Finlande : le projet d’adhésion à l’OTAN soumis au Parlement
Le gouvernement finlandais a soumis lundi aux élus son projet d’adhésion à l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), qui pourra être adopté à la majorité simple. Mais la Finlande devra tout de même attendre le feu vert de la Turquie et de la Hongrie, les deux seuls membres de l’Alliance qui n’ont pas encore signé les protocoles d’accession à l’OTAN pour ce pays nordique et pour son voisin suédois.
Le gouvernement propose que le Parlement approuve ce projet rapidement pour que le pays soit prêt à se joindre à l’OTAN.
« Légalement, le Parlement peut examiner la proposition du gouvernement avant que tous les États membres de l’OTAN n’aient ratifié le protocole d’adhésion de la Finlande. Après examen de la proposition par le Parlement, le président de la République décidera de l’adhésion de la Finlande à l’OTAN », peut-on lire dans un communiqué du gouvernement finlandais.
« Cependant […], la Finlande ne pourra devenir membre de l’OTAN qu’après que tous les États membres de l’OTAN auront ratifié le protocole d’adhésion de la Finlande et que le secrétaire général de l’OTAN aura invité la Finlande à se joindre à l’Alliance », poursuit le gouvernement.
À la suite de l’invasion russe en Ukraine, des démarches ont été entreprises rapidement pour que la Finlande et la Suède, pays neutres jusque-là, fassent partie de l’Alliance, compte tenu des risques à la sécurité perçus sur le continent européen.
Vingt-huit des 30 pays membres de l’Alliance ont signé les protocoles allant en ce sens. La Hongrie a signifié il y a quelques semaines qu’elle signera ces protocoles début 2023. Le Parlement hongrois votera ainsi « au cours de la première session » en 2023, a dit fin novembre le premier ministre hongrois Viktor Orban.
Quant à la Turquie, elle exige toujours de ces pays nordiques des gestes « concrets » pour lutter contre les mouvements kurdes et leurs partisans sur leur sol. C’est sa condition principale pour qu’elle accepte de ratifier leur entrée dans l’OTAN.
Ankara accuse la Suède et la Finlande de laxisme envers le Parti des travailleurs kurdes et ses alliés, qu’il considère comme terroristes.
La menace russe
Le gouvernement finlandais juge que les bénéfices de son entrée dans l’OTAN sont nettement avantageuses en comparaison avec les inconvénients.
« La proposition conclut que le traité de l’Atlantique Nord ne poserait pas de problème pour la souveraineté et la participation de la Finlande à la coopération internationale et que l’adhésion de la Finlande au traité ne constituerait pas un transfert significatif de compétence à une organisation internationale », poursuit-il.
« Par conséquent, le Parlement pourrait prendre la décision d’adopter le traité par un vote à la majorité simple. »
Récemment, la Finlande a annoncé l’achat de nouvelles armes défensives auprès des États-Unis pour des centaines de millions de dollars. La Finlande et la Suède ont aussi mené cette année des exercices militaires conjoints de façon plus étroite avec les partenaires de l’OTAN.
Le pays projette aussi la construction d’une grande clôture sécurisée le long d’une partie de sa frontière avec la Russie.
Comme elle partage une frontière de quelque 1300 kilomètres avec son voisin russe, la Finlande craint des manœuvres imprévisibles du Kremlin qui pourraient mettre en danger sa sécurité, en raison de ce qui se déroule en Ukraine et de ce qui s’est produit plus tôt, en 2021, lors de la crise migratoire entre le Bélarus et la Pologne.
La Norvège, la Suède et la Finlande ont aussi renforcé ces derniers mois leurs collaborations en matière de sécurité et de défense face à la Russie, compte tenu de leur proximité géographique et de leur présence dans l’Arctique, notamment.