Dans le Grand Nord canadien, un aîné de 79 ans participe à une expédition en motoneige

Le grand chef du Conseil tribal des Gwich’in, Ken Kyikavichik, à droite, avec son oncle Ernest Vittrekwa, 79 ans. (Ken Kyikavichik)
La semaine dernière, un groupe d’environ 20 personnes a fait le chemin en motoneige de Fort McPherson, aux Territoires du Nord-Ouest, à Old Crow, au Yukon. Parmi eux, des jeunes, mais aussi des aînés, comme Ernest Vittrekwa, 79 ans, qui connaît bien ce chemin.

« Une fois que vous avez franchi la montagne, tout va bien. Mais vous devez toujours être prêt, raconte l’aîné qui a également fait le chemin en raquettes par le passé entre les deux communautés reculées. Un trajet de quatre jours », se souvient-il.

L’itinéraire entre Fort McPherson et Old Crow a une longue histoire chez les Gwich’in, et les deux communautés séparées de 200 kilomètres partagent de profonds liens historiques et familiaux. Il n’existe aucun chemin facile pour conduire, ou voler, entre les deux. Les deux communautés sont au-dessus du cercle polaire arctique et il n’y a pas de route menant à Old Crow.

Un groupe d’environ 20 personnes a fait le voyage terrestre en motoneige depuis Fort McPherson, aux Territoires du Nord-Ouest, à Old Crow, au Yukon. C’est une tradition annuelle qui maintient des liens entre les 2 communautés. (Ken Kyikavichik)

Dans les années 1970 et 1980, le chemin n’était plus vraiment utilisé. Mais dans les années 1990, le chef Johnny D. Charlie a décidé de réhabiliter ce trajet pour que les sentiers traditionnels ne soient pas perdus. Des dizaines de personnes l’avaient alors accompagné. Une tradition annuelle était née, du nom de Charlie.

« À chaque fois que nous faisons le voyage, c’est en sa mémoire », mentionne le grand chef du Conseil tribal des Gwich’in, Ken Kyikavichik, qui est aussi le neveu d’Ernest Vittrekwa.

C’était la première participation de Ken Kyikavichik. « Pour être honnête, c’était un peu décevant de devoir revenir. »

On semble plus actif. Manger mieux et dormir dans une tente, et pouvoir avoir ces discussions et rires, c’était vraiment spécial. Et chaque jour semblait être une aventure.Ken Kyikavichik, grand chef du Conseil tribal des Gwich'in
Apprendre les connaissances traditionnelles sur le territoire

En dehors d’une panne mécanique, le groupe n’a pas vraiment rencontré de difficulté sur le trajet. La météo était de la partie et leur a permis de profiter des paysages. Le groupe a même été rejoint par un autre de l’Université du Yukon qui participait à un nouveau programme pour les gardiens du territoire.

L’une des participantes de ce groupe, Donna Wolfe, de la Première Nation Carcross/Tagish, dit qu’elle a beaucoup appris. « C’était magnifique […] J’ai vraiment beaucoup, beaucoup, aimé ce voyage, ma première visite à Old Crow. »

Elle ajoute que le trajet a mis en valeur les connaissances traditionnelles autochtones et la science occidentale, ce qui l’a profondément marquée.

Cela m’a vraiment, vraiment, ouvert les yeux. C’était magnifique. Avoir des scientifiques et des Autochtones travaillant ensemble, ça m’a rendue très heureuse parce que ce ne sont pas seulement des gens du bush, ce sont les gens de la ville.Donna Wolfe de la Première Nation Carcross/Tagish
Lors du voyage annuel, en 2023, les participants ont préparé de la viande de caribou. (Ken Kyikavichik)

Ken Kyikavichik affirme avoir été ému de voir les participants apprendre et pratiquer des compétences traditionnelles sur le territoire. « Voir nos jeunes, dont certains âgés de 13 ou 14 ans, récolter et préparer la viande de caribou était tout simplement inspirant. »

Voyager avec son oncle a également été très spécial pour lui. Le voir toujours capable de faire ce voyage à 79 ans était vraiment impressionnant.

Ken Kyikavichik raconte avoir entendu à de nombreuses reprises des aînés qui aimeraient aller sur le territoire, mais leurs corps ne le permettent plus. Ernest Vittrekwa envisage quant à lui de faire le prochain voyage en 2024. « Ils pensent que je suis trop vieux, mais je leur dis que non, c’est n’importe quoi! »

« Simplement, faites-le, si vous en êtes capable, et pendant que vous avez votre bon sens. C’est ce que j’ai fait toute ma vie. »

Avec les informations de Lawrence Nayally et Leonard Linklater

Radio-Canada

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