La Ville de Yellowknife opte pour la densification

L’espace vert situé entre Con Road et Burwash Drive est l’une des zones qui pourraient connaître de nouveaux développements. (L’Aquilon/Cristiano Pereira)

Face à la crise du logement, le conseil municipal de Yellowknife veut construire des maisons dans les espaces verts au lieu d’étendre la ville à de nouveaux lotissements. Des critiques se font déjà entendre.

La décision a été prise lors de la réunion du conseil municipal du lundi 23 janvier, qui a duré plus de deux heures. Le projet a reçu le vote des neuf conseillers municipaux.

La résolution de l’affaire fait l’objet d’une résistance d’une partie mécontente de la population. On craint que les terrains verts situés à côté des maisons soient occupés par de nouvelles constructions.

Il y a quelques jours, la mairesse Rebecca Alty a expliqué que la solution consistant à construire dans des zones déjà développées serait la meilleure. Elle a évoqué qu’il s’agit de zones qui ont déjà des routes, l’aqueduc, des égouts, des transports en commun.

« Les coûts supplémentaires sont minimes, car il n’y a pas ou peu de nouveaux services et pas ou peu d’exigences accrues en matière de maintenance pour les nouvelles infrastructures », a-t-elle écrit sur sa page Facebook.

Cette solution, continue la mairesse, « bénéficie à tous les Yellowknifiens », ce qui ne serait pas le cas avec l’option d’expansion de la ville avec de nouveaux lotissements.

« Plus nous construisons de lotissements, plus nous construisons de routes, et plus il en coûte de les entretenir (déneiger, repaver). Puis nous devons ajouter des transports en commun dans de nouvelles zones. Cela a un impact sur les impôts de tout le monde. »

Le vote des neuf conseillers municipaux donne donc le feu vert pour avancer avec la planification et l’évaluation environnementale sur cinq grandes zones choisies pour la construction de logements intercalaires. Tout ce processus va prendre du temps et il y aura plusieurs étapes législatives et administratives qui nécessitent l’approbation du conseil en cours de route. Les étapes législatives requièrent toutes un débat public et un vote du conseil.

Bien que le processus n’en soit qu’à ses débuts, des voix de contestation commencent déjà à se faire entendre. Le mécontentement est particulièrement visible sur les réseaux sociaux, et des habitants organisent déjà des pétitions pour contester la décision du conseil municipal.

Lors de la réunion du 23 janvier, certains résidents ont décidé d’intervenir pour exprimer leur désaccord. Jeremy Macdonald était l’un d’entre eux. Il a commencé par dire qu’il était convaincu que la majorité de la population ne veut pas de nouvelles constructions sur les espaces verts qui restent dans la ville.

« On pourrait penser qu’il ne s’agit que d’individus qui ne veulent pas qu’on touche à leur arrière-cour, mais c’est beaucoup plus que ça. Les gens ne veulent pas de densification, ils veulent des espaces ouverts », a-t-il dit.

Il a fait remarquer que la densification des terrains en ville comporte plusieurs aspects négatifs « Ça supprime des espaces verts qui contribuent à la qualité de vie, ça élimine des sentiers, ça supprime des habitats pour les animaux qui vivent à proximité de la ville et ça augmente la difficulté de trouver des places de stationnement adéquates, en plus d’intensifier la densité de population. Ce qui entraînera probablement des conflits entre voisins », a-t-il ajouté.

La résidente Claire Mennell a également demandé à s’exprimer. Elle a déménagé à Yellowknife il y a neuf ans précisément parce qu’elle était « fascinée par l’incroyable et vaste ligne d’horizon et l’accès aux sentiers ». Elle a acheté une maison sur Moyle Drive après avoir longuement cherché une propriété offrant intimité et accès à la nature.

« Les rochers à l’arrière de notre maison sont un terrain de jeu pour nos enfants et c’est là que les adultes pique-niquent, observent les aurores boréales et se détendent après une journée sur les sentiers. La conversion de ces terrains en terrains à bâtir détruira des espaces verts qui sont fondamentaux pour le bien-être de la population », a-t-elle affirmé.

Elle a ajouté que le voisinage plante des produits sur ces parcelles et que tout le monde partage les légumes. « Ce sont des exemples du bon sens de la communauté et de l’importance de considérer de multiples facteurs et pas seulement une image satellite lors de l’étude de propositions de développement », a-t-elle déclaré.

Claire Mennell reconnaît qu’il y a un besoin de logements supplémentaires dans la ville. « Je ne suis pas ici pour taper mon pied et dire non. Je demande juste que la Ville coopère avec les résidents pour défendre les espaces verts », a-t-elle expliqué.

« Nous devons garder Yellowknife spéciale, car c’est ce qui fait que les gens restent ici », a-t-elle conclu.

Ces propos sont très similaires à celles de Marie-Eve Martel. « Il y a beaucoup de monde qui se rend compte que les espaces verts vont être affectés », dit-elle à Médias ténois.

« Nous, ce qu’on veut, c’est de garder les espaces verts. S’ils doivent être détruits, il faut que le plan d’aménagement soit clair et que les citoyens et les résidents puissent le voir et être d’accord avec ce qui s’en vient. Et on ne sait pas ce qui vient. Tout ce qu’on sait, c’est que les espaces verts ne sont plus protégés », ajoute Mme Martel, avant de conclure : « Une valeur commune à tous les résidents de Yellowknife, c’est l’amour de la nature, et vouloir vivre le sentiment d’être en nature. »

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