Les Autochtones sont en tête du virage vers les énergies renouvelables

Une éolienne installée par l’entreprise Tugliq Énergie sur le site de la mine Raglan, au Nunavik. (Tugliq Énergie/Justin Bulota)
Un groupe de réflexion dans le domaine de l’énergie affirme que la souveraineté énergétique autochtone dans le Nord canadien est « absolument essentielle et fondamentale » pour lutter contre les changements climatiques, mais qu’un soutien accru est nécessaire.

L’Institut Pembina critique le dernier plan des Territoires du Nord-Ouest qui vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre, affirmant qu’un engagement et des partenariats significatifs avec les Autochtones devraient devenir des priorités.

Plus tôt ce mois-ci, le territoire a publié un deuxième plan d’action triennal dans le contexte de sa Stratégie énergétique 2030, dans lequel il détaille les initiatives qui, selon lui, réduiront les émissions de GES de 51 kilotonnes d’ici 2025, soit légèrement en dessous d’un objectif précédent de 57 kilotonnes.

Ce plan comprend des subventions et des mesures incitatives pour économiser l’énergie dans les bâtiments, un soutien pour les bornes de recharge destinées aux véhicules électriques et de grands projets d’infrastructures.

« Les peuples autochtones sont en quelque sorte là depuis des temps immémoriaux et ils savent ce dont leurs communautés ont besoin », a déclaré Dave Lovekin, directeur de l’Institut Pembina pour les énergies renouvelables dans les communautés éloignées.

Nous espérions voir un plan et une stratégie de sensibilisation beaucoup plus détaillés pour engager toutes les communautés autochtones sur la façon dont elles veulent et peuvent être impliquées à soutenir les Territoires du Nord-Ouest et réaliser leurs propres réductions de consommation d’énergie.Dave Lovekin

Le ministère de l’Infrastructure du territoire a souligné dans un communiqué que l’engagement, la participation et l’autonomisation de la communauté sont au cœur de la stratégie énergétique. Il a sollicité les commentaires des gouvernements et des organisations autochtones à propos de ce plan d’action.

Il a ajouté que le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest « fournit un soutien financier et technique important » aux communautés pour la planification énergétique.

Le territoire prévoit de revoir cette stratégie en 2023.

Alors que les Territoires du Nord-Ouest visent à réduire les émissions de 30 % sous les niveaux de 2005 d’ici 2030, le Yukon prévoit réduire ses émissions jusqu’à 45 % sous les niveaux de 2010 d’ici là et atteindre la carboneutralité d’ici 2050.

Le Nunavut n’a pas d’objectifs précis en matière de réduction des émissions, mais il a plusieurs sources d’énergies renouvelables et des projets d’efficacité énergétique sont en cours.

Dépendance au diesel

Bien que le Nord ne représente qu’un faible pourcentage des émissions totales du Canada, de nombreuses collectivités dépendent encore du carburant diesel pour avoir de l’électricité. La région se réchauffe également de deux à quatre fois plus vite que la moyenne mondiale.

Les gouvernements et les organisations autochtones ouvrent la voie en matière de transition vers le recours à des sources d’énergies renouvelables dans le Nord, a fait savoir M. Lovekin, en partie grâce au financement fédéral.

Les projets supervisés par des Autochtones qui permettent déjà de réduire la consommation de diesel comprennent l’utilisation de l’énergie solaire à Aklavik, dans les Territoires du Nord-Ouest, et à Old Crow, au Yukon.

Toutefois, de nombreuses communautés doivent encore surmonter des obstacles pour abandonner le diesel, notamment les problèmes techniques et la bureaucratie.

« Je pense que le plus grand défi qui nécessite un soutien sans faille consiste tout simplement à former des champions de l’énergie autochtones », a dit M. Lovekin. « Il faut vraiment entretenir cette relation et appuyer les communautés autochtones dans le renforcement de leurs capacités. »

À Lutsel K’e, dans les Territoires du Nord-Ouest, un projet dans le domaine de l’énergie solaire a débuté en 2016. La Première Nation Lutsel K’e Dene a déclaré à l’époque qu’elle était la première communauté des territoires à produire sa propre électricité en signant un accord d’achat d’électricité avec la Northwest Territories Power Corporation.

Denesoline Corporation, la branche financière de cette Première Nation, a travaillé à l’installation d’une centrale hybride éolienne et solaire dans la communauté afin de réduire davantage la dépendance au diesel.

Cependant, à la suite d’une étude du British Columbia Institute of Technology, son directeur général a déclaré qu’il n’est pas clair que ce projet fonctionne et qu’il est trop risqué financièrement. Ron Barlas a dit qu’il étudiait d’autres options.

« L’importance de la transition vers l’abandon du diesel pour réduire l’empreinte carbone sur l’environnement va de soi et a été notre propre objectif indépendant conformément au fait que les communautés autochtones contrôlent leur propre production », a indiqué M. Barlas dans un communiqué.

Le principal obstacle reste le manque de disponibilité de centrales électriques propres et viables économiquement et techniquement ainsi que de systèmes et de solutions hybrides en matière d’énergie renouvelable.Ron Barlas

Un autre écueil dans les Territoires du Nord-Ouest, c’est qu’il y a un plafond de 20 % sur la production d’énergie renouvelable dans les communautés dépendantes du diesel pour prévenir l’instabilité du système et pour limiter les pertes de revenus de ce service public. Un rapport de mai 2021 a révélé qu’en juillet 2020, neuf communautés avaient atteint ou dépassé cette limite.

À Sanikiluaq, au Nunavut, le développeur d’énergie renouvelable Nunavut Nukkiksautit Corporation, qui appartient à des Inuit, prévoit installer des éoliennes pour remplacer la moitié du diesel consommé dans cette communauté par de l’électricité. La directrice de cette société, Heather Shilton, a soulevé qu’un des plus grands obstacles était la négociation d’un accord d’achat d’électricité avec le service public, une étape cruciale avant le début de la construction.

La Qulliq Energy Corporation, qui appartient au gouvernement du Nunavut, a reçu l’approbation provisoire de mise en œuvre d’une politique de production d’électricité indépendante à la fin de septembre, mais la lenteur des progrès a retardé plusieurs projets d’énergie renouvelable.

« Sans ce programme [de producteurs d’électricité indépendants], nous étions un peu coincés », a soutenu Mme Shilton. « Nous avons soumis notre demande dès que cette approbation ministérielle est arrivée, mais nous ne savons toujours pas exactement quand nous pourrons voir cet accord d’achat d’électricité. »

D’autres initiatives en matière d’énergie renouvelable dirigées par des Autochtones sont en cours, notamment des projets solaires à Invuik et à Deline, dans les Territoires du Nord-Ouest, et à Beaver Creek, au Yukon, ainsi qu’un projet d’énergie éolienne à Burwash Landing, au Yukon.

Vous avez remarqué une erreur ou une faute ? Cliquez ici !

Laisser un commentaire

Note: En nous soumettant vos commentaires, vous reconnaissez que Radio Canada International a le droit de les reproduire et de les diffuser, en tout ou en partie et de quelque manière que ce soit. Veuillez noter que Radio-Canada ne cautionne pas les opinions exprimées. Vos commentaires seront modérés, et publiés s’ils respectent la nétiquette.
Nétiquette »

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *