Des minières au stade de l’exploration ont les yeux rivés vers le Nord

La compagnie Aston Bay Holdings explore notamment un secteur dans le nord du Nunavut à la recherche de minéraux, comme cette malachite, un minéral de cuivre. (Aston Bay Holdings Ltd.)

Comme la transition écologique s’accompagne d’une demande accrue en minéraux, des sociétés minières juniors voient de plus en plus de potentiel d’exploration dans le nord du Canada. Les défis sont toutefois de taille pour séduire les investisseurs et redorer le blason de l’industrie.

Pour Andrew Carne, vice-président de l’expansion de Cascadia Minerals et vice-président de la Chambre de commerce du Yukon, il n’y a aucun doute, à l’heure actuelle, que « les occasions pour l’industrie minière sont énormes, surtout le Nord ».

Sa compagnie a lancé ses opérations en juillet dernier et travaille sur quatre projets d’explorations, principalement au Yukon. Les métaux recherchés : du cuivre et de l’or, explique Andrew Carne, de passage à Vancouver, au rassemblement annuel de l’industrie, AME Roundup.

Des provinces comme l’Ontario ou la Colombie-Britannique ont historiquement été des points de concentration d’exploration minière, dit-il, mais désormais, les territoires canadiens offrent un « immense potentiel géologique que l’on commence à peine à débloquer ».

En 2021, Ottawa a établi une liste de minéraux critiques considérés comme essentiels à la réussite économique durable du pays, parmi lesquels on retrouve le cuivre, le cobalt et le zinc, ainsi que les éléments de terres rares.

Si le secteur minier peut être considéré comme étant incompatible avec une économie durable, Andrew Carne estime qu’au contraire, il s’inscrit dans la lutte pour combattre le réchauffement climatique, car il produit des minéraux nécessaires à la transition écologique.

Les dégâts environnementaux causés par l’industrie continuent de créer la discorde, comme la mine Tulsequah Chief, dans le nord de la Colombie-Britannique. Des déversements d’acide et de produits chimiques se produisent, encore aujourd’hui, même si elle n’est plus en activité depuis 1957, et se rendent jusqu’à Juneau, en Alaska.

Une mine abandonnée sur les rives de la rivière Tulsequah, en Colombie-Britannique. (Chris Miller)

« Je sais que c’est facile de se concentrer sur les erreurs du passé, mais on est vraiment dans une nouvelle ère dans la manière dont les opérations minières sont effectuées, avec des standards environnementaux très hauts et en partenariat [entre les territoires, le fédéral et les Premières Nations] », maintient Andrew Carne.

Un besoin, dit l’industrie

Pour Dave O’Brien, PDG de Stuhini Exploration, il existe une « déconnexion » dans la société entre la volonté de la population d’avoir un monde plus vert et l’opposition à l’industrie minière.

Si vous voulez un futur vert, vous avez besoin de métaux. Vous ne pouvez pas conduire une voiture électrique et dire que c’est mauvais de miner. Elles ont besoin de six fois plus de métaux [qu’une voiture conventionnelle].

Dave O’Brien, président-directeur général de la société d’exploration minière Stuhini Exploration

Tom Ullrich, président-directeur général de la compagnie Aston Bay Holdings, estime de son côté que les gains de la société grâce à cette industrie sont tels qu’ils compensent les risques. « Tout ce qui est autour de nous vient d’une mine ou a été fabriqué par des outils qui viennent d’une mine. Nous n’aurions pas la société d’aujourd’hui sans cette industrie. »

« Tout ce que l’on fait à un impact. Notre présence, en tant qu’humain, a un impact. Le minage a un impact. Alors, on doit le reconnaître et mitiger ces impacts. »

Des échantillons de cuivre retrouvés au Nunavut par la compagnie Aston Bay Holdings. (Radio-Canada/Chloé Dioré de Périgny)

Un pari risqué

Obtenir du financement en tant que compagnie junior d’exploration minière est toutefois une tâche difficile, car l’investissement est risqué, déplore Dave O’Brien, PDG de Stuhini Exploration, une entreprise d’exploration minière dont l’un des projets se trouve à Atlin, en Colombie-Britannique, près de la frontière avec le Yukon.

Même son de cloche pour Tom Ullrich. « On a peut-être un site potentiel sur 100 qui va de l’avant, et parmi eux, une portion seulement deviendra vraiment une mine. Les activités ne créent pas de revenu avant que des minéraux soient trouvés, ce qui est loin d’être garanti », ajoute-t-il.

Opérer dans le Nord peut aussi représenter des défis particuliers en matière d’infrastructures et de coûts de déplacement. Aston Bay Holdings explore une zone très éloignée dans le nord du Nunavut, où un petit camp est installé et tout doit être apporté par avion, indique Tom Ullrich.

« C’est cyclique. C’est un vrai défi. Quand tout va bien, les investisseurs sont contents, mais quand cela ne va pas bien, ce n’est pas le cas […] Les gens doivent réaliser qu’on a besoin de ces produits, nous devrions nous concentrer sur le long terme, plutôt que sur cette volatilité », affirme Dave O’Brien.

« Notre jour viendra. Je l’appelle « le réveil” et je ne pense pas que ce soit trop lointain », croit fermement Dave O’Brien.

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Chloé Dioré de Périgny, Radio-Canada

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