Dans le Grand Nord canadien, pas d’accusation portée après la mort d’une femme en détention à Puvirnituq

La femme était seule dans la cellule au moment de son décès et les policiers n’ont pas contrevenu à leurs obligations, selon le Directeur des poursuites criminelles et pénales. (Olivier Plante/Archives/Radio-Canada)
Aucune accusation ne sera portée contre le Service de police du Nunavik après la mort d’une femme en détention à Puvirnituq en septembre 2022 qui avait mené au déclenchement d’une enquête du Bureau des enquêtes indépendantes (BEI).

L’analyse de la preuve ne révèle aucune infraction criminelle liée à la mort de la victime, selon le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP). Le rapport d’autopsie conclut que la femme est décédée à la suite d’une asphyxie causée par des vomissements alors qu’elle était en état d’ébriété.

Retour en arrière

La décision du DPCP a permis de mettre en contexte l’arrestation et le décès de cette femme, dont on ne connaît pas l’identité.

La soirée du 30 septembre 2022, les policiers sont appelés au magasin général coop de Puvirnituq concernant une dispute entre deux personnes.

La victime est alors arrêtée pour ivresse sur la voie publique. Selon les policiers, il s’agit du quatrième appel la concernant cette journée-là. Vers 17 h 35, elle est amenée au poste de police de Puvirnituq et placée en détention dans une cellule pour lui permettre de dégriser.

La victime était en état d’ébriété, mais consciente lors de son transport au poste de police de Puvirnituq selon l’enquête. (Olivier Plante/Archives/Radio-Canada)

Un gardien vérifie régulièrement son état de santé à travers la porte et observe ses mouvements grâce à une caméra de surveillance. Vers 19 h 15, l’agent vérifie à nouveau son état de santé et constate qu’elle ne semble plus respirer. Les policiers accourent pour lui prêter assistance, mais son décès est constaté à l’hôpital quelques minutes plus tard.

Une pratique de dernier recours

Pour le directeur adjoint aux opérations du Service de police du Nunavik, Jean-François Morin, cette situation désolante était malheureusement presque inévitable. Le policier, qui cumule plusieurs années de service à Puvirnituq, dit très bien connaître la victime. « C’est quelqu’un pour qui j’avais beaucoup de respect », se désole-t-il.

« Malheureusement, si elle avait été ramenée chez elle plutôt qu’en cellule, le résultat aurait probablement été le même », ajoute Jean-François Morin.

Le choix de détenir en cellules des personnes en état d’ébriété sur la voie publique reste, selon lui, une pratique de dernier recours, lorsque toutes les autres options ont été évaluées. Les communautés manquent toutefois de ressources intermédiaires pour les accueillir et éviter la détention.

La consommation d’alcool et de drogues demeure malheureusement un enjeu important de santé publique dans la région. (Sarah Bergeron/Archives/Radio-Canada)

« Ça fait des années qu’on déplore ça […] Ça fait en sorte que les cellules de poste de police deviennent par défaut des endroits choisis dans des situations qui, au sud, ne se produisent pas », explique Jean-François Morin.

Les températures très froides de la région poussent aussi les policiers à devoir réaliser de nombreuses interventions préventives de ce genre pour s’assurer que personne ne soit en danger d’hypothermie sur la voie publique.

L’événement tragique de septembre dernier a toutefois poussé le Service de police du Nunavik à revoir la procédure de détention. Un officier est maintenant en poste chaque soir pour s’assurer de la validité de la détention et tenter de réduire les risques qu’une situation de ce type se reproduise.

Félix Lebel, Radio-Canada

Journaliste à Sept-Îles

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