Des niveaux alarmants de « produits chimiques éternels » dans l’Arctique norvégien

Dans l’archipel du Svalbard, au nord de la Norvège, le réchauffement climatique entraîne des hivers plus courts, des températures qui font le yo-yo, des précipitations plus fréquentes, de plus en plus sous forme de pluie, et le dégel du pergélisol. (Jonathan Nackstrand/AFP/Getty Images)
Selon une étude menée par chercheurs de l’Université d’Oxford, des niveaux alarmants de substances toxiques (PFAS), également connus sous le nom de « produits chimiques éternels », auraient été trouvés dans la glace autour de l’archipel du Svalbard, en Norvège.

La glace de l’Arctique norvégien est composée de 26 types de PFAS qui, une fois la glace fondue, peuvent être transmis à des écosystèmes tels que les fjords arctiques et la toundra, préviennent les experts.

Les PFAS (perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées) font partie d’une catégorie d’environ 12 000 produits chimiques que l’on trouve souvent dans les produits de consommation qui résistent à l’eau, à la chaleur ou aux taches. S’ils sont également connus sous l’appellation « produits chimiques éternels », c’est qu’ils ne se dégradent pas naturellement avec le temps.

De plus, concernant les effets sur la santé, la toxicité de ces composés chimiques est multiple : ils provoquent une augmentation du taux de cholestérol, peuvent entraîner des cancers et causent des effets sur la fertilité et le développement du fœtus. Par conséquent, ces contaminants, une fois transmis, peuvent toucher l’ensemble du réseau alimentaire, des petits organismes comme le plancton ou les poissons aux prédateurs suprêmes de la région comme les ours polaires.

D’après le rapport, des niveaux élevés de PFAS ont été trouvés dans le sang d’ours polaires. L’étude a révélé que les niveaux de ces « produits chimiques éternels » dans la glace étaient supérieurs aux limites recommandées par les États-Unis pour l’eau potable.

« Les ours polaires sont exposés à des produits chimiques toxiques fabriqués par l’homme et subissent le stress d’un habitat en mutation », a déclaré au quotidien The Guardian, William Hartz, auteur principal de l’étude. Il a également indiqué que ce « lessivage des contaminants » se produit de manière saisonnière et que certains PFAS semblent mobiles pendant les fontes.

M. Hartz a aussi noté un « effet de doublement » sur les animaux avec les changements climatiques et la fonte des glaces, puisque le climat se serait réchauffé dans l’archipel du Svalbard plus rapidement que la moyenne mondiale. L’étude a révélé des niveaux élevés de TFA, un sous-produit de la réfrigération causé par les hydrofluorooléfines (HFO) après l’élimination progressive des chlorofluorocarbones, un puissant gaz à effet de serre utilisé pour la réfrigération.

Les HFO, qui sont également des gaz à effet de serre une fois libérés, peuvent se transformer en TFA, dont les niveaux ont augmenté dans l’Arctique selon l’étude. En outre, les chercheurs expliquent que le TFA et les autres composés chimiques mentionnés sont très mobiles et peuvent même se déplacer dans l’atmosphère jusqu’à n’importe quel endroit sur la planète.

Des produits chimiques se propageraient dans les airs après avoir été libérés des eaux de l’arctique. (Olivier Morin/AFP/Getty Images)
L’Europe, les États-Unis et le Canada réagissent

L’Union européenne (UE) vient d’ailleurs de proposer d’interdire l’utilisation de ce groupe de produits chimiques toxiques largement répandus. Même si la proposition prenait effet 18 mois après son adoption, l’interdiction pure et simple prendrait plus de temps pour certains produits.

C’est le cas des produits pour lesquels des options existent, mais qui ne sont peut-être pas techniquement et économiquement réalisables ou suffisamment disponibles. Ceux-là pourront rester sur le marché pendant cinq ans. D’autre part, les produits pour lesquels des substituts ne sont pas disponibles dans un avenir proche pourront rester sur le marché pendant 12 ans.

Il y aurait également une exception de durée illimitée pour certains « cas exceptionnels ». Malgré ces exceptions, la proposition de l’UE va au-delà des mesures prises par les États-Unis, indique The Hill qui n’a pas fixé de limites fédérales pour ces produits. L’État du Maine a néanmoins approuvé une interdiction des PFAS qui prendra effet en 2030.

De son côté, le gouvernement du Canada a annoncé la semaine dernière, par voie de communiqué, un programme d’évaluation de la présence de contaminants et de pollution par les plastiques dans les collectivités du Nord et de l’Arctique. Cela comprend des travaux de recherche scientifique portant sur les « produits chimiques éternels » ou les polluants organiques persistants et le mercure, ainsi que la pollution par les microplastiques et autres plastiques dans le Nord.

Le ministre canadien des Affaires du Nord, Dan Vandal, espère que la mise en place de ce programme de lutte contre la pollution chimique mènera à des solutions pour réduire la présence de contaminants dans les sources alimentaires locales, « y compris les aliments traditionnels récoltés dans la nature qui font partie intégrante de la culture autochtone et sécurité alimentaire dans le Nord et l’Arctique ».

Avec des informations des quotidiens The Guardian et The Hill

Ismaël Houdassine, Regard sur l'Arctique

Ismaël Houdassine est diplômé en journalisme de l’Université de Montréal. Il commence sa carrière comme reporter et journaliste culturel. Avant de rejoindre l’équipe de Radio-Canada, il a collaboré durant plusieurs années pour plusieurs médias, notamment l’Agence QMI et Le HuffPost.

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