Les pays nordiques renforcent leur collaboration en matière de sécurité et de défense
Les premiers ministres de Norvège, du Danemark, de la Suède, de la Finlande et de l’Islande ont convenu, lundi à Oslo, de coordonner leurs efforts pour renforcer les moyens de défense et de sécurité des cinq États face notamment à la menace que pose la Russie depuis l’invasion de l’Ukraine.
Les chefs des gouvernements des pays nordiques – des États qui feront tous partie à terme de l’Alliance atlantique avec l’adhésion prochaine de la Finlande et de la Suède – disent vouloir protéger les valeurs communes de leurs cinq pays, leurs démocraties et maintenir un haut niveau de confiance entre eux.
Ces pays entendent aussi devenir la région la plus intégrée du monde et la plus avancée en matière de développement durable d’ici 2030, selon une déclaration commune diffusée à la suite de la réunion qui s’est tenue dans la capitale norvégienne.
« Nous avons convenu de mandater nos ministres de la Défense, nos ministres des Affaires étrangères et nos chefs de la Défense pour parcourir tout le spectre de la coopération, de la formation et de l’achat en commun [de matériel militaire] entre les pays nordiques afin de voir si nous pouvons approfondir et maximiser nos intérêts communs », a affirmé le premier ministre norvégien, Jonas Gahr Støre, en conférence de presse à l’issue de la réunion.
Les cinq pays échangent déjà au sein de NORDEFCO, un programme de collaboration de défense, mais ils veulent aller plus loin.
« L’invasion brutale de l’Ukraine par la Russie a marqué une nouvelle réalité pour la sécurité européenne. Nous devons être solidaires », a affirmé la première ministre danoise Mette Frederiksen.
Les pays entendent renforcer les exercices militaires conjoints, la formation militaire et le partage d’infrastructures comme les bases aériennes, en coordination avec l’OTAN et les alliés.
Par exemple, l’exercice « Cold Response » mené tous les deux ans environ par la Norvège avec l’OTAN dans le Nord pourrait inclure tous les pays nordiques dans les manœuvres, qui gagneraient en envergure.
Les cinq visent également une meilleure protection face aux cyberattaques et aux menaces hybrides, ce qui passe par une collaboration plus étroite en matière de renseignements de sécurité.
La réalité géographique
Comme l’explique le premier ministre norvégien, il s’agit de former une sorte d’alliance des cinq pays au sein de l’OTAN qui permettra de prendre des décisions rapidement et de favoriser les intérêts communs, le tout facilité par la culture semblable de ces pays voisins et leur géographie nordique.
« Notre géographie ne change pas. Ainsi, la Norvège sera toujours un État arctique tourné vers la mer de Barents. Nous sommes à côté de l’arsenal nucléaire russe dans la péninsule de Kola, nous avons une longue tradition qui consiste à suivre et tenter de comprendre ce qui se passe là », affirme Jonas Gahr Støre.
« Et puis, il y a la Finlande, avec sa longue frontière [commune avec la Russie], la Suède et la dimension baltique, l’Islande dans l’Atlantique et le Danemark près de la mer Baltique. Nos pays qui se réunissent et voient comment nos forces de défense peuvent se compléter ont un énorme potentiel », poursuit-il.
La première ministre finlandaise, Sanna Marin, a mentionné que son pays possède une excellente armée, mais que la Suède, elle, a une grande capacité de production de matériel militaire, un bon exemple de complémentarité entre les pays.
Les cinq premiers ministres assurent toutefois ne pas vouloir former un « bloc » distinct dans l’OTAN, mais bien un regroupement d’intérêts qui profite à tous.
Mardi, le chancelier allemand Olaf Scholz a été invité à prendre part aux discussions à Oslo. Il a été notamment question de l’approvisionnement en gaz de l’Allemagne, à la suite des sanctions visant Moscou et l’imprévisibilité des livraisons de gaz russe. L’Allemagne fait donc appel à la Norvège, notamment, pour sécuriser son approvisionnement à l’approche de l’automne et constituer ses réserves.
Les pays ont aussi discuté de la transition énergétique et de l’importance d’augmenter rapidement leur parc d’énergies renouvelables pour combattre les changements climatiques et pour réduire les coûts de l’énergie qui montent en flèche.