants du Nord.

« En participant conjointement à l’élaboration du Cadre stratégique pour l’Arctique et le Nord du Canada, nos partenaires nous ont aidés à comprendre et à illustrer les défis et les possibilités uniques des différents secteurs de compétence, régions et droits issus de traités dans l’Arctique et le Nord. »

Carolyn Bennett, ministre des Relations Couronne-Autochtones
Des infrastructures qui unissent

Ce cadre gravite autour de huit principaux objectifs qui se rejoignent et, surtout, ont pour vocation de créer de meilleurs liens avec les différents acteurs concernés, peut-on lire dans le document.

Cette vision rend compte du besoin d’infrastructures avec des projets transformateurs. Presque toutes les populations du Nord demandent « un accès fiable aux services à large bande ». Cet accès à l’Internet est crucial dans divers domaines comme l’éducation, la justice et la santé, mais aussi dans l’habilitation des entreprises et la recherche.

La route Dempster au nord de Dawson, au Yukon (nord-ouest du Canada) est particulièrement endommagée par la fonte du pergélisol. (Philippe Morin/Radio-Canada)

Par ailleurs, les communautés du Nord veulent des « routes praticables en tout temps, des chemins de fer et une voie des airs ». Ces infrastructures leur permettront notamment d’accéder aux régions éloignées et aux ressources minérales, explique également le document.

Au lieu d’un modèle de financement bonifié d’Ottawa, les communautés et les organisations souhaitent plutôt des partenariats. Ainsi, elles auront un rôle plus actif pour bâtir des « économies locales fortes, durables, diversifiées et inclusives ».

Un engagement environnemental mondial

Une stratégie pour le Nord est intimement liée à l’environnement. La ministre Bennett l’a souligné dans son entrevue avec CBC North, la fonte du pergélisol et les changements climatiques dans le passage du Nord-Ouest sont évidents. « L’Arctique circumpolaire se réchauffe deux à trois fois plus vite que la moyenne mondiale, même si la région n’est pas la principale source d’émissions de gaz à effet de serre. » Alors le Canada s’engage à renforcer son leadership international sur la question arctique.

« C’est la première politique pour l’Arctique et le Nord du Canada qui évoque les responsabilités à l’échelle internationale. »

Carolyn Bennett, ministre des Relations Couronne-Autochtones

Ces changements climatiques jouent un rôle déterminant pour les activités et les intérêts économiques de la région arctique. Une approche pangouvernementale serait dès lors nécessaire en ce qui concerne la sûreté, la sécurité et la défense en ayant, par exemple, une « présence accrue des Forces armées canadiennes et de la Garde côtière canadienne dans la région ».

Par ailleurs, la question de la conservation de la faune, qui peut diviser les communautés, doit être abordée de manière « globale ». Cette approche comprend notamment de la surveillance et des discussions dirigées par les Autochtones, ainsi que des « aires de conservation protégées autochtones », soutient le gouvernement dans son Cadre stratégique.

LDes ours polaires près d’Alert, une station des Forces armées canadiennes dans l’Extrême-Arctique. (Mario De Ciccio/Radio-Canada)
Des problèmes d’hier toujours sans réponse

Le gouvernement fédéral affirme vouloir réduire les écarts entre le Grand Nord, en particulier les Autochtones, et le reste du pays.

« Les habitants participeront pleinement à la société canadienne et auront droit aux mêmes services, possibilités et niveaux de vie que ceux dont profitent les Canadiens vivant dans le Sud », dit-on dans le cadre stratégique. « Les ressources requises pour assurer leur bien-être physique et mental seront accessibles. ».

En 2014, un cinquième des ménages des Territoires du Nord-Ouest craignaient « de manquer de nourriture avant d’avoir assez d’argent pour en acheter d’autre ». Et près de 70 % des foyers inuits au Nunavut vivent dans l’insécurité alimentaire.

Lancé en 2011, le programme Nutrition Nord Canada a pour but d’apporter des aliments sains aux communautés nordiques isolées. (Nick Murray/CBC)

Le manque d’infrastructures, souligne le cadre stratégique, a une conséquence directe sur l’accès aux soins de santé, sans compter les spécialistes qualifiés. La santé mentale est aussi le parent pauvre, les établissements et les services étant inexistants.

Pour combler ces lacunes, il est important, une fois de plus, de travailler en partenariat « avec les municipalités, les associations autochtones régionales et les sociétés de développement, les chambres de commerce et d’autres organisations ».

Il est impossible de mettre en place une telle stratégie sans tenir compte de l’importante question de la réconciliation. L’avenir s’envisage en effet dans la réconciliation avec les peuples autochtones. Ce processus est en cours et sera déterminant dans « l’atteinte des buts et objectifs du Cadre stratégique pour l’Arctique et le Nord ». Et dans cette région, la réconciliation est un travail « continuel, lié à l’évolution politique » du Canada, soutient le gouvernement dans son document.

Noémie Moukanda et Claudiane Samson, Radio-Canada

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