Nord québécois : le gouvernement suggère le PDG du CUSM pour gérer la crise en santé
Afin de rétablir la confiance dans le réseau de la santé du Nunavik, le ministère de la Santé propose à la Régie régionale de la santé et des services sociaux du Nunavik (RRSSSN) de recourir à Pierre Gfeller, l’actuel PDG du Centre universitaire de santé McGill (CUSM), a appris Radio-Canada.
Radio-Canada rapportait à la mi-novembre que le réseau de la santé du Nunavik faisait face à une crise sans précédent. Il y régnait un fort climat de méfiance entre des gestionnaires et leurs administrateurs, le tout sur fond de pénurie de personnel.
Une douzaine de gestionnaires avaient confié à Radio-Canada avoir perdu confiance à l’égard de la direction générale de la Régie régionale, et, pour certains, à l’égard du Centre de santé Inuulitsivik (CSI) également. Le conseil d’administration de la Régie se réunit la semaine prochaine à Montréal.
Dans des lettres envoyées ces derniers mois et obtenues par Radio-Canada en vertu de la Loi sur l’accès à l’information, Daniel Desharnais, le sous-ministre adjoint à la Direction générale de la coordination réseau et ministérielle et des affaires institutionnelles, suggère à la Régie de « collaborer » avec le Dr Pierre Gfeller.
« Celui-ci travaillera en étroite collaboration avec les gestionnaires de la RRSSSN du Nunavik ainsi qu’avec ceux du CSI », écrit M. Desharnais, « pour l’obtention de résultats ».
Inquiétudes quant au risque de rupture de services
Ce dernier souligne aussi que, depuis la visite du ministre Christian Dubé en août au Nunavik et malgré « les efforts déployés par la RRSSSN », la situation « demeure préoccupante ».
« L’information présentée par la RRSSSN et le CSI à la cellule de crise […] ne permet pas de dissiper les inquiétudes quant au risque de bris de services pour la population du Nunavik », écrit M. Desharnais.
Le sous-ministre adjoint appelle les dirigeants de la Régie à suivre les recommandations du rapport Verreault-Dion de façon « prioritaire ».
Lise Verreault et François Dion sont deux enquêteurs nommés par Québec en 2020 pour faire la lumière sur des allégations de malversations financières et de mauvaise gouvernance dans le réseau de la santé du Nunavik.
Le ministre Christian Dubé, écrit Daniel Desharnais, « souhaite que la collaboration entre nos organisations, incluant le CSI, puisse contribuer à la résolution de ces enjeux et parvenir à la mise en œuvre des recommandations du rapport d’enquête ».
« Des discussions sont toujours en cours », se sont limités à dire par voie écrite la Régie et le ministère de la Santé à Radio-Canada, assurant du même souffle que le rapport des deux enquêteurs est désormais reçu dans un « esprit d’ouverture ».
La Direction de l’accès à l’information a décliné la demande de Radio-Canada pour obtenir le rapport Verreault-Dion, invoquant des articles de la Loi sur l’accès à l’information protégeant les documents ministériels. La Direction précise que ce rapport « préparé pour le compte du ministre » est utilisé dans « le cadre d’un processus décisionnel en cours ».