Un déversement d’eaux polluées en Alberta provoque l’indignation aux T.N.-O.

Le site d’exploitation des sables bitumineux de Kearl, dans le nord de l’Alberta, rejette des eaux contaminées dans l’environnement depuis mai dernier. (Fournie par la Première Nation Athabasca Chipewyan/Nick Vardy)

Le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest a exprimé sa frustration, jeudi, après avoir appris que l’un des plus importants déversements d’eaux industrielles de l’histoire de l’Alberta ne lui a pas été signalé par la province, en violation d’une entente bilatérale.

Le déversement aurait été découvert en mai 2022, et aucune information provenant du gouvernement de l’Alberta ne s’est rendue au bureau du ministre de l’Environnement et des Ressources naturelles, Shane Thompson.

« On n’a rien su, je n’ai rien su », a-t-il dit, jeudi, à l’Assemblée législative.

Selon le ministre, l’information lui aurait été transmise par l’entremise d’un gouvernement autochtone, soit la Première Nation de Fort Chipewyan, qui a tenu une conférence de presse à ce sujet jeudi matin.

Shane Thompson est ministre de l’Environnement et des Ressources naturelles. (Radio-Canada/Mario De Ciccio)

Selon la Première Nation, une fuite de 5,3 millions de litres d’eaux industrielles sur une période de neuf mois a été découverte sur le site de la mine de sables bitumineux de Kearl Lake, au nord de Fort McMurray. Les eaux polluées auraient débordé des berges d’un bassin de rétention, s’écoulant dans la forêt et les zones humides adjacentes aux affluents des rivières Muskeg et Firebag, qui se jettent dans la rivière Athabasca.

Le chef de la Première Nation, Allen Adam, accuse la pétrolière Impériale, qui gère le site, d’avoir caché cette information. La compagnie a dit, dans une déclaration à La Presse canadienne, qu’elle regrettait que la communication [du déversement] n’ait pas répondu aux attentes de la Première Nation.

Violation d’une entente bilatérale

Shane Thompson, en réponse à une question du député de Hay River Sud, Rockey Simpson, a dit que, pour le moment, rien ne laisse penser que le déversement ait compromis la qualité de l’eau aux Territoires du Nord-Ouest.

Il a dit que son ministère a préparé un feuillet d’information pour les gouvernements autochtones dans la région du bassin hydrographique de l’Athabasca, dont la municipalité de Fort Smith. Une surveillance accrue de la qualité de l’eau de la rivière des Esclaves est prévue.

Shane Thompson a ajouté que l’absence de communication de la part de l’Alberta enfreignait l’entente bilatérale sur la gestion des eaux qui lie l’Alberta au territoire.

« C’est inacceptable. Nous devons être mis au courant, c’est le but de ces accords transfrontaliers », a dit Shane Thompson, qui a aussi offert ses excuses aux résidents des Territoires du Nord-Ouest pour cette faille dans le système.

« Pas un incident isolé »

Par voie de communiqué, Shane Thompson a dit qu’il avait demandé une rencontre avec son homologue albertaine, Sonya Savage. Son ministère va également prendre des mesures de résolution des différends prévues par l’entente transfrontalière.

« Ce manque de transparence et de partage de l’information de la part de nos partenaires albertains n’est pas un incident isolé, ce qui exacerbe notre frustration dans cette affaire », indiquait le communiqué.

De son côté, un porte-parole du ministère de l’Environnement et des Aires protégées de l’Alberta a déclaré, par écrit, qu’il était au courant que le Régulateur de l’énergie de l’Alberta a délivré des ordonnances d’infraction en lien avec deux incidents distincts de fuite de bassin de rétention et de débordement sur le site Kearl de l’Impériale.

Shane Thompson a expliqué que ce manque de transparence survient alors que l’Alberta « élabore une réglementation permettant le rejet dans l’environnement des effluents de résidus de sables bitumineux traités et demande aux Territoires du Nord-Ouest de lui accorder leur confiance et de faire preuve de coopération.»

Cette réglementation a déjà suscité de la controverse aux Territoires du Nord-Ouest.

« Il va sans dire que les gouvernements autochtones, les dirigeants des collectivités et notre propre gouvernement ont été ébranlés par ce manque de transparence », a écrit le ministre Thompson.

« Cet événement ne fait que souligner notre position : le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest n’appuiera pas le rejet d’effluents de résidus de sables bitumineux à moins que des données scientifiques rigoureuses ne prouvent qu’on peut le faire en toute sécurité, et à moins que les dispositions relatives au partage de l’information et aux interventions d’urgence prévues dans notre entente soient respectées.»

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