L’étendue de la banquise dans les deux pôles à son plus bas niveau jamais enregistré

La glace de mer à l’extérieur de Hopedale, au Labrador (Jason Edwards)
Selon un document du Centre national américain de données sur la neige et la glace (NSIDC), l’Antarctique n’a jamais aussi peu récupéré de glace que ces derniers mois. Un phénomène jugé « très inquiétant » observé également au pôle Nord.

Les résultats dévoilés cette semaine surviennent quelques jours après que le Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme (ECMWF) a annoncé dans un autre rapport que le mois de janvier 2023 arrive au septième rang des plus chauds à l’échelle mondiale en dépassant de 0,25 degré Celsius la moyenne.

On sait que l’Arctique se réchauffe plus de deux fois plus vite que le reste de la planète. « En conséquence, la glace de mer de l’Arctique a reculé de manière spectaculaire au cours des 44 années d’enregistrement par satellite », ont déclaré par voie de communiqué les chercheurs du NSIDC.

Sur la base de la tendance linéaire, janvier a perdu 1,89 million de kilomètres carrés – environ deux fois la taille de l’Allemagne – depuis 1979.Centre national américain de données sur la neige et la glace
Icebergs dans la mer de Bellingshausen en Antarctique (Gonzalo Bertolotto/Organisation météorologique mondiale)

L’étendue de la glace de mer est un indicateur climatique pivot utilisé par les météorologues pour étudier l’évolution du climat. Dans l’Antarctique, l’étendue de la banquise a été enregistrée à 3,23 millions de kilomètres carrés, soit la surface la plus faible enregistrée en janvier, et inférieure au précédent record de 3,78 millions de kilomètres carrés enregistré en 2017, expliquent les experts du centre de recherche basé dans l’État du Colorado.

« C’est 270 000 kilomètres carrés en dessous du précédent record du 1er février 2017 », ajoutent les spécialistes du climat.

De son côté, l’Organisation météorologique mondiale (OMM) a indiqué que l’étendue de la glace de mer a été généralement faible dans l’Antarctique tout au long de l’année dernière ayant pour conséquence sur la nouvelle glace de mer qui se forme au cours de l’hiver.

« Elle devient plus fragile et a plus de facilité à se briser et à fondre. Cela devient rapidement un cercle vicieux, où la glace de mer aura du mal à se reconstituer, comme on le voit dans l’océan Arctique. »

Températures à la hausse

L’OMM souligne qu’il est encore trop tôt pour conclure si la banquise continue de rétrécir en Antarctique ou s’il s’agit simplement de fluctuations naturelles à long terme du climat. « Nous avons besoin d’une base statistique plus solide avant de pouvoir évaluer si les changements sont dus au changement climatique », stipule l’institution spécialisée des Nations unies.

« Nous pouvons toutefois affirmer que la diminution de l’étendue de la banquise en Antarctique correspond à ce que nous prévoyons en cas d’augmentation de la température mondiale », a-t-elle poursuivi.

Vue aérienne de la fonte des glaciers sur l’île King George, en Antarctique (Eskinder Debebe/ONU)

L’ECMWF a précisé que les températures mondiales sont restées 0,30 degré plus élevées que la moyenne au cours des 12 derniers mois. Dans le rapport, on peut lire qu’en janvier, des températures supérieures à la moyenne ont été enregistrées dans l’est des États-Unis, au Canada, au Mexique et dans la plupart des régions d’Europe.

Toujours d’après l’ECMWF, le continent européen a connu son troisième mois de janvier le plus chaud depuis 1979, les Balkans et l’Europe de l’Est ayant particulièrement enregistré un hiver chaud.

« Ce réchauffement a été favorisé par le flux d’air du sud-ouest après leur passage au-dessus de mers plus chaudes, ce qui a entraîné des températures inhabituellement élevées sur une grande partie de l’Europe pendant la période du Nouvel An », avance l’ECMWF

D’autres régions du globe ont au contraire subi des températures inférieures à la moyenne en janvier 2023 comme en Sibérie, au Pakistan, en Afghanistan ou en Australie.

Ismaël Houdassine, Regard sur l'Arctique

Ismaël Houdassine est diplômé en journalisme de l’Université de Montréal. Il commence sa carrière comme reporter et journaliste culturel. Avant de rejoindre l’équipe de Radio-Canada, il a collaboré durant plusieurs années pour plusieurs médias, notamment l’Agence QMI et Le HuffPost.

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