Les élèves de cinquième année de l’école Allain St-Cyr, de Yellowknife, participent au programme Bushkids, qui mise sur le savoir et sur les méthodes traditionnelles autochtones pour encourager les élèves et les enseignants à développer une connexion avec la terre.
Développé parChloe Dragon Smith, une Autochtone originaire deYellowknife, etWendy Lahey,Bushkidsadopte une philosophie d’apprentissage basée sur la terre, telle que pratiquée par les peuples autochtones depuis des millénaires.
Une façon importante de démontrer du respect pour l’endroit où l’on vit est de mettre à l’avant-plan les gens, les langues, les cultures et le savoir de cet endroit. C’est une très belle façon d’aborder l’apprentissage et le cursus.Wendy Lahey, cofondatrice de Bushkids
À Bushkids, les élèves sont maîtres de leurs apprentissages
Une journée par semaine, pendant six semaines, les élèves de cinquièm année de l’école Allain St-Cyr se déplacent en forêt, à quelques minutes de marche de l’établissement, pour prendre part au programme.
Le site est composé de deux tentes chauffées, d’un foyer extérieur et de bancs. La journée débute par un cercle de partage, puis par une offrande de tabac. Les éducatrices montrent aux élèves quelques mots en Wıìlıìdeh, une langue dénée parlée par la Première Nation des dénés Couteaux-Jaunes.
Sur place, les enfants dirigent leurs apprentissages, selon la météo, ce que la terre a à offrir et leurs intérêts.
Jacob Pelichowski, guidé par les éducatrices, a choisi d’apprêter un canard. « À Bushkids, on peut faire du sirop avec la neige, nettoyer un canard et le cuire, ou couper du bois, faire des biscuits », raconte le jeune écolier de 10 ans.
D’autres sont regroupés autour du foyer extérieur et chauffent du sirop d’érable pour en faire de la tire.
L’éducatrice autochtoneMichelle Krutko, originaire de Tulita, dans la région du Sahtu, leur montre comment faire de la bannique.
Celle qui a grandi en développant un lien fort avec la terre se passionne pour cette forme d’enseignement. « Les élèves dirigent leurs apprentissages et c’est ce qui est important avec Bushkids, leur donner un espace pour qu’ils puissent découvrir qui ils sont et comprendre ce qu’ils aiment faire. »
Leur enseignante, Jessica Fortin, s’émerveille de voir leur motivation et leur intérêt pour cette forme d’apprentissage. « C’est vraiment bénéfique pour les élèves. Ils ne réalisent pas qu’ils apprennent en ayant beaucoup de plaisir. On voit que les élèves plus passifs en classe ne le sont pas en nature. »
On pourrait repenser un peu à notre manière d’enseigner aux enfants et changer notre manière de voir nos experts parce que les enfants, ce sont des experts.Jessica Fortin, enseignante de 5e année, École Allain St-Cyr
Remettre le savoir traditionnel autochtone au centre des apprentissages
Wendy Lahey, qui a enseigné pendant plusieurs années, croit que d’autres approches plus holistiques devraient être présentes dans les salles de classe des Territoires du Nord-Ouest.
« Nous espérons que ce programme peut être un bon exemple pour montrer à quel point l’apprentissage peut être significatif quand il y a un meilleur équilibre entre notre approche et l’approche occidentale », explique-t-elle.
Le programme vise également à offrir du mentorat aux enseignants afin qu’ils « commencent à aller dehors plus souvent, et à intégrer dans leur approche la communauté, les détenteurs du savoir traditionnel autochtone et les aînés », dit Wendy Lahey.
Jessica Fortin a trouvé l’expérience un peu déstabilisante au début. « On ne sait pas trop où est notre place dans les apprentissages des élèves à l’extérieur. Mais on voit rapidement qu’on peut juste relancer les élèves avec des questions ouvertes, pour les motiver à persévérer », dit-elle.
Elle se dit déjà transformée par son passage àBushkidset prévoit déjà des journées d’apprentissage à l’extérieur autour de l’école.
« Pour moi, c’est une immersion totale, ça change tout à fait les paradigmes que j’ai de l’enseignement. C’est sûr que je suis déjà changée comme enseignante », conclut-elle.